Avec La comédie indigène, Lofti Achour décrit le mécanisme d’infantilisation des peuples colonisés, mais pour le faire, le metteur en scène se saisit à son tour d’un bâton de maître d’école.
La maxime du jour, par le Dr Jacobus X : « À vouloir blanchir un Nègre le barbier perd son savon. » Rires francs du public. « Le chinois est lubrique, le nègre dispose de l’appareil génital le plus considérable, l’Arabe est sodomite… » : l’anatomie indigène expliquée aux colons. C’est ainsi que Lofti Achour introduit son anthologie du pire, listant avec application la collection inépuisable des clichés racistes véhiculés par l’intelligentsia occidentale depuis près de deux siècles.
Les textes choisis par le metteur en scène ne témoignent pas seulement de l’ignorance crasse d’une communauté scientifique restreinte. On écoute, consternés, les citations de nos grands auteurs, ceux-là même qui ont fondé les jalons inébranlables de la Culture française. Victor Hugo : « La colonisation, c’est la civilisation qui marche sur la barbarie. C’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. » Tocqueville : « La religion de Mahomet est la principale cause de la décadence (…) du monde musulman ». Et même, l’un des deux plus éminents théoriciens socialistes allemands, Engels : « Si l’on peut regretter que la liberté ait été détruite, nous ne devons pas oublier que ces mêmes bédouins sont un peuple de voleurs ».
On rit déjà moins. Au centre de la scène, une grande baie vitrée rappelle habilement les parois d’un parc zoologique, dans lequel on imagine aisément comment les meilleurs « spécimens » humains étaient présentés lors de l’Exposition coloniale en 1931. Ce mur de verre, pas tout à fait translucide, renvoie en même temps aux spectateurs des premiers rangs leur propre image en reflet. Qui est la bête ?
« Tais toi, je sais mieux que toi qui tu es. Ce que tu sais et dis à mon sujet ne compte pas ». « Ne me demande plus de me situer par rapport à ce que tu as dit sur toi-même ». « Ces images parlent de l’occident d’abord et de sa déraison ». Ces paroles, empruntées à l’historien camerounais Achille Mbembe, sont l’écho direct de la réponse de Lofti Achour aux intellectuels et politiciens modernes, partisans de la loi sur les bienfaits de la colonisation (et sont aussi un contrepoint cinglant au discours de Nicolas Sarkozy à Dakar).
Voilà pour le message. Et il passe.
Mais le jeu parfois trop appuyé des comédiens, fait glisser de temps à autre le spectacle d’un burlesque pathétique vers une succession de sketches à caractère pédagogique. On arrive à une ingurgitation forcée de textes dont on n’identifie plus clairement les contours, ni les auteurs. Pour finir, l’homme noir habillé de noir surgit du fond de la salle, et déclame sa sentence accusatrice à l’homme blanc habillé de blanc, qui lui, pour une fois, se tait, et… baisse les yeux, penaud.
On aurait aimé que le travail salutaire de mémoire entrepris par Lofti Achour s’achève sur une chute moins parodique. On assiste à la mise au piquet du « Blanc » par le « Noir », et le petit cancre n’aurait plus, alors, qu’à effacer son ardoise par un : « Promis, je le referai plus… »
La Comédie Indigène de Lotfi Achour au Tarmac de la Villette, Parc de la Villette, Paris, 19ème. Jusqu’au 27 octobre, et à Grenoble les 4 et 5 décembre. Représentations du lundi au samedi à 20h. Informations au 01 40 03 93 95 et http://www.letarmac.fr/
Pourquoi ne ririons nous pas de nous même ? On devrait tous se regarder dans la glace, on ne voit que le brin de paille dans l’oeil du voisin. Mais n’est pas ce tout, qui fait la vie et le monde. Si nous étions tous pareils qu’est ce qu’on s’ennuirais…Et si nos différences servaient simplement à l’enrichissement des uns et des autres. En se mélangeant, elle devient plus belle cette race humaine ( unique malgré sa palette de couleur), plus expérimentée, plus tolérante, plus dynamique. Rions de nous, de nos particularités, de ces défauts même qui font notre spécificité. Le français est pour l’africain le symbole du " mal élévé", le camerounais le " filou", le chinois est le "chat",le gabonais " le bourgeois" l’italien : " le blanc viril",Vous voyez qu’il y en a des exemples pour tout le monde. C’est ça qui fait que nous communiquons : nos défauts et nos qualités pourquoi devriont nous en rougir, on est comme on est. L’italienne est " classe", la français " discrete", l’africaine "hyper coquette", l’allemande " pratique".Et alors ? C’est ce qui fait que nous échangions et que les femmes forment le plus beaux bouquets de fleurs du monde.Sinon, nous serions tout des Robinson Crusoé sans Vendredi. Les hommes seraient alors muets.
Nous avons la particularité d’être conscient de notre existence, de notre beauté, de notre intelligence, de nos dons particuliers et on ne s’aime pas ! On n’aime que son nombril et encore…Alors pour fuir la vie et l’autre. On s’interesse au neutre : on scrute les étoiles, on rêve de vivre sur la lune, on aime le sexe opposé, les chiens et les enfants. Mais la réalité on la fuit. Cette vérité, ce sont ces êtres humains coéxistant sur la même planète. Ils pleurent tous,saignent tous, espèrent tous à une vie plus simple naturellement. Mais ces terriens, les préjugés, les clichés et l’intelorance, leurs interdisent de s’aimer parce qu’ils ne se ressemblent pas…Ah qu’il est dur d’ouvrir les yeux aux hommes sur les choses simples, surtout les plus intelligents, les soient disant instruits.
Alors rions un coup !
MARIAKITA GARCIA
1. Elle n’est pas corse (Simoncini c’est italien)
2. Ce n’est pas vraiment une apologie.
Je suppose que vous etes ironique en sous-entendant que les corses sont des xenophobes en puissance, auquel cas je trouve ça aussi idiot que de dire : "les arabes sont tous des voleurs". Des racistes et des voleurs y’en a de toutes les nationnalités (malheureusement).
Ca me semble tellement évident, mais étant d’origine corse, je me suis senti obligé d’intervenir sur ce commentaire.