Cagoule

À Villiers-le-Bel comme à Grenoble, c’est l’accessoire indispensable pour sortir le soir, avec ses chevrotines façon riot gun ou son magnum de sniper, bref, pour faire comme à la télé et venger le pote qui a pris une bastos en pillant innocemment un casino. Mais l’objet fait une percée remarquée chez les « gens du voyage », qui, lorsqu’ils ne voyagent pas, ont aussi des disparus à honorer, en retournant des bagnoles ou en tronçonnant les tilleuls de la Grand-Place. La cagoule, qui dans l’action assure l’impunité, s’enlève devant les médias, pour l’exposé théorique des motifs. En gros, ces gars acceptent les bienfaits de la République – l’école, la santé, les allocs, les places d’accueil aménagées ou le RSA – mais récusent ses lois, qui les emmerdent injustement dans leurs activités d’épanouissement personnel.

Woerth-Bettencourt, les nouveaux Bonnie and Clyde

Et ils ont en commun des revenus plutôt opaques, un mépris marqué pour les contrôles de tout poil et, souvent, des véhicules de grosse cylindrée, allemands pour la qualité, récents pour la sécurité, et achetés en liquide pour la simplicité (les banques ne prêtent pas aux pauvres). Exactement comme d’autres rebelles qui magouillent bien couverts et jactent à la télé tête nue : voyez sous quelle cagoule le proc de Nanterre ensache le hold-up Woerthencourt, avec sa procédure tricotée main qui ne risque pas de se défaufiler avant l’hiver 2012, au train où ça va. L’enquête préliminaire, c’est comme tous les préliminaires : si on musarde trop, l’un débande, l’autre s’endort, et amen. Car une bonne cagoule, ça te laisse vierge. Comme le papa de L’Oréal, M. Schueller : il a investi dans la Cagoule avec majuscule, à l’extrême-extrêmedroite, puis rejoint les fachos vert-degris de Déat, et ses usines ont miraculeusement tourné sans souci pendant toute la guerre. Il en est sorti plein aux as, et il a eu sa Légion d’honneur. Qui a dit « lui aussi » ? Ah, monsieur, je vous en prie, pas d’amalgame !

A déguster aussi dans Bakchich Hebdo 34, disponible depuis samedi 24 juillet en kiosques