La différence entre pédophile et homosexuel n’est pas bien assimilée par le nouveau maire de Trois-Bassins, Roland Ramakistin. En cause, les « activités » de la Souris Chaude (située à quelques encablures), haut lieu de l’homosexualité et de l’échangisme.
Le 11 juin dernier, sur les ondes de Radio Réunion, un maire réunionnais promettait de « nettoyer », « avec les forces de l’ordre et les gaz lacrymogènes, s’il le faut », la Souris Chaude, haut lieu de rencontres homosexuelles. La théorie du kärcher débarque sur l’île et les amalgames fusent. Roland Ramakistin, 57 ans, fraîchement élu maire des Trois Bassins et du canton du même nom, s’appuie sur des « rumeurs persistantes », qui lui sont « régulièrement remontées ». En effet « drogues dures et pédophilie » font de la Souris chaude « la risée du département ». Ancien mauvais chanteur de « Bon Dieu, l’amour y fé mal », Ramakistin a changé de répertoire. Il semble bien avoir été gagné par cette tradition religieuse de défiance envers les homosexuels. Mais rassurons-nous, il garde tout son amour pour les jeunes filles.
Si des seringues ont bien été repérées l’an dernier par des journalistes du Journal de l’île de la Réunion, les interventions policières sont quasi-inexistantes. Quant aux affaires de pédophilie, aucune enquête n’a été ouverte. Les seuls à se plaindre sont les naturistes qui fréquentent la plage et qui subissent régulièrement des contrôles d’identité par les gendarmes. D’un côté, c’est difficile d’avoir ses papiers sur soi quand on est nu. Mais d’un autre, les contrôles sont plus agréables dans cette zone pour les gendarmes. Cqfd.
Suite de l’affaire le lundi 16 juin. Ramakistin essaie calmer le jeu mais s’enfonce. « Ce que j’ai dit à la radio, je l’ai fait sous forme de boutade. Mais à aucun moment je n’ai parlé de gazer les naturistes. Les pratiques indignes de la nature humaine, je ne les accepterai jamais sur mon territoire ». Bonne blague, d’où un applaudissement général de l’assemblée. Guerre ouverte avec les gays ? Qui sait… Selon une source locale contactée par Bakchich, « il faut aussi savoir que la population de Trois-Bassins est très croyante et très pratiquante, il a peut être donc cédé à des pressions de ses administrés. » À moins que sa propre dévotion ne soit supérieure ?
On aurait tort de cantonner l’affaire à la seule religion. C’est ce que suggère en tout cas l’élu vert Christophe Pomez. [1], membre du groupe des élus Verts au conseil intercommunal du TCO (Territoire de la Côte Ouest). Lors de cette même assemblée, il attaque frontalement Monsieur Ramakistin en l’appelant « à ne pas confondre » pédophilie et homosexualité et en craignant qu’il « agite des peurs pour faire passer d’autres projets inavoués »Il est vrai que des aménagements sont déjà en cours au nord de la zone : éclairages, points d’eau, bancs, etc… mais pas encore de constructions ni de commerces.
Point d’inquiétude, d’autres projets vont bon train : prospection sur des terrains proches de la montagne, aménagement de routes nationales et revendication d’une connexion avec la future route des Tamarins (véritable artère de l’île). Le mois dernier, Ramakistin précisait qu’« aujourd’hui, il nous semble intéressant de développer un projet, éventuellement hôtelier, mais différent de ce qui se fait de part et d’autre » Faire place aux touristes et pourquoi pas à la Souris Chaude. « Des discussions sont en cours » selon le maire mais la procédure n’est pas simple puisque le terrain appartient au Conservatoire du littoral [2] Difficile perspective de compromission. La Souris chaude n’est pas près de se refroidir.
Mais les habitants des Trois-Bassins peuvent se rassurer, le maire tient à préserver « la beauté des lieux ». Justement, de plus en plus de Réunionnais en doutent. L’île, très touchée par un développement sans précédent depuis une dizaine d’années, accumule des projets aux conséquences tragiques pour l’harmonie des paysages. Les montages financiers prennent souvent la forme de SEM (Société d’Economie Mixte). Signe d’abus, des édiles trop gourmands se font pincer. Rien d’autre que les joies du développement finalement. Déviance bien connue en métropole. Aux Trois Bassins, un projet de SEM est justement à l’étude pour « combler la rupture entre La Saline les bains et Saint-Leu », 10 km de distance. 10 km à faire fructifier. La Souris Chaude pourrait faire partie de ce projet. Option affichée par le maire, selon le journaliste Christophe Tézier, un autre guide moral des Trois-bassins. « Plus proche de Crapouillot [3] selon un journaliste du cru que de Mère Théréza ». Voir ci-dessous.
« Oui » selon l’association française Tjembé Rèd, qui s’occupe des droits des homosexuels expatriés dans les Dom-Tom et en Afrique. Affirmation reprise aussi par le magazine Têtu. En fait, c’est surtout le titre d’un article paru à la suite des déclarations radiophoniques du maire qui fait réagir : « Sous les dépravés, la plage ». Pour L’asso, « le journal assimile les homosexuels à des dépravés ». À coups de communiqués, Tjembé Rèd rentre en campagne et fait feu de tout bois. Finalement, l’article réunionnais est en lui-même assez pondéré et met en cause, il est vrai prudemment, les propos du maire. De fait, le titre n’a pas été choisi par son auteur. Et si l’on assure que c’est juste un mauvais jeu de mots, le terme « dépravé » est repris dans une tribune de Christophe Tézier, directeur de la rédaction, le 12 juin dernier. Direct, le bonhomme lâche les lions, « Faut-il “assainir” la Souris-Chaude une bonne fois pour toutes comme le réclame le nouveau maire de Trois-Bassins ? Ou au contraire laisser les dépravés en devenir propriétaires ? » Les gays sont aussi des débauchés, heureusement il y a Ramakistin : « Reste l’option défendue par le maire : urbaniser le site, dans le prolongement de la Saline. Succès garanti : la faune déguerpira d’un site kärchérisé au béton. Mais que de dégâts alors sur une côte déjà bien abîmée par l’urbanisation pour une poignée de débauchés. Sans vouloir la tenir, le jeu en vaut-il la chandelle ? ».
[1] Christophe Pomez rappelé à l’ordre par sa direction qui lui a reproché d’avoir pris la parole sans concertation.
[2] une entité en charge de protéger des espaces naturels en métropole et en Outre-mer. Le Conseil général est gestionnaire du lieu mais demeure sous la coupe de l’UMP.
[3] journal satirique qui à partir de 1967 déverse dans le Tout-pourris, s’en prenant notamment aux homosexuels
Vous connaissez la fin de ce Clochemerle créole ? Comme la plage des Salins à Hyères (Var), qui faisait depuis près de 40 ans l’objet d’un arrêté la vouant au naturisme (parce qu’elle était difficile d’accès), la Souris chaude sera bientôt une plage "normale", même si les familles n’iront jamais parce qu’il n’y a pas de lagon.
Même à la Réunion, la France reste le "Pays des Libertés" (et aussi la Fille ainée de l’Eglise). Là aussi, il doit bien y avoir des projets de bétonnage dans les cartons. Ha ! L’amour y fé mal ! Cet auteur-compositeur de talent serait-il un connaisseur ?
bein c’est pas difficile je croit qu’il faudrait carrement interdire les plage nudiste, bientot on ne pourra plus aller en famille avec nos enfants sans voir une paire de boulle, ou une chatte toute grisonnante, deja qu’il n’y a que ca à la télé si en plus on est obligée de voir des gens se toucher la b…., je suis désolé mais trop de liberté tue la liberté, il ya des chose que les gens peuvent faire chez eux en tout discretion sans aller a la plage !
je croie que la plage est un endroit publique et elle doit le rester !