A la mode du carnet de voyage, Willem, le dessinateur de Charlie Hebdo et de Libé, s’est pris au jeu. De Ougadougou à Anvers, il a illustré sur ses cahiers ceux qui lui passaient sous le nez. Son nouvel album, « Partout », sorti aux éditions Cornélius, rassemble ses deux dernières années de pérégrinations.
Entre 2005 et 2007, au cours de voyages professionnels ou de vacances, et au fil des saisons, Willem n’a pas perdu une occas’ de croquer les individus qu’il croisait sur son chemin. En terme d’album, ça donne une trentaine de pages, une vingtaine de pays différents et une galerie de personnages qui flottent sur des pages blanches. On est loin du carnet de voyage classique.
En passant par la Hollande, on distingue une grosse dame, attifée comme pour l’opéra, qui roupille ; à Madrid, les caballeros discutent derrière leurs vastes lunettes de soleil et à Pékin, une serveuse profite de sa pause pour faire un peu de « oulaoup », dixit Willem, ravi de raconter la petite histoire de cette jeune chinoise. « Dès qu’on a dessiné une personne, on la possède, on ne l’oublie pas » précise le spécialiste. Les croquis ont d’abord été publiés dans Charlie Hebdo, en noir et blanc, en gris ou en couleur. Mais les teintes de Partout ont été choisies par l’éditeur lui-même, « Cornélius à d’autres idées, on se connaît depuis longtemps, je lui fais confiance » tient-il à préciser. « Moi je travaille juste avec mon feutre noir et je ne prends jamais de photo, je dessine sur place ». Voilà pour la méthode Willem. En général, c’est vu du zinc qu’il choisit ses cibles. « Le bistrot est un lieu de rencontre, ce qu’il y a de civilisation », et on n’en doute pas au vu du nombre des bons buveurs attrapés par le feutre de Willem. Rien n’échappe à l’œil averti et parfois féroce du caricaturiste.
En 2002, son album Ailleurs était publié par la même maison d’édition. A la différence que, dans ce premier « tome », il y avait textes et paysages, à la façon des carnets de voyage plus traditionnels. « J’en avais marre des décors de carte postale, je préfère aller à l’essentiel, les gens » confie-t-il. Avant d’ajouter « Par contre je voulais un titre aussi bref que le premier ».
Pas question de perdre du temps avec les détails dans Partout. « Il faut trouver partout ce qui appartient au pays ou à la ville dans laquelle on se trouve ». Sauf que Willem avoue ne passer parfois que quelques jours dans un endroit. Et même s’il préconise « d’éviter le touriste », ( il « aime pas les touristes »), il n’a pas résisté à l’envie d’en griffonner quelques uns à Tallinn ou à Hanoï.
Pas de place pour les longs récits. Seules quelques phrases ou mots ont survécu, ici et là, à l’épuration. On distingue un titre, « The Irish Times », sur le journal d’un Irlandais ou encore un sticker avec le dicton suivant, « Le crayon de dieu ne fait pas de gomme », collé sur le pare-brise d’un scooter. « C’était trop beau ! » s’exclame Willem avec allure, avant d’assurer avec plus de retenue : « mais vous savez je ne fais pas de l’art ». On a du mal à y croire…
L’autre petite actualité de Willem : une exposition entière lui est dédiée jusqu’au 31 août, au Musée de la presse d’Amsterdam, www.persmuseum.nl/. (en néerlandais).
© Editions Cornélius