Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
SPORTS

Euro 2008 : tolérance « triple zéro » pour l’UEFA

Dopage / samedi 5 juillet 2008 par Dr Jean-Pierre de Mondenard
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

A chaque grand rendez-vous sportif, comme le dernier Euro, l’organisme de tutelle de la compétition communique à tout va sur les performances de sa « force de frappe antidopage ». Mais le « zéro positif » si fièrement affiché, n’a de valeur que pour celui qui veut bien y croire. Décryptage par notre chroniqueur, le Dr Mondenard.

Le 1 juillet l’Union Européenne de Football Association (UEFA) a publié un bilan « positif » de sa campagne antidopage lors de la dernière Coupe d’Europe, compétition spécialement organisée pour permettre à Raymond Domenech d’annoncer son mariage. Et le résultat de ce safari contre les tricheur est sublime : 300 contrôles, 300 éprouvettes négatives.

Ce qui est rigolo c’est que les fédérations et autres structures sportives se fatiguent à publier de tels résultats. Il y a longtemps que les spécialistes de la pilule miracle savent que les contrôles dont on clame les vertus sont inefficaces. La preuve, dans sa carrière Lance Armstrong a honoré 300 contrôles et Marion Jones 160, tous négatifs pour l’un en l’autre. Pourtant, j’ai bien cru comprendre que la star américaine n’avançait pas qu’à l’eau claire… Quant à Marion Jones, elle est en prison pour avoir menti aux juges américains à propos de son dopage. Pendant combien d’années les sportifs de RDA ont marché à la chimie sans se faire prendre ? Résultat et preuve par n’œuf comme le jaune du maillot : les contrôles ne servent qu’à prendre les athlètes les plus pauvres, c’est-à-dire qui ne peuvent s’offrir les avis d’ un conseiller médical bien informé, ou les plus stupides.

Question du jour, après le communiqué de triomphe de la bande à Platini : Est-ce à dire que la fiabilité des tests antidopage est imparable et pousse les footeux à s’abstenir de tricher ou, à l’inverse, ces derniers professionnalisent leurs soins afin d’avoir des liquides biologiques (sang + urines) « sang pour sang » propres ?

Plus difficile en foot de se doper…et de se faire prendre

Réunis le 12 mars dernier pour un « workshop » à Vienne, entraîneurs et dirigeants des fédérations des 16 pays finalistes de la Coupe d’Europe ont signé une charte contre le dopage prévoyant des tests sanguins en plus des tests d’urine. A cette occasion, Michel Platini déclarait : « Je ne crois pas au dopage généralisé dans le football. Je peux croire que un ou deux joueurs fassent des bêtises mais il n’y a pas à mon sens de dopage organisé par les médecins des clubs ou des équipes nationales. » Mais l’UEFA ne veut pas pour autant zapper le problème. D’où la charte signée à Vienne. Pour la première fois dans le cadre d’un Euro, on ajoutera donc du sang au pipi. Cette pratique avait déjà été introduite lors de la dernière Coupe du Monde en 2006 en Allemagne où, rappelons-le, les 212 contrôles s’étaient, comme de bine entendu, révélés négatifs. En outre, les footballeurs engagés dans l’Euro 2008 ont été les premiers, dans une compétition majeure, à subir des tests de dépistage de l’hormone de croissance. L’entraîneur de l’un des deux pays organisateurs, le Suisse Jakob « Köbi » Kuhn, rappelle que les contrôles antidopage existaient déjà lors de la Coupe de Monde 1966 en Angleterre, à laquelle il participa comme joueur. Commentaire de Jakob : « C’est tout à fait normal.. Mais le football n’est pas comme certains autres sports, il est beaucoup plus difficile de se doper (sic !). Je ne sais pas comment cela se passe dans les autres équipes mais je suis sûr d’une chose, c’est qu’en équipe de Suisse personne n’est dopée. »

Dix joueurs de chacune des 16 équipes en piste en Suisse et en Autriche ont été contrôlés durant la phase de préparation, puis deux par équipe pour chaque match de la phase finale a souligné, lors d’une conf’ de presse M. Gmeiner le patron du laboratoire de Vienne qui s’est partagé les urines claires et le sang pur des footeux avec un labo de Lausanne. Pour la première fois ces contrôles englobaient une recherche systématique d’ÉPO. « Avec ce protocole et cette densité, l’UEFA a endossé un rôle de pionnier dans la lutte antidopage », s’est félicité M. Gmeiner. Seuls manquaient encore, au moment de la causerie du biologiste, les résultats des prélèvements effectués lors de la finale remportée par l’Espagne contre l’Allemagne. Trois cent soixante-huit footballeurs avaient été sélectionnés pour l’Euro 2008 qui s’est disputé en Autriche et en Suisse.

Loin de nous de mettre en cause la bonne fois de Monsieur Gmeiner et des ses amis. Mais moi, s’il me venait à l’idée de rouler en voiture comme un dingue, je m’équiperai d’un détecteur de radars. Aussi facile d’échapper aux contrôles antidopage. Amis drogué suivez bien mon ordonnance (mes honoraires seront reversés au mémorial Simpson, sur les pentes du Ventoux).

Trois manières de controuner les règles

Il existe trois possibilités de se doper tout en contournant le contrôle sans donc s’exposer à être positif :

Il faut prendre des substances interdites indécelables ou non sanctionnables (hormone de croissance, transfusions autologues, ACTH, ÉPO biosimilaires, insuline, IGF-1, etc.). Ou aussi des substances « borderlines » utilisées pour « soigner la performance » mais qui, miracle, ne sont pas interdites et donc recherchées (Néoton®, Actovégin®, hormones thyroïdiennes, HMB, etc.). Puisque vous êtes gourmands, je vous indique aussi des produits qui sont dopants mais que vous pouvez prendre quand même puisque votre médecin vous aura signé une « AUT », une Autorisation d’usage à des fins thérapeutiques. On vous trouve un peu asthmatique, vous pouvez vous gaver de corticoïdes. Donc de dopant. Avec ça vous allez bien me gagner une petite course, un petit match…

En réalité, un observateur impartial et indépendant ne peut, dans le sport de haut niveau, qu’interpréter l’argument d’un sportif mettant en avant pour sa défense un nombre conséquent de tests négatifs, comme la très probable preuve du contraire.

De la nuance entre produits stimulants et interdits

Carlo Molinari, le président du FC Metz, lui, ne croit pas au ballon empoisonné : « Pas plus que pour les motards ou les pilotes de F1 ! D’ailleurs, les contrôles effectués en football ont toujours été négatifs. C’est la preuve irréfutable… » [1] De même, Joël Bats, l’ancien portier de l’équipe de France (50 sélections entre 1982 et 1992) et aujourd’hui dans le staff technique de l’Olympique lyonnais prend à son compte ce discours en forme de marronnier : «  Pour un cas positif (je me souviens d’un joueur écossais convaincu de dopage durant la Coupe du monde 1978 en Argentine), combien de verdicts négatifs ! Des contrôles ont été effectués tout au long du dernier Championnat d’Europe en France. Aucun ne fut positif. » [2]

Qu’il existe des dizaines de substances dopantes indécelables ne fait à aucun moment nuancer les arguments de ces experts si capables de lire dans le sang des autres.. Toujours dans le camp de la langue de chêne, on trouve l’actuel n° 1 de la Fédération internationale de football (FIFA), Sepp Blatter. Quelques mois avant son élection à la présidence de la FIFA en juin 1998, il utilisait comme les autres l’argument qui tue celui qui le profère : « Le sujet n’est pas spectaculaire mais il est important de noter que tous les contrôles antidopage que nous avons effectués récemment, sans prévenir, que ce soit en Europe, en Asie ou en Amérique du Sud, ont été négatifs. » [3]

Boule de cuir et vélo, pas la même came

La boule de cuir n’est pas le vélo mais la lecture des mémoires de Jérôme Chiotti, l’ancien champion du monde de VTT en 1996, devrait inciter les optimistes de profession à réfléchir. Dans son livre De mon plein gré paru en 2001, le vététiste avoue s’être dopé alors que pendant trois ans il avait subi 55 contrôles accompagné d’un suivi longitudinal biologique (sang + urine). Chiottii consommait entre autres de la testostérone, de l’hormone de croissance, de la cortisone et de l’ÉPO. Qui dit mieux. Quelques années plus tard, en 2004, le cycliste Philippe Gaumont racontait dans Le Monde (16/03/2004) comment il se jouait du suivi longitudinal sanguin : « Les anomalies que révèle le suivi longitudinal sont largement sous-évaluées car, à chacune des quatre étapes, nous disposons de trois mois pour faire notre prise de sang. Les coureurs ont donc largement le temps de s’y préparer. On choisit toujours d’y aller dans une période où l’on ne prend pas grand-chose. » Il y a aura un an en août, les limites du suivi longitudinal sont apparues lors des Championnats du monde d’athlétisme à Osaka. Le directeur technique national (DTN) Franck Chevallier n’hésitait pas dans L’Équipe du 24/08/2007 à proclamer ses certitudes : « Moi, j’ai l’intime conviction, par rapport au suivi longitudinal et à celui des médecins fédéraux, que cette équipe est propre. Il n’y a pas de raison de penser qu’il y a des gens qui trichent. On a fait le ménage. C’était la volonté de la Fédération, des entraîneurs et des athlètes ». Manque de bol, le seul contrôlé positif pendant cette compétition qui réunissait l’étoffe des héros de l’athlétisme, fut le Français Naman Keita. Bien sûr, il avait passé avec succès les différentes étapes du suivi longitudinal.

Contrôle sanguin, fais pas le malin

Rappelons que si le contrôle sanguin peut éventuellement mettre en évidence une perturbation biologique liée à la prise d’hormones, il n’indique pas l’utilisation de nombreuses substances interdites non hormonales comme les « stimulants » qui, eux, ne sont pas recherchés dans une telle prise de sang. De même, les produits « borderlines » sont ignorés par le suivi longitudinal. Et rappelons que se faire choper au contrôle longitudinal n’est pas grave par rapport aux contrôles antidopage classiques.

Ce ne sont pas les tests sanguins ajoutés à l’arsenal antitriche de l’Euro 2008 qui pouvaient impressionner les pros de la dope. Par exemple le dopage par hormone de croissance (hGH) peut se faire en toute impunité et seuls « les athlètes stupides » seront confondus, a dénoncé le 15 novembre dernier sur la BBC le médecin britannique Peter Sönken, spécialiste de l’hGH. « Comme il n’y a pas de test fiable, ils (les athlètes) n’ont pas à s’en faire. Ils doivent juste s’assurer de ne pas se faire épingler avec le produit dans leur sac ». Quand il est passé dans le sang, pas de problème. Il y a des biologistes et des chasseurs de dopés qui font tout ce qu’ils peuvent mais les drogués ont le plus souvent une ruse d’avance. Alors bon match.

À lire ou relire sur Bakchich.info

La France cherche son sélectionneur de foot. Ce jeudi 3 juillet, le conseil fédéral de la Fédération doit décider si la "mission" de Raymond Domenech, actuel titulaire du poste, conserve sa chaire… Principal prétendant à son remplacement, l’ancien (…)
La saison cycliste bat son plein. Dimanche 29 juin, c’est le championnat de France sur routes, joli prélude au tour de France qui peuple les étés de l’Hexagone depuis 1903. Avec son cortège de coureur, et de "docteur" qui s’occupe d’eux. Las, le plus (…)
Le terme de manchot n’est plus vraiment pertinent pour désigner un footballeur qui, par le règlement, n’est a priori autorisé à jouer qu’avec les pieds. Or, dans les surfaces de réparation mais aussi dans le jeu, le tirage de maillot, surtout ces dernières années, est devenu une pratique très répandue, voire même enseignée. On assiste aussi à une prolifération de mains volontaires pour orienter le ballon aérien vers les pieds, notamment dans la partie du terrain proche du but. Sur corner, dans les tirs de la tête, en pivotant, les joueurs en profitent pour donner des coups de coude « assassin ». Quand un joueur saute pour orienter le ballon de la tête, il écarte les bras pour entraver le saut de l’adversaire qui le marque.

[1] (But, 03/11/1987

[2] In « Football raconté par Joël Bats ». – Paris, éd. Hatier-Rageot, 1985. – 127 p (p 95)

[3] L’Équipe, 17/10/1997


AFFICHER LES
3 MESSAGES

Forum

  • Euro 2008 : tolérance « triple zéro » pour l’UEFA
    le samedi 19 juillet 2008 à 14:30, auto transfusé a dit :

    Un stage en altitude aux effets identiques à une autotransfusion sanguine, ou des autotransfusions sanguines aux effets d’un stage en altitude ?

    Domenech avait prévenu : "Nous n’aurons pas le temps de les préparer !!!! " … on ne pouvait être plus clair !

  • Euro 2008 : tolérance « triple zéro » pour l’UEFA
    le samedi 5 juillet 2008 à 08:33, gg a dit :
    Bonjour. Il serait bon que vous ne vous emballiez pas systématiquement en écrivant les articles. Sinon tous les arguments viennent pèle-mêle, même ceux qui n’ont rien à voir. Par exemple les nageuses de RDA. Tout le milieu sportif et les gouvernements savaient ce qu’il en était mais les américains faisaient de même mais plus discrètement. De plus ces nageuses comme les autres sportifs de l’Est étaient controlés par des labo en URSS.Donc… Quand Ben Jonhson se met à tout gagner personne dans le milieu sportif ne s’en étonne ? Tout le monde était complice mais se taisait de peur que la justice s’intéresse de près aux sports de haut-niveau. Le premier ménage à faire c’est dans les instances dirigeantes et les entraineurs puis enfin les sportifs eux-mêmes. Je pense que les contrôles sont une très bonne chose mais qu’il ne faut dans ce domaine ne jamais crier victoire comme l’indique le titre de l’article.
    • Euro 2008 : tolérance « triple zéro » pour l’UEFA
      le samedi 5 juillet 2008 à 15:20, Timothée a dit :
      Il n’y a pas assez de contrôle dans le foot. En L1, ce sont 2 joueurs par équipe tirés au sort par match. C’est rien ! Je crois surtout qu’il faut suivre les joueurs dans leur phase de préparation en juillet, car c’est là qu’ils font les efforts les plus importants, qu’ils doivent prendre le plus en masse musculaire, etc… Quant aux contrôles inopinés, il n’y en pas assez non plus.
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte