A Paris, les jeunes militants UMP ont du mal à se mobiliser pour la bataille des municipales. Il est vrai que les sondages ne leur sont pas favorables. « Bakchich » a mené l’enquête dans le 12ème arrondissement, où l’UMP affiche le tandem médiatique Christine Lagarde/Jean-Marie Cavada.
Samedi 26 janvier. 9h30. C’est enfin le jour de l’ouverture de la permanence de campagne de Jean-Marie Cavada, une semaine après l’ouverture du QG de campagne des socialistes. Le rideau de fer est toujours baissé. Devant le 117 rue de Charenton, trois militants discutent : « Il faudrait quand même que l’on ait les tracts aujourd’hui. Ce n’est plus possible, les socialistes distribuent les leurs depuis longtemps ».
Deux conseillers de Jean-Marie Cavada expliquent aux militants que l’essentiel, ce ne sont pas les tracts, mais le contact direct de leur candidat avec les habitants du 12ème. L’argument plaît. Pour tous, c’est ce manque de contact qui a fait échouer Arno Klarsfeld aux dernières législatives face à la socialiste Sandrine Mazetier.
À droite comme à gauche, on s’accorde à dire que le 12ème arrondissement est un enjeu majeur du scrutin des 9 et 16 mars. Ses 85 000 électeurs vont avoir l’embarras du choix. La maire sortante, Michèle Blumenthal (PS-PCF-PRG) se représente. Les Verts ont leur propre liste. Corinne Lepage (Modem) et Jean François Pernin (ex-UDF), maire du 12ème de 1995 à 2001, vont se disputer l’électorat centriste. A droite, l’UMP mise sur le tandem Jean-Marie Cavada et Christine Lagarde pour conquérir cet arrondissement.
L’association de la ministre de l’Économie et des finances avec l’ancien journaliste, transfuge du Modem, a été pensée pour reprendre des voix au centre. Avant d’être socialiste, la mairie du 12ème était UDF avec Jean François Pernin. Au premier tour des dernières élections présidentielles, François Bayrou y a remporté 22,4% des suffrages, soit plus que sa moyenne nationale.
Mais la tâche du binôme UMP ne sera pas aisée car l’arrondissement semble pencher plus du côté de la gauche. Au second tour des présidentielles, Ségolène Royal y a obtenu 52% des suffrages. Aux dernières législatives, la candidate socialiste Sandrine Mazetier a été élue à 55,85% : un camouflet pour son adversaire UMP, Arno Klarsfeld.
Ce samedi matin, une militante blonde emmitouflée dans un grand manteau, est pendue à son téléphone. C’est Cindy Laborie, 27 ans, la responsable des jeunes UMP du 12ème. « Cette campagne est moins bien organisée que celles de 2007. On ne peut pas mener de front toutes les campagnes », explique-t-elle à voix basse. Elle bat le rappel de ses troupes par téléphone : seules trois militantes se sont levées ce matin. « Les jeunes sont moins mobilisés, on a du mal à les faire venir. Pour ne rien arranger, en ce moment, ils sont tous en partiels ».
Parmi la trentaine de jeunes militants du 12ème, seuls quelques-uns sont vraiment engagés, ceux qui étaient là avant la présidentielle. « À l’époque, il y a eu une arrivée importante de nouveaux militants. Tous avaient pris goût au collage d’affiches, à la distribution de tracts parce que l’enjeu était exceptionnel. Mais cette campagne est moins évidente ».
Aujourd’hui, ce qui préoccupe surtout Cindy Laborie, c’est de savoir quelle sera sa place sur la liste de campagne. « Il n’y a pas assez de jeunes sur les listes. J’espère que je vais être 6ème ou 9ème ». Dans le 12ème, l’UMP vient juste de publier sa liste. Sans surprise, Jean-Marie Cavada est en tête de liste, suivi de Christine Lagarde, Vincent Casa… et Julien Rey en cinquième position, un transfuge du PS avec Delphine Soumah.
« Cavada, il est pas mal pour un parachuté. C’est toujours mieux que Klarsfeld. Au moins, il va sur les marchés et rencontre les gens, ce que Klarsfeld ne s’est jamais donné la peine de faire », affirme Magaly Duval. Cette étudiante en droit des affaires est militante depuis trois ans. Elle a grandi dans une famille de gauche originaire du Havre, comme Christine Lagarde.
Elle ne ménage pas cette dernière : « Elle n’est pas assez populaire. Malgré ses bons sentiments, elle restera toujours une aristocrate un peu coincée. Je l’appelle Madame la Marquise ». Magaly Duval ne se considère pas comme une sarkozyste, mais comme une gaulliste : elle se dit de droite, chrétienne et avec des valeurs sociales. « On a pris beaucoup de retard dans ce début de campagne à cause de « l’ouverture ». Les têtes de listes ont été données trop tard ». Celles de l’UMP ont été présentées le 29 novembre dernier, avec un mois de retard, alors que le PS a annoncé les siennes le 19 octobre.
« Je n’ai pas vraiment envie de les gagner, ces élections, parce que je ne veux pas de Panafieu pour Paris, et je ne suis pas la seule. J’espère seulement que la défaite sera moins forte qu’aux législatives. À moins d’un gros souci chez les socialistes, je ne vois vraiment pas comment on pourrait gagner ». Elle fait donc campagne, mais sans conviction, par habitude un peu, mais surtout par fidélité à ses amis des jeunes UMP.
Le retard pris par la campagne de l’équipe de Jean-Marie Cavada touche également sa campagne Internet. Un coup d’œil sur la Toile suffit pour comprendre le fossé qui existe entre l’organisation de la candidate Blumenthal (PS) et celle du candidat Cavada, pourtant expert en communication. Le site de campagne cavada-paris12.fr, qui vient seulement d’être mis en ligne le 30 janvier, est encore en construction.
Celui de son adversaire, micheleblumenthal.net, plus complet, est hébergé sur la plateforme du site de campagne de Bertrand Delanoë, candidat PS à la mairie de Paris. Certes, la stratégie Internet n’est pas déterminante dans une campagne, mais elle peut jouer auprès des indécis et offre une visibilité.
59% des intentions de votes au soir du 16 mars pour la liste de Michèle Blumenthal, c’est le score que donnait le sondage Ifop pour Paris Match du 28 janvier. La liste UMP serait distancée par la candidate sortante de 10 points au premier tour avec 33% des voix. Il reste un mois au tandem Lagarde-Cavada pour redresser la barre et aux jeunes UMP pour se remobiliser et y croire encore.
Les jeunes UMP du 12ème arrondissement ont déserté leur blog jeunesump12e.hautetfort.com depuis juin 2007. C’est sur le réseau social Facebook qu’on retrouve leur trace. Sur cette plateforme, on trouve quatre groupes de soutiens créés pour la même cause : la candidature de Cavada dans le 12ème. À tel point qu’un militant UMP des Yvelines, Floriant Sermage, donne publiquement des conseils aux militants de l’arrondissement. Il leur suggère de fondre ces groupes en un seul qui gagnerait en poids et en lisibilité : « Chacun fait comme il veut, mais (…) l’union fait la force et attire plus de personnes », écrit-il.
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Bonjour,
Que dire de cet article, je ne suis pas d’accord. Cindy a fait un travail remarquable durant des années dans notre arrondissement et connait plus que bien ses dossiers. Nous nous sommes connus car ensemble nous représentons les jeunes du 12ème. Nous soutenons la liste d’ouverture de Jean Marie Cavada et Christine Lagarde pour changer la nomenklatura présente dans le 12ème et représentée par Me Blumenthal.
Ces propos sont déformés et Cindy était encore avec moi tout à l’heure à tracter et à expliquer les changements que nous souhaitons réaliser pour notre arrondissement.
Alexandre Bouchy. Resp des opérations des Jeunes Actifs de l’UMP, de l’est Parisien et du 12ème. Candidat sur la liste de Jean Marie Cavada et Christine Lagarde