La relique barbare, selon l’expression célèbre de Keynes, promise aux yeux du grand économiste à une disparition rapide, est plus présente que jamais.
Les cours de l’or montent, 1100$ l’once et ceux qui annonçaient il y a six mois une chute rapide vers 600$ sont désormais les premiers à anticiper 1500$. Tout le monde y va de son explication mais la plus simple est la fuite qui est en train de se mettre en place face au dollar.
Les Asiatiques sont au premier rang de l’opération. Le FMI, conformément aux exigences des Américains, a commencé une série de vente de son dont l’objectif est de procurer des fonds pour venir en aide aux pays en difficulté. A peine l’adjudication a-t-elle été ouverte que la banque centrale d’Inde a soumissionné pour l’ensemble du lot…
La banque centrale chinoise achète elle sur les marchés. Dans ses tractations avec la Russie, la Chine a d’ailleurs clairement indiqué qu’elle ne souhaitait plus utiliser le dollar. Pékin a prêté des dollars à Moscou en difficulté mais a demandé que le remboursement se fasse partie en or, partie en pétrole, le contrat spécifiant la quantité physique de ces deux matières à livrer à la Chine.
En Europe, point une certaine angoisse. En 2008, la banque de Chine avait essayé de forcer la main à la BCE en achetant sur le marché des changes tous les euros disponibles, avec comme résultat une montée spectaculaire du taux de change euro/dollar. Tant que l’or permet de satisfaire les détenteurs de capitaux asiatiques, tout va bien. Les Européens profitent du répit pour demander régulièrement aux Américains de remonter leurs taux d’intérêt afin de rendre le dollar plus attractif. Sans succès. Le patron de la Fed Bernanke, se borne à décrire que sa politique monétaire des six prochains mois sera conforme aux nécessités du moment. Et qu’il en changera en temps voulu…
Pas de quoi rassurer les opérateurs !! En France, dans les salles de marché, le fantôme de Raymond Barre ressurgit :,le prix de l’once d’or doit être égal à dix fois celui du baril de pétrole. Bref, le prix du pétrole va repartir rapidement les 100$. Heureusement, les spéculateurs internationaux sur les matières premières n’ont jamais entendu parler de Raymond Barre et pour le moment, ils accompagnent la soif asiatique d’or en achetant pour faire monter les prix. Accessoirement, d’autres prix montent, la dernière bulle à la mode étant la bulle « petit déjeuner » : le thé, le café , le jus d’orange ont vu leur prix prendre plus de 50% depuis janvier.
Heureusement que même chez les riches, les cuillères ne sont pas en or, mais en argent….