Pour financer son Plan Banlieue annoncé le 8 février, la secrétaire d’Etat à la Ville fait la tournée des ministères et des popotes afin de trouver quelques sous. La moisson est maigre, surtout du côté de Bercy et des entreprises
Nicolas est « pingre », révélait Cécilia dans le livre de la journaliste Anna Bitton. Fadela Amara vient d’en faire les frais, si l’on ose dire. Fin janvier, la secrétaire d’état à la politique de la ville escomptait un milliard d’euros pour financer son plan « Espoir Banlieue », bricolé à la va-vite.
Mais le 8 février à l’Elysée, elle n’est repartie qu’avec la moitié de la somme. Soit 500 millions d’euros sur 5 ans, ponctionnés en grande partie sur l’enveloppe du Grenelle de l’environnement, pour améliorer les transports publics et désenclaver les quartiers en difficultés. Elle peut dire merci à Jean-Louis Borloo pour ce tour de passe-passe. On est loin du « plan Marshall » promis par Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle.
Voilà donc la secrétaire d’état à la ville contrainte de prendre son bâton de pèlerin et de quémander aux autres ministres de quoi boucler son budget. Premier acte : le 14 février, au ministère de l’Education Nationale. Devant les caméras et les flash des photographes, Xavier Darcos a généreusement offert à Fadela 200 millions d’euros sur deux ans pour financer le volet éducation. Aide aux devoirs, internats d’excellences, destruction de 20 établissements vétustes, création d’un fond permettant au privé d’ouvrir 50 classes dans les quartiers difficiles… Le but : créer une « élite » des banlieues.
Deuxième acte : le 15 février, au Ministère de l’Economie. A Bercy, la fête est moins gaie. Christine Lagarde ne lâche que 150 millions d’euros. Surtout, la ministre de l’économie a rameuté le gratin du CAC 40, de Gérard Mestrallet, PDG de Suez, à la présidence du Medef, Laurence Parisot, pour signer un « Engagement national pour l’insertion professionnelle des jeunes des quartiers ». C’est beau comme l’antique, et cela ne mange pas de pain.
« Il y a un décalage énorme entre ces effets d’annonce et la réalité, analyse Charles Kerchouche, expert dans les questions d’emploi et de diversité et ancien collaborateur de Claude Bébéar, président du conseil de surveillance d’Axa. Cela fait des années que l’on parle de diversité dans les entreprises. Or, quand on voit les représentants des grandes sociétés défiler à la tribune, pendant la conférence de presse, elle ne se voit pas, hormis chez L’Oréal. On reste dans une logique post-coloniale, où le patron blanc donne à manger au petit indigène des quartiers. On est dans la pub Banania. »
Il rappelle surtout que la plupart de ces entreprises avaient déjà signé, en 2004, la Charte de la Diversité, lancée par Claude Bébéar. Sans réelle application concrète. « Et elles remettent ça aujourd’hui, avec un nouvel effet d’annonce. En réalité, elles se servent de cette caution « diversité » pour se donner un visage plus humain ». D’autant que parmi les signataires, Adecco et L’Oréal, présentes à la conférence de presse, ont été condamnées pour discrimination il y a moins d’un an.
Qu’offrent-ils, ces patrons qui jurent, la main sur le cœur, que la diversité est leur priorité, en évoquant « leur responsabilité sociale » ? Essentiellement des stages et des contrats en alternance. « Peu de vrais jobs, en somme. Quand au contrat d’autonomie, c’est un nouveau contrat aidé parmi tant d’autres, poursuit le spécialiste. Là où le bât blesse, c’est que le gouvernement ne donne pas l’exemple avec les entreprises publiques ou semi-publiques. Alors qu’il a un levier direct d’intervention avec Alstom, Areva ou Aéroports de Paris. La pauvre Fadela n’a que sa bonne volonté. C’est dramatique. »
Les prochaines semaines, la secrétaire d’Etat, qui se dit rassurée sur son sort au gouvernement après le futur remaniement post-municipales, ira donc frapper chez Michèle Alliot-Marie, au ministère de l’Intérieur. Et elle fera la tournée des 31 ministères pour quémander l’obole. « Le plus dur est devant nous », a martelé Fadela pendant la conférence de presse. On la croit volontiers. « Chaque ministre va être mis à contribution pour que ça change dans les banlieues, a-t-elle déclaré sur France 2 le 8 février. (…) Tout va se faire rapidement » (…) « Il faut sortir de la logique misérabiliste ».
Il semble, au contraire, qu’on soit encore en plein dedans.
Mais Lucie,
Ca va pas !!!! Fadela qui paie l’ISF. Tu as lu ça ou ? Et tu sembles le croire !
Ce qui lui arrive est l’exemple typique de toutes les promesses que M Bruni ne tiendra pas.
Voir M Hirsch et le RSA ce sera pareil.
Rendez vous à la rentrée de septembre
Fadela Amara et le plan banlieu, c’est pas l’histoire d’une réussite d’une fille de banlieue qui une fois arrivée au pouvoir conserve ses racines en gardant son logement social ? Faudrait quand même pas qu’une famille modeste puisse en profiter ! Que ferions-nous de l’exemplarité ?
Elle est web 2.0, un blog pour recueillir sa politique, avec des p’tites annonces. C’est bien le virtuel, elle est dans l’air du temps.
Sa voiture est-elle électrique ou continue-t-elle de prendre les transports sociaux ?
Elle a raison, une fois qu’on est la haut, la vision du monde est différente, elle a tant lutté pour se faire connaître.
Ferions-nous la même chose qu’elle ? Tout dépend quelle éthique nous dirige !
C’est bien Fadela continue, avec toi la banlieue est sure de rester sur place, ca fera les choux gras de la presse ! C’est bon pour la croissance.