Enfin Jacques Chirac va entrer dans la campagne présidentielle. La grand messe est prévue pour dimanche soir. Et chaque camp voit midi à sa porte.
Les Ségolistes, accessoirement socialistes, espèrent encore un tacle présidentiel sur Sarkozy. Façon de rappeler le bon temps de 1981, quand Chirac torpilla en bonne et due forme le candidat Giscard et fit élire François Mitterrand dans un fauteuil.
Grand homme de gauche et béatificateur du Grand depuis son hagiographie L’inconnu de l’Elysée, Pierre Péan ne dit pas autre chose. Et prévient que le Corrézien va « lâcher du gros » très prochainement contre le ministre candidat… Voire actionner ses réseaux et autres officines pour booster les petits candidats droitiers, genre Villiers, et grapiller de précieux points au ministre de l’Intérieur.
Les signaux envoyés par la présidence, ces derniers mois, sont allés dans ce sens. Passant du Touf sauf Sarkozy au tout pour Ségolène. Une belle passerelle de poulets a même vu le jour, comme Bakchich l’avait révélé. Ancien pape de l’anti-terrorisme aux méthodes plus que musclées, Roger Marion a pondu sur note pour le camp de la rose. Et les a transmises via son grand copain Patrick Bergougnoux, ex boss de la Police nationale devenu conseiller police de Madame « Ordre juste ». Le temps d’un repas dans le 18e, les deux flics ont même rêvé tout haut à leur avenir post-présidentielle, pour peu que Ségo soit élue. Compagnons de rêve et de tablée, Jean Espitalier, patron et la PJ de Versailles et… Philippe Massoni, ancien préfet de Police de Paris, qui, à l’Elysée, veille au grain pour le compte de Chirac. Charmant quatuor incarnant les prémices d’un axe chiraco-ségoliste ?
Ne voulant insulter l’avenir, la candidate du Poitou s’est gardée de trop attaquer le président… Un texte, signé de sa main dans Témoignage chrétien, dénonçait gentiment les liens entre Jacques l’africain et ses copains peu portés sur le démocratie : Bongo, Sassou et autre. Pas de quoi fouetter un chat, d’autant que la tribune avait été rédigée par son co-directeur de campagne Jean-Louis Bianco, pas franchement un révolutionnaire… Prévenante, Dame Royal s’est même confondue en excuses, et a envoyé son directeur de cabinet, Christophe Chantepy, à Canossa.
Côté Sarko, on attend un soutien mais pas trop. Histoire d’incarner un tant soit peu la rupture tout en ralliant les derniers réticents de droite. Et sans craindre une dernière rebuffade du vieux cheval fatigué « qui souhaite avoir une retraite tranquille ». Car le ministre des Contraventions le claironne. Il tient le Chi. Les balles sont prêtes : « Que ce soit sur Clearstream, le Japon ou au Maroc ». Dans les registres de la Wafa Bank, propriété de l’Ona – le fleuron de l’industrie marocaine – émergeraient d’étranges libellés de compte, comme autant de prêtes noms du Président. Pour un montant de plusieurs dizaines de millions d’euros.