Jean-François Revel avait une qualité, il picolait beaucoup mais jamais seul. J’ai donc souvent profité de sa phobie du verre vide, du verre solitaire, et partagé le trop plein de son Dom Pérignon. J’ignore si Alexandre Adler aime boire, mais il devrait s’y mettre, ou alors il devrait avoir un fils moine chez le dalaï lama. Enfin, essayer un truc qui calme… Si je parle d’Adler en évoquant Revel, c’est que ce sont les mêmes, des types qui passent leur vie à se tromper en essayant d’entraîner les autres dans leur univers de peurs imaginées. Jean-François a vendu des milliers d’exemplaires dans lesquels le communisme triomphait à la fin. C’est la Sarraute qui était contente, ça mettait de l’Ariel dans la machine à laver du couple.
Imaginez que vous êtes en TGV, et que vous regardez de grandes forêts qui défilent… Imaginez que ces arbres vont être coupés pour imprimer de l’Alexandre Adler. Si encore c’était en alexandrins ! C’est ici que l’œuvre de l’éditorialiste du Figaro rejoint celle de Revel : des forêts englouties.
Ce préambule pour vous dire qu’en dépit de la dernière chronique hystérique d’Alexandre, il n’y a pas le feu au lac et que tous les amis que sa déraison étouffe feraient mieux de penser à tous ces hêtres qui passent à néant.
Le 3 octobre, piqué par rien puisque ce n’est plus la saison des abeilles, le bon Alex nous explique, dans le Figaro de Dassault, qu’en ces moments de crise, la France est menacée par un fascisme qui ne devrait tarder à triompher. Un crétin de mon espèce, gavé de Brecht et Kurt Weil, pense tout de suite à un Front National qui deviendrait bête immonde. Pas du tout, le danger c’est l’extrême gauche : chez Besancenot il y a du Hitler qui sommeille.
Même moi qui n’aime pas trop ces trotskystes nourris d’idées policières, ça me fait rigoler. Rigoler parce que j’ai vu Revel écrire de semblables conneries. Des pensées comme celle-ci ne peuvent se combattre par une argumentation logique. Le seul traitement, c’est la psychanalyse. Quand un ami trop saoul se prend pour Napoléon, il faut le laisser seul avec son chapeau, le contredire pourrait être un choc fatal. Avec Adler c’est pareil : cause toujours Alexandre.
Ce qui indique le fascisme à notre gros oracle, c’est d’abord « la pamoison » que certains intellectuels français auraient pour Cesare Battisti ou Marina Petrella, des anciens brigadistes italiens réfugiés en France avec la bénédiction de Mitterrand. Ce qui l’aggrave, c’est le courant des négationnistes qui contestent que ce qu’on leur a dit sur le 11 septembre soit la vérité…
Là, Adler oublie de citer Bigard, l’ami de son ami. Comme Alexandre a fait des études, on se dit qu’il va, en trois points, thèse, antithèse, foutaise, nous dérouler une belle mécanique, comme on les aime à sciences po. Que dalle. Alexandre, plutôt que démontrer, assène subitement cette phrase rigolote : « Certes le Parti Socialiste n’est pas sur les positions de l’extrême gauche sociale fasciste ». Et toc. Le gros loustic ne démontre rien, il nous tend ses tables de la loi. Ah bon. Mettons donc une petite moustache à Krivine, Arlette, Olivier et les autres, puisque c’est Adler qui le dit.
Et qu’imagine notre ami pour contrer cette peste brune cachée sous une casquette de facteur : le sursaut du parti Socialiste. Souvent je déprime, j’ai même failli crever. Ca aurait été dommage de mourir si vite, sans avoir lu dans le Figaro, Adler souhaiter une résurrection du parti de Georges Frêche.
Revenons aux fondamentaux, comme dirait Ségolène. Quel est le problème d’Adler ? Il est simple : défendre son ami Cukierman, ancien président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF). Ce dernier a, un peu rapidement, traité les trotskystes de la Ligue Communistes Révolutionnaire, mouvement de Krivine et de Besancenot, de mouvement « antisémite » faisant aisément alliance avec le brun du nazisme. La Ligue, peu rieuse, s’en mise en colère en traînant le pauvre Cukierman devant les tribunaux. Voilà en réalité, les raisons de la colère d’Alex. Pas de quoi couper des arbres.
Lire ou relire sur Bakchich.info :
L’édito d’Adler dans le Figaro était assez énorme effectivement.
Par contre je ne comprends pas cette phrase dans l’article ci-dessus : "Même moi qui n’aime pas trop ces trotskystes nourris d’idées policières, ça me fait rigoler. "
Quand on connaît les positions de Besancenot par rapport à la police, c’est assez comique de sous-entendre qu’il pourrait être "nourri d’idées policières". C’est plutôt clairement l’inverse !
Il est vrai que les influences libertaires sont fortes à la LCR… (encore plus au NPA)
Cher Toto, Permetez-moi de vous appeler cher Toto. Si vous confondez l’anarchie de Proudhon, Fourier, Bakounine, Makhno et de notre sainte Louise Michel avec la théorie et la pratique du petit Léon, chef des flics dans la révolution bolchévique, il faut vous acheter des livres… Bien à vous
JM Bourget
Chers Toto et très estimé J-M Bourget,
Pour vous réconcilier : En ces temps où l’idée (…mais le krach Argentin nous a montré que ça s’arrêtait à l’idée….) commence à germer chez tout un chacun de répertorier les lampadaires afin de pendre le dernier des banksters avec les tripes du dernier des spéculateurs,l’option d’un Politïtchiéskiï Komissariat /Pol-Kom (Makhno ou pas) n’est pas a repousser : lire l’article de Bellaciao "Sarko nomme Rouillan afin de moraliser le marché spéculatif" .
Du Robespierriste,
Âne de Démocrite
PS pour SLANG (voir messages précédents) : la foutaise de BHL, fin des années 70, sur le "fascisme prolétarien" mix de "l’extrême-droite Chiraquienne" et du "Communisme souriant" a été recyclée à l’envie au milieu des années 90 avec l’hypothétique "Complot rouges-bruns" (qui n’a jamais existé)
Cher Jacques-Marie, figurez-vous que les auteurs anarchistes que vous citez font partie des références d’OB, bien plus que le vieux Léon (qui n’avait effectivement rien d’anarchiste). Il cite régulièrement Louise Michel ou Durruti lors de ses meetings. Eventuellement Karl Marx (très rarement) ou Rosa Luxemburg, mais je ne l’ai jamais vu citer Trotski.
Je pense que pour juger OB ou la LCR, il vaut mieux se baser sur leurs prises de positions politiques actuelles (frontalement opposées à l’Etat policier et à l’étatisme en général) que sur les actes de Trotski ou Lénine il y a bientôt 100 ans, sous prétexte que la LCR serait un parti trotskiste (ce qui est loin d’être exact aujourd’hui).
Vu le nombre d’anarchistes déclarés (issus de la CNT, la CGA etc) présents dans le NPA (et déjà, dans une moindre mesure, dans la LCR), ce genre de clichés dépassés prête à sourire, c’est tout ce que j’en disais. Nous ne sommes visiblement pas de la même génération… ;)
Dans le même genre prescience débile, BHL (encore lui) n’était pas mal non plus, qui prévoyait au milieu des années 70, à côté des barbaries socialiste et capitaliste, l’instauration en France d’un "fascisme prolétarien", mix de "l’extrême-droite chiraquienne" et du "communisme souriant".
Quel crédit attacher – c’est le mot – à ces foutaises ?