L’an I sous Sarkozy fut paillettes, l’an II vit le désamour avec le peuple, l’an III sera défensif.
Il y a eu un style pour chaque Louis après Louis XIII, un style Empire, un style Second Empire, un modern style, et presque un style Pompidou, à cause des tuyaux du Centre. Mais pas de style Mitterrand ou Chirac : la République, même monarchique, ne mange pas de ce pain-là.
Hélas, il risque de rester un style Sarkozy, voire plusieurs. La première année fut paillettes-bling-bling, avec yachts et Rolex, conférences de presse olé-olé et intermittences du coeur qui faisaient de Closer un supplément illustré du Journal officiel. L’an II fut plus sévère : passant du Fouquet’s au Salon de l’agriculture, le boss découvrit que le peuple ne l’aimait pas forcément, et décida de le rabrouer. « Casse-toi, pov’ con ! » restera dans les annales comme le crachat d’un ex-hussard chahuté dans les ports bretons et les usines où des paltoquets avaient l’audace de le dominer de 20 centimètres sans finir pendus à des crocs de boucher.
L’an III sera défensif : et d’une, aidé par deux laquais obséquieux, dont l’un se flattait jadis d’être l’impertinent apôtre de l’esprit bête et méchant, l’Élysée a balayé deux comiques pas assez troupiers pour marcher au pas. Secundo, la justice a flingué en vol et en comparution quasi immédiate un gus qui avait mal parlé de not’ Président, si bien que tout le monde a su qu’il était venu incognito visiter la banlieue en pleine nuit. Normal, les mots anodins « Sarkozy, je te vois ! » avaient déjà causé des pépins à un naïf. Notez que Bernadette Soubirous avait dit la même chose à une dame sans être inquiétée. Comme quoi, n’est pas vierge qui veut.
Finalement, les Bleus donnent le ton du jour : bling-blingueurs mijotant dans des rumeurs de débauche, caïds plutôt mégalos qui font vibrer Bachelot, massacreurs de syntaxe n’ayant jamais lu la Princesse de Clèves, cracheurs d’insanités à l’occasion, ils se sont ramassés comme de vrais bouffons au premier tour. Qui a dit : « Eux aussi » ?