Il y a parfois, comme ça, de bonnes nouvelles : la levée de boucliers devant la réintégration dans le giron vaticanesque de cet immense salopard de Williamson. Exemple à suivre.
On savait que l’Église catholique abritait des fanatiques, des fous du blanc, des royalistes qui chialent tous les 21 janvier en l’honneur de feu Louis XVI, des brouteurs de Jeanne d’Arc cantiquant le 1er mai avec Le Pen en bas de la rue du Louvre du temps qu’il était vivant, des adorateurs du vrai-faux-saint-suaire, des tripoteurs d’orphelins, bref, toute une panoplie de délirants que les croyants vertueux et généreux, genre soeur Emmanuelle ou Térésa, avaient bien du mal à contrebalancer. Côté négationnisme, on était dans le flou. On savait bien que les papes précédents avaient soutenu toutes les dictatures sans exception aucune, allant jusqu’à faire la risette à un mécréant comme Mussolini, et en passant par Franco, Salazar, Papa Doc, Pinochet, pour ensuite feindre l’innocence avec des grands larmoiements de compassion pour ces « glissades ». Mais sur la Shoah, on pensait qu’il n’y avait pas photo.
On savait, évidemment, que Pie XII ne détestait totalement pas ce grand bourru d’Hitler qui remettait enfin de l’ordre dans la juiverie européenne et permettait à de bons chrétiens de débarrasser l’État français de tous ces rouges qui, via le Front populaire, avaient souillé la fille aînée de l’Église en lui plantant les congés payés dans le fion. On savait bien que les fameuses 400 familles trempaient leur portefeuille dans les bénitiers avant d’exploiter le prolétaire, et on sait même qu’un bon paquet d’entre elles continuent à le faire, notamment dans ces arrondissements parisiens où deux mètres carrés d’appartement coûtent une année de SMIC. Puisque le zoo de Vincennes est fermé, si vous voulez voir de drôles de bêtes, allez flâner à la sortie de la messe du côté de Saint-François-Xavier. Il faut bien que le bouclier fiscal serve à quelque chose.
Remarquez, les orthodoxes n’étaient pas mieux, il y a à peine trente-cinq ans, ils taillaient des plumes aux colonels d’Athènes, et les protestants des diverses églises américaines, maintenant que l’ère Obama a passé l’éponge, ne se souviennent même plus d’avoir dit les Grâces dans les barbecues du Ku-Klux-Klan. N’oublions pas, comme échantillon de fraternité chrétienne, la manière dont les anglicans, en 1848, ont trouvé moral que leurs chers amis de la City et du commerce laissent crever ces salauds de cathos irlandais en refusant de leur livrer des semences de maïs quand leurs pommes de terre sont tombées malades en faisant par famine deux millions de morts et deux millions d’émigrés.
Mais tout ça, on le savait, c’est, comme dirait Sarko, le coeur de métier des gardiens de notre culture judéo-chrétienne. Avec ce monseigneur qui n’a pas vu les chambres à gaz, on fait un pas de plus dans la visite du système, car enfin, s’il ne les voit pas aujourd’hui, il ne les a sans doute pas vues quand il a été évéquisé, ni encore avant, quand on l’a prêtrisé. Dans le fond, on ne connaît pas grand chose de son CV, à ce loustic. Qui sait, vu son âge, il a peut-être été ordonné à la régulière, dans les clous du Vatican : décidément, l’entretien d’embauche est léger, dans l’Église catholique – ou alors, comme le fait remarquer avec une angélique monstruosité la Fraternité Saint Pie X, elle ne s’intéresse qu’à « la foi et la morale ». Les chambres à gaz, c’est pas dans le domaine de la morale ?
Heureusement, la LICRA a communiqué son indignation ; ça ne rajoute pas grand chose. On voit bien qu’il n’y a pas besoin de lancer trente procès par an pour des futilités qui n’égratignent que les paranoïaques et les champions de la police mentale. Quand il y a une vraie saloperie dans l’air, même sans tribunal, ça pète dans tous les sens. Le gugusse Williamson ne sera jugé ni en Suède, ni en Angleterre, ni en Argentine, mais il est désormais habillé pour l’hiver autrement plus chaudement que si on l’avait traîné au tribunal de Bobigny, selon les rituels habituels. Même là où des inconscients vivent sans loi Gayssot, il s’en est pris plein la gueule : bravo !
Bon, maintenant, on attend la suite. S’affoler sur les conneries du Berger Allemand, pardon, du Pasteur Germanique Benoît XVI, c’est bien. Maintenant, on va filer la claque aux imams qui préconisent (au Maroc ou au Yémen, par exemple) le viol matrimonial des fillettes de neuf ans au nom de la chariah, et aux taliban (taliban ne prend, paraît-il, pas de s au pluriel ; on dit un cinglé, des cinglés, mais : un taliban, des taliban) qui découpent, façon Mengele, un ingénieur polonais dans le cadre divin du djihâd. Et puis, attention : en Israël, Iahvé est dans le coup aux côtés des ultranationalistes auxquels ils conseillent d’éliminer tous les arabes de la région, pour nettoyer le secteur façon kärcher et se retrouver entre croyants de bonne compagnie. Remarquez, le mollah fondateur du Hamas ne rêvait pas d’autre chose… La barbarie, de nos jours, n’est pas une autre façon de faire de la politique, c’est un moyen d’appliquer la loi de Dieu pour se faire des places au parking. Bref, quand on commence à sonder l’intégrisme, qu’il soit de la croix, du croissant ou de l’étoile, on trouve les mêmes poisons, les mêmes aveuglements, les mêmes crimes.
Moi, je voudrais qu’on entende les mêmes cris. D’abord, que les laïcs, les athées et les agnostiques, qui ne trempent pas dans cette misère, mais se sentent toujours obligés, par politesse, de mettre la pédale douce, montent en première ligne sans se demander s’ils sombrent dans l’antisémitisme ou l’antiarabisme dès qu’ils se risquent à dénoncer d’insupportables violences, car une religion ou une communauté qui refuse de condamner son propre extrémisme ne saurait demander qu’on la traite avec tolérance. Et que les musulmans ou les juifs que révoltent le fanatisme et ses dérivés politiques – c’est, j’en suis sûr, l’immense majorité – le dénoncent avec autant d’énergie que des tas de chrétiens ont, tout de même, eu les couilles de le faire en sonnant le tocsin dès que l’affaire Williamson a éclaté. Même si, pour sauver les apparences, certains nous susurrent que peut-être Herr Benoît était « mal informé » : ils n’y croient pas eux-mêmes, et enfoncent le clou dans le pied du Pape en voulant panser la plaie.
Parce que, franchement, pour un mec qui s’est auto-proclamé infaillible, quelle faute !
Je paierais cher pour voir la tronche de Buzinet quand il croisera Dieu quelques instants après sa mort ….
Il va en faire une jaunisse !
Dieu ? lequel ? celui des taliban ? celui de Williamson ? celui des massacres de Gaza ? Et si c’’est le même, pourquoi ils se tapent sur la gueule en tuant des petits enfants ?
Et puis, après tout, pourquoi Dieu ferait-il une jaunisse ?
Depuis le temps qu’il voit des horreurs…
Comme disait Brel : Moi, si j’étais le Bon Dieu, Je crois que j’serais pas fier, D’accord, on fait ce qu’on peut, Mais, y a la manière…
explication de texte : c’est Buzinet qui va faire une jaunisse.
Et puis, c’est pas très gentil de traiter Buzinet d’horreur …
Brel, j’aime beaucoup. Woody Allen c’est bien aussi :
"Si Dieu existe, il a intérêt à avoir une bonne excuse…"
Chouette, merci pour la signification de Talib, je viens d’apprendre quelque chose :)
Sinon, pour l’auteur de l’article, ok, mais ce serait bien pour rendre l’expose parfaitement credible de ne pas souligner a plusieurs reprises le fait que le pape est allemand, avec des "Herr Benoît" ou encore "Berger Allemand", "Pasteur Germanique". Il convient certainement de rappeler que tous les allemands ne sont pas des nazis, qu’il y a eu des resistants allemands et que Pie XII n’etait pas allemand ce qui ne l’a pas empeche de collaborer, comme une grosse majorite des francais, ne vous en deplaise.
Rendez donc visite aux allemands, faites connaissance avec eux ce sera certainement plus constructif, et ca ira dans le sens de "connaitre l’autre" ce qui est encore le plus sûr rempart contre la haine…
Pour "taliban", je me fiais au dictionnaire : ce qui prouve que Robert a encore des progrès à faire !
Pour Herr, cela veut simplement dire Monsieur en français.
On n’a pas mis les patins (même dans Le Parrain, livre et film) pour évoquer les "complaisances" des papes italiens avec la mafia ; il n’y a pas de raison d’être plus délicat avec un pape allemand. Car quiconque connaît vraiment l’Allemagne sait bien de quelle mansuétude ont bénéficié, pour se "reclasser" dans l’innocence générale, des tripotées de gens qui ont bossé à la "solution finale" en toute connaissance de cause. Seuls les gros bouchers ont trinqué - souvent après des années de respectabilité spontanément retrouvée. Cela n’exclut pas le repentir collectif, surtout pour les générations d’après-guerre. Mais les gens de la génération du pape ont attrapé des rhumatismes aux paupières à force de fermer les yeux…
Quant aux "résistants allemands",moi je veux bien, c’est comme les poissons volants, il y en a, mais ce n’est pas la majorité des poissons - et à force d’évoquer leur ombre, on va finir par faire croire qu’ils étaient des millions ! L’année dernière, un étudiant en histoire allemand, ami de ma fille, m’a soutenu sans rire qu’il y avait eu, pendant la guerre, plus de collabos en France que de nazis en Allemagne…
Gardons la tête froide : réintégrer des mecs aussi toxiques que ces évêques (Williamson n’est que le pire d’entre eux : scrutez les autres, ils ne sentent pas bon …) est un acte volontaire, qui vient après la béatification de l’Opus Dei et autres signes d’un amour immodéré de l’ex-cardinal Katzinger pour une église très très très à l’extrême-droite de Dieu ! L’idée que Benoit XVI n’ait pas lu une fiche sur le passé et les idées de Williamson est tout simplement aberrante quand on sait que la Curie romaine, c’est la DGSE plus le FBI plus la Stasi… Quand un évêque pète, deux heures plus tard, le pape a l’analyse des gaz en cinq langues !
En fait, quoiqu’ayant la nationalite francaise, je vis a Berlin depuis qq annees. Je connais assez bien l’allemagne ainsi que la signification de "Herr". Vous auriez pu rajouter dans votre argumentaire les anciens reconvertis de la Stasi que l’on trouve chez die Linke.
Le probleme c’est que je ne tente pas de nier quelque crime que ce soit commis par des allemands, je critique un procede rethorique qui les met tous dans le meme panier.
Sur le fond, je ne soutiens en aucune facon ni le Pape (qui ne m’interesse pas), ni les integristes ni les revisionnistes quels qu’ils soient.
Je souhaite seulement rappeler que les jeunes allemands ont entendu toute leur jeunesse qu’ils sont des enfants de monstres. Ils passent leur temps a se couvrir de cendres des qu’on s’approche du sujet. Dans le meme temps beaucoup de francais ne semblent connaitre des allemands que leur manque d’humour, les birkenstock avec chaussettes blanches, Mercedes et Hitler. C’est un peu leger et inquietant pour une reelle construction europeenne (celles des peuples).
Je souhaite simplement que vous consideriez les nombreux allemands qui pensent comme vous - et qui condamnent le Pape - comme des amis. Ils seront la le jour ou nous aurons besoin d’eux.
J’oubliais de dire que j’ai travaillé pendant trente-quatre ans à cinq kilomètres de la frontière allemande, et que j’ai même bossé à Fribourg en Brisgau, à Heidelberg, à Berlin : il ne faut jamais préjuger de l’ignorance d’autrui. J’ai même des souvenirs très précis : dans les années 70, il y avait, à l’Université de Friburg, des profs (je pourrais en citer trois ou quatre…) qui avaient fait cent fois pire qu’Heidegger, exhibaient sur leur bureau leur photo en petit soldat du Reich, et qui se vantaient dans leurs cours d’avoir viré Husserl ! A la fin de la guerre, on les a moins emmerdés que, chez nous, Sacha Guitry ou Arletty : en fait, on ne les a pas emmerdés du tout.
Ce qui ne veut pas dire qu’aujourd’hui, tout cela n’est pas moralement rentré dans l’ordre. Tout va bien, désormais, et l’indignation est aussi vive, contre Williamson et le pape, chez les jeunes allemands qu’en France.Notez toutefois que si le gars peut dire "persiste et signe" à une interview du Spiegel, c’est qu’il pense trouver tout de même un peu de compréhension outre-Rhin…