George Bush peut quitter le pouvoir, la conscience tranquille. La relève est assurée en la personne de notre Premier ministre himself, François Fillon.
Lundi 1er septembre, sur l’antenne d’Europe 1. Invité par l’inénarrable Jean-Pierre Elkabbach, François Fillon aborde les thèmes qui font l’actualité : pouvoir d’achat, ISF, RSA, Europe, Géorgie, etc…. L’intrépide Elkabbach, dont on connaît la dimension subversive, l’interroge sur le sujet qui fâche : les raisons de l’engagement militaire français en Afghanistan. Le Premier ministre lâche le fond de sa pensée, pour la première fois :
« le conflit va durer, parce que les causes de ce conflit sont très profondes (…) C’est l’opposition entre le monde musulman et une grande partie du reste de la planète, c’est le conflit israélo-palestinien, c’est les déséquilibres économiques et sociaux qui règnent dans le monde ».
Good boy ! Les néo-conservateurs américains peuvent être fiers de toi, François : il en a fallu, de l’audace, pour assimiler « le monde musulman » aux talibans, insinuant au passage que le problème, ce n’est pas tant ces extrémistes tapis dans les grottes afghanes que l’ensemble d’un milliard et demi d’individus, avec qui, au fond, tout nous « oppose ».
Brillant analyste géopolitique, le second couteau de Sarkozy poursuit et s’envole en appliquant une grille de lecture religieuse au conflit israélo-palestinien qu’il rapproche, évidemment, de la guerre en Afghanistan. Kaboul ou Jérusalem, c’est kif-kif bourricot : tout cela, c’est bien connu, ma p’tite dame, c’est la faute à la religion islamique.
Commise le premier jour du ramadan, la saillie de Fillon est pourtant passée inaperçue : les politiques se focalisaient sur l’université d’été du PS tandis que les éditorialistes étaient sans doute trop occupés à couvrir la rentrée scolaire, peser les cartables ou « enquêter » sur le ventre de Rachida Dati…
5 millions de Français musulmans peuvent dire un grand merci au Premier ministre et faire preuve de gratitude. Être assimilés, par association, aux talibans et finir pointés du doigt comme des « opposants » potentiels avec le « reste de la planète » dont, ipso facto, leur propre pays, la France : ça, c’est une politique d’intégration innovante et courageuse !
Depuis l’embuscade qui avait causé la mort de dix militaires français, le talibans étaient revenus brutalement dans l’actualité : des « résistants » pour leurs sympathisants, des « insurgés » pour les parties neutres, des « terroristes » pour l’Otan, des « nazis » pour Sarkozy et, désormais, joyau suprême de l‘analogie, l’incarnation du « monde musulman » pour Fillon.
Égarement sémantique d’un Fillon encore endolori du dos, volonté de se démarquer, plus à droite, du big boss Sarko ou lapsus islamophobe ?
Quoiqu’il en soit, cette remarque du chef du gouvernement fera, à ne pas en douter, chaud au cœur à ces quelques soldats français envoyés en Afghanistan dont la particularité, redoutable aux yeux de Fillon, est précisément d’être musulman.
C’était, c’est, et ce sera toujours le Bon Filon. Conservateur intégriste, notaire avec cravate, famille travail patrie.
On a vu s’amorcer le virage en 2002, avec Iznogoud Raffarin, le dodu mais dynamique prêcheur de la fransse d’en haut. Le Klan le Klan de la Haine Ordinaire…