Le dessinateur Jean-Pierre Gibrat fête à sa manière les 90 ans de la guerre de 14-18 avec un album saisissant, « Mattéo ». Une nouvelle série sur les conflits du XXème siècle
Jaurès assassiné. « Ils mobilisent ! ». Des trains en partance pour Verdun. La guerre de 14-18, celle qui devait être la « der’ des ders’ », a commencé plus ou moins comme ça. Sauf pour Mattéo, fils d’un pacifico-anarchiste espagnol réfugié, avec sa mère, dans un petit village du sud de la France. Plus intéressé par la peinture de la barque familiale et surtout par sa belle Juliette, il refuse de s’engager et laisse partir son vieux copain Paulin dans l’enfer des tranchés. Lui n’en sera pas, enfin c’est ce qu’il croit… Devant les « planqué ! » qui fusent et les remarques acerbes de sa fiancé, pleine d’admiration pour ceux « partis se battre », Mattéo cède et épouse l’uniforme, au grand dam de sa mère.
Passé chez Futuropolis, Jean-Pierre Gibrat n’a rien perdu de son talent depuis le Sursis et le Vol du Corbeau, ses derniers succès de librairie. Si les personnages de chacune des séries ont parfois tendance à se ressembler, peut-être un peu trop, les dialogues restent à la hauteur de cet artiste à tout-faire : scénariste, dessinateur et coloriste. Contre vents et marées informatiques, Gibrat persiste dans le fait maison. Dans son atelier de Normandie, il planche déjà sur le deuxième épisode qui entraînera Mattéo, ex-poilu, dans les tourments de la guerre d’Espagne. Il n’assistera pas à l’armistice de Rethondes, signée un 11 novembre 1918.
Mais comme souvent dans les histoires de Gibrat, amour et guerre ne font pas bon ménage. La longue absence de Mattéo égare Juliette dans les bras d’un autre. Quant à la guerre, ce ne sera décidément pas la « der’ des ders’ » pour notre Don Juan.
Jean-Pierre Gibrat fait là un travail de pionnier !
La guerre 14-18 ? Quel courage ! Un sujet tabou dont on n’a jamais parlé ou qui n’a jamais été dessiné.
On sent tout de suite l’Artiste engagé qui prend des risques.
Il aurait pu travailler sur un sujet brûlant et qui divise, comme l’Irak ou l’Afghanistan, mais ce serait trop facile pour lui…
D’abord 14-18, puis ce sera Marathon.
Bravo l’Artiste ! Complètement en phase avec son époque !