« Où cours-tu Michel ? » Michel est militant CGT, et militer c’est sa vie. Mais pourquoi ? La question revient, en boucle, dans ce livre qui invite à réfléchir sur les raisons d’une colère. C’est un livre sur l’engagement militant, un livre sans solution, un livre en émotion. Ecrit par Isabelle Langerome, fraîchement paru aux éditions de l’Atelier.
La question revient en boucle, comme un doute existentiel. Pourquoi milites-tu Michel ? Pourquoi as-tu la foi ? Pourquoi ne l’as-tu pas perdue ? Qu’est-ce qui te fait courir ? Qu’est ce qui fait que tu te lèves le matin ?
Les réponses s’enchaînent, hétéroclites, joyeuses ou tristes. Tellement humaines. Parce qu’il y a l’amitié, les camarades de travail, la solidarité. Parce que les manifestations sont des fêtes, où l’on se réchauffe, où l’on se rencontre. Parce qu’on a envie de changer la société. Parce que l’Internationale chantée par cent personnes donne la chair de poule. Parce que Michel n’a « pas peur de se faire mal ». Parce que Michel a le sens de la collectivité et de l’histoire. En effet, les lieux de mémoire se succèdent. L’enfance avec la chambre, l’école, le vélo, les premiers amours. Mais aussi les grands-parents, les parents et la fratrie. Dans Paris, où l’on se promène à pieds, ou en transport en commun, la Commune n’est jamais loin, avec Louise Michel et le mur des fédérés.
Le lecteur suit ce militant dans son engagement quotidien. Son travail dans l’entreprise, la rencontre avec les salariés, sa permanence à la Bourse du travail. Chaque jour, il aide, soutient, accompagne des salariés licenciés, les femmes harcelées par leur supérieur hiérarchique, ou plus simplement un jeune homme à la recherche d’un logement.
Le doute sur la pertinence de son engagement est toujours là. Est-ce ainsi qu’il doit s’y prendre pour faire de ce monde un monde meilleur ? Et la réponse aux problèmes auxquels sont confrontées les personnes qu’il défend, jamais définitive.
Michel se laisse aller à la confidence. « En priorité, je mets quand même la satisfaction familiale, puis la réussite syndicale ». Isabelle Langemore ne nous évite ni la mort, ni les morts et les cimetières. Lieux de mémoire ou de recueillement. Amours, amitiés… et un détail, Michel aime le vélo. Personne n’est parfait. Ce n’est pas un roman, mais l’ouvrage se lit tout comme.