Le gouvernement burundais a signé le 7 septembre dernier un accord de cessez-le-feu avec les FNL (Forces Nationales de Libération), le dernier mouvement rebelle hutu , qui doit mener à la fin de treize années de guerre. Avec le Sierra Leone, c’est le premier dossier de la Commission de consolidation de la paix des Nations Unies, créée il y a tout juste un an pour favoriser la reconstruction des pays au sortir de conflits armés. Lors de la réunion de Bujumbura du 12 décembre, le ministre burundais de la bonne gouvernance, M. Kamana, a tenté de rassurer son monde sur le chapitre des droits humains, précisant que les interventions pour renforcer la justice et les droits de l’homme devraient commencer en 2007.
Pour Human Rights Watch, qui n’était pas invité, la situation en la matière se serait plutôt aggravé depuis octobre, date de la première rencontre de la Commission. Les massacres de Muyinga, concernant une trentaine de civils et commis entre juillet et fin novembre, restent impunis. L’un des suspects, le Colonel Vital Bangirinama commandant la Quatrième Région Militaire reste en fonction, tandis que l’un des procureurs impliqués dans l’enquête a été transféré à un autre poste, apparemment pour sa propre sécurité. Arrêtées au début du mois d’août, sept personnes, dont l’ancien président et l’ancien vice-président du Burundi, accusées de tentative de coup d’Etat, sont toujours emprisonnées. Trois d’entre elles se plaignent d’avoir été torturées. Enfin, Au cours des sept derniers mois, le gouvernement a jeté en prison trois journalistes et deux militants de la société civile sous des accusations que Human Rights Watch juge excessivement vagues et peu justifiées. L’un des interpellés n’est autre que le président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et les Malversations Économiques (OLUCOME).
Au moment de la signature du cessez-le-feu, Alice Nzumukunda, la vice-présidente de la République, démissionnait en dénonçant la corruption et les violations des droits de l’homme par les autorités et le parti au pouvoir. Pour avoir la paix, il y a vraiment des langues à couper !