La Direction du Renseignement Militaire (DRM) et la Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) sablent le champagne, chèrement acquis sur les fonds spéciaux. Ils ont gagné une augmentation substantielle de leurs budgets. La décision est d’importance… Le pouvoir s’affirme par « plus d’argent et plus de personnel ».
Un coup d’œil rapide permet cependant de voir que ce sont surtout les moyens techniques qui seront principalement bénéficiaires de ces nouvelles mesures. Tout n’ira pas du côté de la DGSE et encore moins vers la recherche par moyens humains, c’est-à-dire vers la Direction du Renseignement, la fameuse « DR », embourbée dans la libération d’Ingrid Bétancourt, dans son absence de vision globale sur l’intelligence économique ou sur l’écologie et le développement durable (depuis le Rainbow Warrior, elle a le mal de mer), dans la faiblesse de ses informations sur le monde qui va comme il va et dans un ego surdéveloppé en terme de lutte contre le terrorisme, affichant fièrement plus de 150 personnes strictement attachées à l’étude de cette menace et déclarant doctement avoir découvert les islamonautes (comprendre les islamistes ayant des sites sur Internet) en cherchant sur un moteur de recherche comme Google.
Bien sûr, on exagère, c’est évident ! Demandez plutôt au conseiller maître Philipe Hayez, juge des comptes de l’État, qui a gardé, après son séjour à la DGSE, quelques bonnes feuilles classifiées de la production du secteur spécialisé. A n’en pas douter, il vous les montrera… si le juge judiciaire ne les a pas gardées… Il aurait mieux fait de les présenter au Premier président de la Cour des Comptes, qui aurait pu évaluer sur pièce la hauteur des dépenses pour rédiger des notes insipides.
Mal lotie, la DR a trouvé la solution : fermer un certain nombre de ses antennes à l’étranger… ce qui est « normal » pour un service qui est censé travailler hors des frontières nationales… Après tout, avec les mêmes sources d’information, les diplomates écrivent en français.
En revanche, la Direction Technique de la DGSE et la DRM sont, elles, beaucoup plus heureuses. La politique satellitaire, la reconnaissance vocale, les interceptions électromagnétiques de toute forme, vont pouvoir enfin connaître le développement qu’elles méritent. Une volonté chiraquienne réalisée par Nicolas Sarkozy. En effet, c’est bien Jacques Chirac qui a voulu l’indépendance nationale avec le projet de satellites Hêlios, ça valait le coup d’être dit. Il est vrai que notre retour dans l’OTAN va changer un peu la donne. Maintenant, on finira par être d’accord avec les Américains pour découvrir des armes de destruction massive en Irak.
Au-delà de l’ironie, sympathique au demeurant, sachons que la Direction Technique travaille étroitement, depuis plusieurs années, avec l’ensemble des services nationaux pour mener à bien une vraie politique de décryptage. Cette dynamique n’est pas le fait du prédécesseur de l’actuel Directeur Technique, M. Barbier, le Général Mathian qui a si souvent présenté sa direction comme un petit dispositif subordonné à la DR.
Monsieur l’Ambassadeur de France Bajolet, comme nouveau coordinateur du renseignement, aura beaucoup à faire pour séparer le mensonge de la vérité. Sa brillante carrière et son intelligence devraient lui permettre de faire la part des choses dans la mesure où il ne laissera pas la place de Pierre Brochand, le DGSE, à un homme du sérail.