Si la pornographie est sévèrement réprimée en Chine, elle n’en fait pas moins une irruption remarquée dans la société chinoise. Un haut-fonctionnaire vient en effet d’annoncer que des revues coquines seront à disposition des athlètes pendant les Jeux Olympiques…
Depuis une semaine, les blogs chinois et les journaux nationaux n’en démordent pas : la pornographie n’a pas sa place en Chine ! Tout ce remue-ménage est parti d’une séance de questions-réponses entre Liang Jianrui, le vice-président de l’administration des publications nationales chinoises, et des journalistes occidentaux. Le haut-fonctionnaire a en effet très sérieusement déclaré : « Notre loi interdit Playboy et nous devons respecter cela, mais nous ne pouvons pas écarter la possibilité qu’il y ait (…) une demande de la part des athlètes ou des visiteurs pendant les Jeux ». Et Liang Jianrui de poursuivre : « Nos kiosques répondront aux besoins des visiteurs pendant les Jeux Olympiques. Nous prévoyons de publier une liste de ce qui sera disponible en avril ou en mai prochain. » Ainsi, non content d’être le premier officiel chinois à défendre Playboy, il explique au passage comment s’y prendre pour mettre la main sur des revues coquines en Chine.
Ces déclarations ont soulevé les foudres du gouvernement central qui a rappelé avec forte intonation martiale que la diffusion de la pornographie était toujours passible d’emprisonnement à vie. Chen Hui, fondateur du site « pornographic summer », en a fait la douloureuse expérience en novembre 2006. Pour la première fois en Chine, un site web permettait à ses abonnés (600 000 lors de sa fermeture) de télécharger des films érotiques payants. Pour survivre à la censure chinoise, Chen Hui, un informaticien de 28 ans, changeait quotidiennement l’adresse et le serveur d’accès à son site. La loi chinoise est en effet très stricte sur la pornographie depuis l’avènement de la République Populaire : elle est purement et simplement bannie. Au grand dam des Chinois qui supportent de moins en moins cette chasteté imposée.
Alors que depuis la mi-février le sud de la Chine est de nouveau frappé par une vague de froid qui paralyse toute activité, le Quotidien du Peuple, vénérable journal officiel de la République Populaire, ne peut s’empêcher de verser dans une propagande éhontée. Dans son édition internet du 20 février, on découvrait un joli reportage photos montrant des Chinois du district Guanyang de Guilin, dans le Guangxi, tout sourire. Petite précision : début février, de terribles intempéries hivernales ont sérieusement secoué cette région du sud. Et le Quotidien du Peuple d’oser illustrer la photo d’une jeune femme hilare par cette légende : « Les sinistrés (…) sont contents d’assister aux représentations théâtrales organisées par le gouvernement central pour les réconforter et les encourager ». Ou encore d’inscrire sous celle d’une personne âgée : « Cet homme d’un certain âge semble satisfait des arrangements de reconstruction formulés par le gouvernement local. » Ben voyons…
Que les communistes, à leur prise du pouvoir en 1949, aient cherché à lutter contre la prostitution omniprésente à Shanghai est une chose, mais cette lutte insensée orchestrée par les autorités a le don d’énerver les jeunes générations qui voit dans le porno une sorte d’éducation sexuelle inexistante par ailleurs. Mais le pouvoir n’en a que faire. Toujours plus répressif, il ferme à tour de bras des sites internet (pas moins de 40 000 pour l’année 2007) et pourchasse même les utilisateurs de SMS. Ainsi, selon Wu Heping, ministre délégué à la Sécurité, 107 000 messages illégaux ont été interceptés en 2006 et 9 700 comptes de téléphones mobiles fermés. 44% des messages faisaient allusion à de la fraude bancaire et quelques uns parlaient de prostitution ou de pornographie.
Malgré ces interdits, cette dernière se fait chaque jour plus présente en Chine et un scandale chasse l’autre. Le dernier en date concerne la super star hongkongaise Edison Chen (acteur, chanteur et mannequin) qui a innocemment laissé son ordinateur pour réparation dans une boutique de Hong-Kong. Dans l’heure, le contenu de son disque dur s’est retrouvé sur Internet. Et, oh surprise !, il contenait un millier de photos de ses conquêtes d’une nuit dans des postures scabreuses et franchement pornographiques. Avant que les autorités ne reprennent les choses en main, ces photos ont eu le temps de passer entre toutes les mains des internautes chinois…