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Cristina Kirchner, entre botox et bling-bling

Argentine / mardi 3 juin 2008 par Simon Piel
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Comme une cinquantaine de chefs d’Etat, la présidente argentine, Cristina Kirchner, est à Rome pour le sommet de la FAO consacré à la crise alimentaire. Elle s’y fait photographier tout sourire avec ses homologues. Fan de botox et bling-bling en diable, la belle Cristina est pourtant en perte de vitesse dans son pays. Et comme elle ne peut s’empêcher de traiter les journalistes d’ « ânes » et d’ « ignorants », « Bakchich » ne résiste pas à la tentation de dresser son portrait.

Un peu comme notre Sarkozy national, elle a promis le « changement dans la continuité ». Depuis son élection à la tête de l’État argentin, le 29 octobre 2007, Cristina Kirchner voit sa popularité chuter. Elue dès le premier tour avec 44,92% des voix, elle atteint péniblement aujourd’hui les 20% d’opinions favorables. Pourtant, son mari, Nestor Kirchner, qui a occupé le même poste de 2002 à 2007, a tout fait pour propulser sa douce aux firmaments de la politique. Elu en 2002, cet ancien avocat a en effet réussi le tour de force de sortir le pays de la banqueroute qui l’a frappé en 2001. Exsangue quand il est arrivé au pouvoir, l’Argentine connaît un taux de croissance de 8% à 9% depuis six ans. Du pain béni pour dame Cristina qui, alors que son mari avait décidé de ne pas se représenter, pouvait espérer reprendre les rênes de la Casa Rosada, le siège du pouvoir exécutif argentin. C’est donc ce qu’elle fait en octobre 2007. Sans trop de difficultés, ce qui ne manquera pas d’émerveiller Ségolène Royal qui, alors en tournée en Amérique Latine, avait déclaré : « j’ai trouvé une femme très déterminée, très tonique, très mobilisée ».

Accusations de corruption

Hélas, en moins de six mois, la machine Kirchner s’est grippée. Accusations de corruption, fronde des agriculteurs, critiques sur le style de la présidente… Les fronts d’opposition se multiplient et les vieux démons de l’Argentine ressurgissent. Dès le mois de décembre 2007, une petite valise, pleine de dollars, est venue entâcher le tout frais triomphe de Cristina Kirchner. Après qu’un homme d’affaires vénézuélien a été arrêté à l’aéroport de Buenos Aires avec, dans sa mallette, 800 000 dollars (550 000 euros) non déclarés, les Etats-Unis ne se sont pas fait prier pour accuser le président vénézuélien Hugo Chavez de financer la campagne de Kirchner. Plus récemment, l’arrivée prochaine du TGV, emmenée par le groupe français Alstom, a lui aussi fait quelques vagues. Un ex-député de l’opposition, Mario Cafiero, a porté plainte contre le premier projet de TGV d’Amérique latine et réclame une enquête. Comme l’a raconté Bakchich, cela n’a pas empêché l’entreprise française de financer une réception de l’ambassadeur argentin à Paris.

Ces dernières semaines, l’agitation sociale est venue s’ajouter aux scandales politico-financiers et affaiblir un peu plus la présidente Kirchner. Le 26 mai dernier, près de 300 000 agriculteurs ont manifesté à Rosario (centre) pour faire valoir leurs droits sur les bénéfices tirés de la production du soja dont l’Argentine est l’un des principaux exportateurs au monde. De son côté, la redoutable Cristina ne cède pas, feignant même d’ignorer le mouvement dans ses déclarations publiques. Dans le même temps, elle a renvoyé son ministre de l’Economie, Martin Lousteau. Un fusible dans cette crise ? Sans doute. Mais l’inflation galopante (25% en un an selon les experts, 10% selon le gouvernement) contribue à fragiliser le gouvernement. Et Cristina Kirchner refuse toute mesure (dont celles du ministre de l’Economie) qui viendrait stopper 45% de croissance cumulée en cinq ans. Très autoritaire dans la gestion de ses équipes, beaucoup la disent intelligente, vive mais peu cultivée, malgré le fait qu’elle se sente « absolument hégélienne » comme elle l’a déclaré lors d’un récent congrès de philosophie.

Reine du bling-bling

Tous ces problèmes, au demeurant fort graves, n’empêchent pas Cristina Kirchner de penser à prendre soin de sa petite personne et de soigner son image de reine de beauté doublée d’une « bomba latina ». Mêlant tailleurs haute-couture et Botox, coiffure sans cesse renouvelée et bijoux de grands joailliers, Mme Kirchner est bling-bling jusqu’au bout des ongles. Le couple présidentiel, qui a fait ses premières armes dans le business et la politique dans la province de Santa Cruz (Patagonie), y possède de nombreuses maisons. Le plus souvent, ils partent à El Calafate où ils disposent d’un joli châlet, idéal pour les fins de semaine un peu rudes. Un Boeing 707 et plusieurs hélicoptères sont d’ailleurs à disposition de la présidence.

L’ancienne première Dame devenue présidente travaille son image mais fait beaucoup aussi pour la contrôler. L’opposition politique restant relativement faible, les attaques les plus virulentes viennent de la presse. Et c’est contre les médias que la présidente concentre ses saillies. En juillet 2007, avant même d’accéder à la présidence, la reine Cristina a publiquement qualifié les journalistes d’« ânes » et d’« ignorants ». « Elle déteste les journalistes », confirme un correspondant argentin de presse à Paris. Lors de sa visite en France, le 7 avril dernier, elle a fait attendre près de trois heures les journalistes venus assister à sa conférence de presse, pour finalement annuler le rendez-vous sans un mot d’excuse. C’est que sa visite a été particulièrement courte. Trente-six heures dont quarante-cinq minutes à l’Elysée avec Nicolas Sarkozy. Officiellement, il s’agissait de redonner une stature internationale à l’Argentine. Mais Dame Cristina a quand même trouvé le temps de goûter aux bonnes tables françaises, comme aux « Ombres », sur le toit du musée du Quai Branly, ou au Meurice, en compagnie de l’ex top-model Naomi Campbell. Le luxe, encore et toujours…

De son côté, Nestor Kirchner s’agite. A la tête du puissant parti péroniste, il ne cesse de faire du lobbying pour soutenir la politique de sa femme. Et de l’avis de nombreux observateurs, c’est bien lui qui fixe encore et toujours la politique du gouvernement. La dynastie Kirchner s’est installée, mais pour combien de temps encore ?


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Forum

  • Cristina Kirchner, entre botox et bling-bling
    le lundi 22 décembre 2008 à 00:29, Charlotte a dit :

    Alfredo Astiz

    C’est un "passé qui ne passe pas", comme dit l’historien Henry Rousso à propos de Vichy. Alfredo Astiz est l’un des plus sinistres responsables de la dictature et de la terreur qu’ont fait régner les généraux en Argentine de 1976 à 1983. Il n’est en prison que depuis un an et la Cour de Cassation a ordonné cette semaine sa libération qui heureusement a été suspendue par l’appel du Ministère Public après l’indignation exprimée par la présidente Christina Kirchner.

    Il a donc 56 ans. Il en avait un peu plus de 30, quand, capitaine de la marine, il faisait enlever, torturer, torturait lui- même des argentins par milliers. Les "Folles" de la place de Mai, ces mères, épouses, soeurs des disparus qui tournaient sans relâche, tous les jeudi, au péril de leur vie pour réclamer justice, ont dû avoir un haut le coeur.

    J’ai visité à ma demande il y a quelques mois, la fameuse école de la Marine à Buenos Aires. C’est un camp de concentration en pleine ville. Des dizaines de milliers d’opposants y sont passés, y ont été torturés ou sont morts à cause du Capitaine Astiz et ses complices qui avaient copié les méthodes des nazis : coups, faim, essais de transformer les prisonniers en bêtes féroces, supplices, ils étaient enchaînés les uns aux autres avec une cagoule sur la tête. Au sous-sol, la chambre des tortures ne livre pas les secrets des suppliciés, mais on les imagine.

    Le pire, pour nous et nos aveuglements, c’est l’histoire suivante qui m’a été racontée sur place par les autorités qui font visiter le musée avec encore beaucoup de précautions car l’armée, et les complicités qu’elle masque est toujours puissante, même si le régime est franchement démocratique aujourd’hui. D’ailleurs,pendant notre séjour là-bas, on apprenait justement qu’un militaire qui allait passer en jugement et allait révéler des noms, venait de mourir mystérieusement en prison d’une crise cardiaque. Pas de chance…

    Donc l’histoire telle qu’elle me fut racontée : dans les années 80, La Commission Internationale des Droits de l’Homme, alertée par les rumeurs et protestations devant ce qui se passait en Argentine, décide d’une inspection dans cette école de la marine à Buenos Aires. En quelques jours, les généraux ont fait ce que les nazis avaient fait à Theresienstadt pour masquer à la Croix Rouge un camp d’extermination. Ils ont bouché les souterrains menant aux salles de torture (on voit encore le départ d’escaliers masqués) , déplacé tous les déportés remplacés par des troufions. La Commission en question n’y a vu que du feu dans ce qu’elle prit pour une caserne. Le lendemain de son départ, les déportés étaient de retour et les tortures et exécutions et arrestations reprenaient de plus belle…

    Désolée de gâcher une ambiance de fête. mais j’ai été bouleversée d’apprendre qu’un criminel contre l’humanité pourrait peut -etre se balader en liberté et suis bien soulagée que l’appel des tribunaux soit suspensif. La Cour Suprême devra trancher. Ça ne se passait pas il y a 60 ans, mais il y a 20 ans. Comme quoi, rien ne s’apprend. www.annesinclair.fr

  • Cristina Kirchner, entre botox et bling-bling
    le lundi 27 octobre 2008 à 01:14, Hergé a dit :
    Bonjour, Bon article, tu as parfaitement cerné le personnage de Castafiore Kirchner. Quelques mois plus tard (octobre 2008), elle remet de l’huile sur le feu, en trouvant à nationnaliser les fonds de pensions privés, histoire de recupérer quelques milliards de pesos destinés au futurs retraités qui n’en verront jamais la couleur ! A bientot ! Hergé www.petitherge.com
  • Cristina Kirchner, entre botox et bling-bling
    le mardi 8 juillet 2008 à 21:50, titus a dit :
    juste une petite erreur de date concernant la valise de billets,cela s’est passé en août et non en décembre, ce détail démontre que cet argent a financé sa campagne électorale qui s’est terminée le 28 octobre par son élection…
  • Cristina Kirchner, entre botox et bling-bling
    le dimanche 22 juin 2008 à 01:57, Ricardo Veloso a dit :

    L’article montre un portrait detestable d’une bonne femme politique de l’amerique latine.

    D’abord, l’article ne precise pas que les "agriculteurs" faches avec la presidente sont des riches propietaires des enormes extensions de terres, lesquels refusent des impots aux exportations de soja. L’article dit que ces "agriculteurs" sont faches avec l’style "bling-bling" de la presidente… C’est faux !!! Les argentins sont degoutes du style bling-bling de l’ancien president Menem et son Ferrari, ses maitresses, les soirees du "pizza avec champagne" et son style de vie incompatible avec son salaire…. Certes, Kirchner n’est pas un exemple d’ascetisme et idealisme mais cela n’est pas le vrai probleme de l’Argentine.

    Sur la relation de CFK avec la presse argentine, il faut dire que l’Argentine c’est un des rares pays ou le gouvernement ne controle pas la presse ecrite et audiovisuel et les journalistes ne sont pas des modeles de objectivite et deontologie. Notamment des journals comme La Nacion ou des editorialistes comme Mariano Grondona o la commentatrice Mirtha Legrand qui maintenat osent s’habiller en democrates tandis qui ont ete a la solde des dicateturs dans les annes 70.

    • Cristina Kirchner, entre botox et bling-bling
      le mardi 30 juin 2009 à 13:41, GRD a dit :
      Seul un péroniste ou une personne ignorant l’Argentine peut prendre la défense des Kirchner et écrire ces billevesées. Cet article décrit parfaitement la réalité argentine ne vous en déplaise.
      • Cristina Kirchner, entre botox et bling-bling
        le mardi 26 janvier 2010 à 10:13, Piquetero sans piquet a dit :

        Perso c’est cet article que je trouve "bling-bling". Ne parler que de l’apparence pour éviter de parler du fond.

        En réponse à votre affirmation, non, on n’a pas besoin d’être péroniste pour soutenir les Kirchner. D’ailleurs, à moins d’être argentin, il est assez difficile d’être péroniste ! Il suffit d’être de gauche…

  • Cristina Kirchner, entre botox et bling-bling
    le mardi 3 juin 2008 à 18:49, Samy a dit :
    Heureusement que notre nain de jardin n’a pas épousé la kirchner
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