Avec L’Emeraude du Pape, Claude Mossé nous plonge dans une envoûtante quête à la recherche de l’émeraude inestimable du Pape. Si on commence à voler l’Eglise où va-ton ?
L’Emeraude du Pape ? Gare au roman ! Attention, je n’ai pas écrit roman de gare. A propos de roman de gare, la littérature est souvent ce que l’on trouve de mieux dans les stations ferroviaires chères à monsieur Pépy, le raffiné président de la SNCF. J’aime beaucoup ces bouquins capables de tenir un Nice-Hazebrouck sans choir des mains. A propos de chute, L’Emeraude du Pape, elle, est tombée de la tiare, le saint chapeau de Clément V, lors de son couronnement à Lyon en mars 1309, ce qui ne nous rajeunit pas.
Claude Mossé a fait un polar de cette pierre qui roule sans amasser mousse (comme on le dit dans la marine). Trêve de sottises, ce livre est un Da Vinci Code à la française. C’est-à-dire un moyen d’apprendre l’histoire et la géopolitique du monde tout en s’amusant, débarrassé de ces obsessions américaines qui peuvent faire ressembler un bouquin à un catalogue de sectes, ou à l’annuaire des psys de New York.
Donc l’émeraude roule… et disparaît du couvre chef et des mémoires jusqu’à aujourd’hui où une cohorte de malfaisants se réveille enfin pour retrouver le saint caillou vert qui pèse 20 000 carats et, surtout, un paquet de thunes. Surtout que la pierre possède, bien sûr, une vertu philosophale, magique, qui, elle, n’a pas de prix. En temps de crise compter sur le seul magicien Sarko I est se montrer bien optimiste. Lui qui n’a aucune pierre sur, ou dans son chapeau. Heureusement, dans cette quête à l’émeraude existe un bon et honnête journaliste poussé dans la bordure par l’âge celle de la retraite, et qui a donc du temps libre pour jouer les Philip Marlow. Heureusement aussi qu’il a bonne copine qui tient les archives de Carpentras. Ne riez pas, c’est vrai que cette petite ville papale, où l’on aime bien Le Pen, détient de magnifiques documents anciens, on dit des « incunables », des grimoires qui racontent les petites histoires des papes quand ils vivaient en Provence, cul compris.
Ainsi donc, au lieu de m’égarer (dans un faubourg de Carthage ?), je reviens à Clément V et son talisman. Ça bagarre dur autour de la pierre. Le Vatican avec Veillot et Marchinkus, deux Machiavel en rouge, avec ses amis de la Loge P2 met le paquet sur le caillou ! Un condottiere mari d’une jolie femme nymphomane et intrigante, ce qui n’est pas exclusif, un bijoutier tueur et très lapidaire, un dominicain défroqué, un monseigneur espagnol et un agent des services américains, voilà, en gros l’équipe. Le match se joue entre Rome, Paris, Avignon et New York mais apparaissent aussi des figurants, produits des métastases politiques de la planète : combattants palestiniens, kurdes, Farc de Colombie et autres guérilléros pas contents.
La fin est bien sûr inattendue. C’est la loi de ces romans historiques, un genre très français, dont Claude Mossé, à défaut d’en être une émeraude, en est une perle.
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