Plutôt silencieuse depuis le début de la crise qui frappe le quotidien du soir, la Société des Rédacteurs du Monde (SRM) vient d’envoyer ce vendredi 2 mai un courrier à tous ses mandants, que « Bakchich » publie en intégralité et en exclusivité. Elle demande une réunion d’urgence du conseil de surveillance.
Voici le texte envoyé ce vendredi 2 mai par la Société des Rédacteurs du Monde au directoire, à la rédaction et au président du conseil de surveillance Louis Schweitzer :
« Garantir l’existence d’une presse de qualité, indépendante sur le plan économique et éditorial, telle est la raison d’être de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) depuis sa création, en 1951.
Au nom de cet impératif, la SRM, actionnaire de référence du groupe Le Monde, s’est alarmée à maintes reprises de la situation économique et financière de l’entreprise : au cours des sept derniers exercices le groupe a accumulé près de 180 millions d’euros de déficit, dont plus de 15 millions en 2007. Depuis janvier 2008, la perte se creuse au rythme de 2 millions d’euros par mois.
La politique de fuite en avant puis l’attentisme pratiqués par les précédentes équipes de direction nous ont fragilisés. Ainsi, un endettement excessif et une rentabilité insuffisante nous ont mis à la merci d’un rachat à vil prix par les groupes Lagardère et Prisa. S’ajoutent à cette situation les défis auxquels la presse écrite quotidienne doit faire face : un système d’impression et de distribution trop coûteux ; le développement d’internet et de la presse gratuite.
Faute d’un redressement rapide, le dernier groupe de presse d’information indépendant aura vécu. Pour toutes ces raisons, la SRM, composée de journalistes actionnaires, ne s’est pas opposée à l’idée d’un plan stratégique et de redressement dont l’annonce, malgré l’urgence, a été reportée à plusieurs reprises depuis septembre 2007.
Un plan de restructuration a été présenté par la nouvelle équipe de direction lors du conseil de surveillance du 4 avril 2008. La SRM n’a été associée ni à sa préparation, ni à sa négociation, ni à sa mise en œuvre. Ce n’est pas son rôle. Elle ne l’a pas davantage approuvé.
Les représentants de la SRM au conseil de surveillance, comme tous les autres actionnaires, ont « pris acte » du budget 2008 qui prévoyait une somme de 17 millions d’euros pour un plan de redressement, mais sans en connaître ni les modalités ni le contenu. Ce plan a été présenté ensuite par le directoire, qui a annoncé 130 suppressions de postes, dont 89 de journalistes, par départ volontaire ou contraint. En le découvrant, la SRM a souligné l’extrême rudesse de ces mesures qui font des personnels le bouc-émissaire de la mauvaise gestion passée.
Sans interférer dans la négociation sociale, la SRM souhaite que les principes de transparence, d’équité, de solidarité, de mesure, qui doivent prévaloir en temps normal, soient plus encore respectés dans les circonstances présentes. Elle a adressé dans ce sens un courrier au directoire le 10 avril. A ce jour, elle n’a reçu aucune réponse.
La SRM continue de déplorer que les économies soient concentrées sur la Société éditrice du Monde (SEM), sans toucher Le Monde SA ; que le dossier des flux financiers entre Le Monde et sa filiale internet ne connaisse pas le début d’un règlement ; que les sacrifices demandés, loin d’être appliqués du haut en bas de l’échelle des salaires, le soient surtout au détriment des plus bas ; qu’aucun plan de réorganisation ne soit connu à ce jour, alors que le plan de sauvegarde de l’emploi est engagé ; qu’aucune relance éditoriale convaincante et mobilisatrice pour le quotidien et les autres titres du groupe n’ait encore été présentée.
Enfin, la SRM s’inquiète vivement de la dégradation du climat social dans l’entreprise. Une situation de tension et de blocage apparaît. Le Monde n’a pas les moyens d’un conflit social dur et prolongé. Aucun conseil de surveillance n’est prévu avant le mois de juin. Cette échéance est trop tardive. La SRM demande que cette instance se réunisse en urgence, si le blocage persiste. »
Que dit la SDL - ( société des lecteurs du Monde) Pour le savoir lire la position sur le site de la SDL. La rénovée ? oui, c’est en cours. Toute les idées sont les bien venues.
Les réflexions sur le rôle des SDL n’est guère avancé.
Jean martin président de la SDL du Monde
Non, Le Monde n’est certainement plus du tout le journal "de référence" qu’il a pu être voici des années. La plupart des articles sont remplacées par des dépêches d’agence reproduites in extenso, sans aucun commentaire ni remise en perspective. Enfin, certains journalistes se sont faits les thuriféraires du petit Nicolas avec des écrits honteux de flatterie et de courtisanerie. Quant à la distribution du quotidien aux abonnés, c’est devenu le cadet de leurs soucis au point que je viens de me désabonner, après 17 ans de fidélité. Les 6 derniers mois, je recevais l’édition papier en moyenne 3 semaines sur 4…
Bref, tout fout le camp, la qualité des articles et éditoriaux comme celle du service aux abonnés. Rien d’étonnant, dans ces conditions, que le navire fasse eau de toutes parts, sans compter, bien sûr, les investissements coûteux et hasardeux dans un contexte de perte de vitesse de la presse quotidienne imprimée.