Le nom de l’ancien président n’apparaît guère dans les journaux, quant au scandale EADS. Phénomène assez étonnant tant le Chi, était proche de feu la directeur de la caisse des dépôts, Francis Mayer. Un seul être vous manque…
Pendant que la presse et certaines bonnes âmes instruisent le procès de l’Etat dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire EADS, un homme est plutôt tranquille. Il s’agit de notre ami Jacques Chirac. L’ancien président – qui soit dit en passant n’a toujours pas quitté le grand appartement que la famille Hariri lui prête à titre « très provisoire » sur les quais parisiens depuis mai (cf. Chirac squatte les âmes mortes, in Bakchich #33 ) – est pourtant au cœur de cette affaire. De tout temps, il a surveillé les affaires de l’industrie aéronautique et militaire.
Grand pote de Jean-Luc Lagardère, il a moins d’atomes crochus avec le fils, Arnaud, qu’il considère comme « un petit con », une expression dont il est coutumier. Il a réussi à imposer à l’héritier de virer Philippe Camus de la présidence d’EADS pour le remplacer par le brillantissime Noël Forgeard, qui fut son conseiller industriel à Matignon entre 1986 et 1988. S’il ne peut pas blairer Arnaud Lagardère, qu’il n’arrive pas à prendre au sérieux, plusieurs responsables politiques estiment impossible que l’héritier ne l’ait pas mis au courant de sa décision de vendre une partie de ses actions EADS. « Il se peut qu’il ait promis à Lagardère junior de trouver un acheteur », spécule un familier du pouvoir. A l’époque – nous sommes au début de l’année 2006 -, la puissante Caisse des dépôts et consignations a pour directeur général, Francis Mayer. Un ancien du Trésor en qui Chirac a toute confiance : il lui a demandé dans le passé de gérer personnellement le dossier de la renégociation de la dette du Liban, dont le Premier ministre à l’époque était un certain Rafic Hariri (oui, le même qui possède l’appartement où loge Chirac). Francis Mayer a-t-il pu engager 600 millions d’euros pour racheter 2,25% d’EADS sans en référer aux pouvoirs publics. « Il est possible qu’il n’ait averti ni Matignon ni Bercy. Mais il a sans doute informé Chirac », dit un député. Détail amusant : le secrétaire général adjoint de l’Elysée chargé des questions économiques était à l’époque Augustin de Romanet et il est devenu directeur général de la Caisse des dépôts en mars dernier. Devant les commissions parlementaires, il a juré n’avoir jamais été informé de l’accord entre la CDC et Lagardère via la banque Ixis. Daniel Lebègue, ancien directeur général de la CDC, n’est pas convaincu. Il explique dans tout Paris que le directeur de la CDC a forcément discuté d’un tel dossier avec l’Etat. Francis Mayer est décédé en décembre 2006. Mais Chirac pète la forme. Et si les députés ou sénateurs le convoquaient pour une audition ?