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Chine : Société desharmonisée

JO / vendredi 30 novembre 2007 par Xiao Long
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Les Jeux Olympiques permettront à la Chine de montrer au reste du monde un visage urbain et harmonieux. Une pure façade, la réalité est nettement moins reluisante.

« Hexie shehui » ou « la société harmonieuse » est la dernière doctrine fumeuse de l’« empereur » communiste Hu Jintao. Mis au point lors de la 4è session plénière du XVIème Comité Central du Parti Communiste Chinois en 2004, ce concept base l’action du parti sur quatre nouvelles relations : entre les individus, entre les individus et la société, entre la partie et l’ensemble et, enfin, entre le présent et le futur. Comprenne qui pourra… Toujours est-il que dans une Chine en proie aux inégalités sociales, raciales et administratives, il a de beaux jours devant lui.

Comment en effet insuffler aux nombreuses masses laborieuses chinoises (toujours environ 800 millions), campagnardes et défavorisées, l’envie de « travailler plus pour gagner plus » ? Comment éviter que les quelques 120 millions de travailleurs migrants – bâtisseurs d’un autre âge dans les chantiers à ciel ouvert que sont désormais toutes les villes de Chine, – n’entrent en grève, fragilisant toute l’économie chinoise ? Comment faire pour que la fantomatique classe moyenne chinoise continue de croître et donc de verser son obole mensuelle au régime ? Abracadabra ! Un coup de baguette magique, un zeste de mauvaise foi, une pincée de nationalisme, le tout parsemé de Jeux Olympiques et voilà la « société harmonieuse ».

Pensé comme remède miracle aux maux de la Chine, le pouvoir exhorte ses concitoyens à ne pas exacerber leurs différences (notamment financières) mais à se placer tous ensemble sous la bannière étoilée frappée du marteau et de la faucille. Les JO et la transformation morphologique de Beijing qu’ils impliquent aident bien le régime dans cette quête d’un nouveau contrat social. Un nouveau Beijing pour les urbains, rutilant et à l’image des capitales modernes. Mais une capitale construite sur la sueur et le sang des travailleurs migrants qui seront les grands absents des festivités olympiques. Estimés à 7 millions pour Beijing seulement, ils seront reconduits aux frontières de la province dès leur coup d’envoi.

Une nouvelle ville, terrain de jeux des nouveaux riches sous l’oeil glacial des vidéos-caméras, une nouvelle société harmonieuse dans laquelle les riches vivent en harmonie avec le parti, qui vit en harmonie avec les riches pourra alors exister.

Tous les autres auront perdu au change. Que ce soit les travailleurs-migrants soumis à des rythmes d’esclaves (12 heures par jour, sept jours par semaine pour un salaire mensuel dépassant rarement les 100 euros) ou les paysans dépendent d’infrastructures sanitaires et sociales relevant d’un État central au rythme de vie inchangé ou presque depuis la Grande Révolution de 1949. On ne s’étonne déjà plus des manifestations, révoltes et autres mouvements de contestation qui sévissent en Chine (plus de 80 000 pour l’an 2006, selon les chiffres officiels). Pas plus que du nombre anormalement élevé de suicides chez les femmes rurales (quelque 600 suicides quotidiens selon l’OMS) qui démontrent aussi bien la rigueur des conditions de vie que le machisme de la société traditionnelle paysanne. On ne s’étonne plus enfin de la passivité de la société chinoise dans son ensemble, et ce malgré des appels à participation d’un régime qui se veut chaque jour un peu plus omniscient.

Une caricature publiée le 7 novembre dernier par la très officielle agence de presse Xinhua (Chine Nouvelle) résume à elle seule ce nouveau climat de société desharmonisée. Elle représente des paysans à l’oeil impassible devant le flot des voitures consécutif à l’annonce des congés payés pour les citadins et qui se demandent : « et nous, quand pourrons-nous passer une “semaine dorée” (synonyme de vacances en Chine) ? »

Voir en ligne : In Bakchich n°56

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