A l’UMP, comme dans le reste de la classe politique, mais aussi dans les médias et chez nos intellos, surtout à la droite du père Sarko, « le mérite » est devenu la vertu cardinale.
« Je crois aux vertus du travail, du mérite, de la récompense et de l’effort », annonçait Sarkozy en janvier 2007 lors de sa déclaration de candidature. Soyez méritants, faites des études, ayez des diplômes, retroussez-vous les manches, Sarko reconnaîtra les siens, c’est en substance le discours que tiennent les sarkozystes surtout à l’adresse… des pauvres. Pour les autres, c’est autre chose. Le nom de famille y fait beaucoup. Et le conseiller général du Bois de Boulogne Jean Sarkozy n’est pas le seul de la bande à profiter de son patronyme. Même s’il lui procure quelques avantages : désormais, le nouveau responsable de l’UMP de Neuilly reçoit la visite mensuelle d’un ministre. Aucun ne s’est fait prier pour venir faire un petit coucou aux militants chers au cœur de papa. Après Xavier Bertrand et Rama Yade, on attend Rachida Dati. François Fillon, lui, fait la tête.
« Je peux espérer la visite d’une personnalité une ou deux fois dans l’année. Et encore, il faut que je les supplie », persifle un voisin, mal né, de Jean Sarkozy.
Parmi les « fils de … », Julien Kouchner, qui n’est pas l’enfant de Christine Ockrent, dirige le site Internet des achats publics, un établissement public industriel et commercial (EPIC) et créé par entre autres la Caisse des dépôts.
François Guéant, lui, est une énigme pour ses compagnons militants de l’UMP. Son père est généralement décrit, par la presse, comme un bon serviteur de l’Etat. Ce qui n’empêche pas de rendre aussi des services à son rejeton. Car, à l’UMP, on doute que les fonctions de François Guéant soient seulement dues à ces qualités.
En charge des victimes au sein du cabinet de Rachida Dati, il y restera le temps qu’on s’aperçoive « qu’il ne fait pas l’affaire » dit-on Place Vendôme. Parachuté en Bretagne où son père fut Préfet, il a réalisé le plus mauvais score de la droite depuis 50 ans aux dernières cantonales, comme Bakchich l’a déjà raconté. Qu’à cela ne tienne, François Guéant a été nommé le 18 avril dernier, conseiller chargé des relations avec les élus locaux au sein du cabinet d’Alain Marleix, le secrétaire d’Etat à l’Intérieur et aux collectivités territoriales.
Tentant programme pour une nouvelle nuit du 4 août !
A l’instar des Poniatowski, Debré, Dassault, d’Ornano, Missoffe-Panafieu, Bachelot (le fils a intégré le cabinet de sa mère, ministre de la Jeunesse et des sports !), etc., Alain Marleix, ancien du cabinet Pasqua et soutien d’Edouard Balladur en 1995 est, lui aussi, en train de créer une dynastie politique. Ainsi l’épouse du sous-ministre, Evelyne est maire dans le canton où fut élu son mari pour la première fois. Olivier, l’un de leurs enfants, ancien membre de cabinet du président du Conseil général d’Eure-et-Loir, est aujourd’hui conseiller technique sur les questions sociales à l’Élysée. Il est également conseiller général d’Anet dans l’Eure-et-Loir. On lui prête des ambitions pour le Palais Bourbon. Les Marleix essaiment aussi dans les Hauts-de-Seine. Philippe Juvin, médecin, est vice-président du Conseil Général et maire de la Garenne-Colombes où sa sœur Isabelle Juvin Marleix est adjointe au maire. Peut-être les Marleix rééditeront les exploits des Barrot, père et fils. Ainsi Noël et Jacques Barrot, actuellement commissaire européen, détinrent leur circonscription de 1945 à 2004.
Dans la réforme constitutionnelle, rien n’est prévu contre le cumul des mandats dynastiques. Et pour cause !
Dans les Hauts-de-Seine comme dans les Alpes-Maritimes, la politique se fait depuis longtemps, en famille. Sarkozy, Balkany, Devedjian, Schostek, Fourcade etc. On en oublie ! Est-ce un hasard si Nicolas Sarkozy a épousé en première noce la nièce du maire de Neuilly, Achille Péretti, lorsqu’il a commencé en politique. Péretti à qui il rendra hommage lors de son discours d’investiture à l’élection présidentielle. Louis-Charles Barry, son successeur immédiat à la mairie de Neuilly, a lui aussi le sens de la famille. C’est chez son voisin d’Asnières Manuel Aeschlimann, longtemps Premier des sarkozystes, et multi mis en examen, que ses enfants ont trouvé à s’occuper. Fabienne et Antoine ont tenu les rênes de la mairie contre vents et marée. En vain, Manuel Aeschlimann a été battu lors des dernières municipales.
Dans les Alpes-Maritimes, Charles Ginesy, sénateur UMP et président du conseil général a longtemps fait la pluie et le beau temps. Christian Estrosi l’a bien compris. Il prend le fils, Charles-Ange Ginesy comme suppléant, celui-ci entre à l’Assemblée nationale quand Estrosi devient ministre. Aujourd’hui maire de Nice, Estrosi sera élu député dans quelques jours. Il est aussi président du conseil général mais il devra abandonner son mandat à cause de la règle du non-cumul et c’est Charles-Ange Ginesy qui héritera du conseil général, ce dernier avait déjà hérité du canton de son père qui se retira à 81 ans ! Estrosi est altruiste, il n’a pas oublié de nommer son épouse Dominique, adjointe au maire de Nice.
« Des femmes de… », en veux-tu en voilà même parmi les jeunes hommes politiques qui souvent veulent changer la « manière de faire de la politique ». Ainsi Jean-Christophe Lagarde, député-maire Nouveau Centre, élu de Seine-Saint-Denis, a choisi de désigner sa femme comme adjointe et aussi conseillère régionale Ile-de-France. Elle a gardé son nom de jeune fille, Aude Lavail, au moins ça ne se voit pas !
C’est toujours ça de pris aux plus méritants. Pour ceux qui croient « aux vertus du travail, du mérite, de la récompense et de l’effort », voilà quelques raisons d’organiser une nouvelle nuit du 4 août !