Dissonance cognitive, schizophrénie… Les sciences emploient de nombreux termes pour évoquer les troubles de la communication qui touchent Total. Il faut dire que les textes des deux principaux sites internet du groupe disent tout et son contraire. Pour y voir plus clair, « Bakchich » s’est amusé à comparer leur contenu.
« Le pétrole a été une chance formidable pour l’homme ». C’est la première phrase du site de Total planete-energie.com. Dans ce cas, le site du groupe devrait conseiller à ses actionnaires d’investir dans d’autres énergies. Car, comme le dit l’encyclopédie interractive Wikipedia, qui se trompe rarement, « le passé composé exprime un événement accompli ou achevé du point de vue de celui qui s’exprime ». Il est donc tout à fait logique de comprendre que, pour le site non-officiel de Total, le pétrole n’a plus aucun avenir.
Le site officiel du groupe, total.com, a un discours beaucoup plus nuancé, et tourné vers l’avenir. Il se conjugue au futur. Christophe de Margerie, le DG, précise « notre cœur de métier, reste et restera pendant de nombreuses années la chaîne des hydrocarbures ». Allez comprendre. Cet homme veut-il la mort de ses actionnaires en investissant dans une activité – les hydrocarbures – en fin de cycle ?
Tandis que planete-energie.com prévoie une pénurie dans « 5 ans pour les pessimistes, d’ici 25 ans pour les plus optimistes » ; De Margerie déclare, dans le dernier rapport sociétal et environnemental, que « la consommation de combustibles fossiles devrait, selon les experts, être dans 25 ans, de 20% à 50 % supérieure à son niveau actuel ». Allez comprendre.
Alors, est-ce de la schizophrénie ou de la stratégie ?
Un professeur du Celsa affirme que ça n’était ni l’un ni l’autre. C’est de la « communication multiculturelle », ou, plus prosaïquement, l’adaptation du discours à la cible.
Le site planete-energies est destiné à rassurer les enseignants et les élèves. Il leur livre donc le discours qu’ils souhaitent entendre. A savoir, il y a peu de réserves pétrolières et il est nécessaire d’investir dans des énergies renouvelables. Le site Total.com s’adresse aux investisseurs particuliers. Il justifie donc le placements des épargnants. C’est pour cette raison que les réserves annoncées sont plus importantes. Le groupe construit un discours sur la croissance et l’augmentation des bénéfices.
Ces petits jeux de magouillage avec les chiffres ont été mis au point par une entreprise éthique… dont la charte, qui s’engage à « fournir régulièrement une information transparente et complète à l’ensemble de ses actionnaires », a évidemment été signée par le DG de Total, Christophe de Margerie.
Lire ou relire les derniers papiers de Bakchich sur Total :
Je ne comprendrai jamais pourquoi les gens gueulent contre les entreprises qui méprisent la planète pour faire faire du profit aux actionnaires… et s’en vont gaiement voter pour un type encore plus libéral que le précédent juste derrière ! Ça donne bien envie de penser que les gens aiment simplement ne pas être d’accord ; mais dieu les garde de se cultiver un tout petit peu (des fois que ça les épuise) pour comprendre comment marche le monde au lieu de le subir.
M’enfin j’dis ça, j’dis rien…
"Wikipedia qui se trompe rarement". Je ne l’avais jamais vu écrit, mais vous avez osé l’écrire. Seulement je ne suis pas sûre de bien comprendre.
Voulez-vous par là ironiser sur le plus grand media qui contient le plus d’erreurs (10 millions d’articles, avec une moyenne de 4,5 erreurs par article disent les croyants de l’Eglise de la statistique, ça fait combien d’erreurs sur le même support ?)
Ou voulez-vous dire que pour une règle de conjugaison, on peut encore faire confiance à Wikipédia , mais pas au-delà , comme le disent certaines mauvaises langues ?
Pourriez-vous écrire un article Wikipedi-ment ?
C’était un petit clin d’oeil d’initié, une référence littéraire, une "private joke", un truc bête. Mais une vraie référence à LF Céline et au Voyage, ce magnifique texte. Si mes souvenirs sont bons, (mais ce ne sont que des souvenirs, et je n’ai jamais eu une très bonne mémoire), la première phrase du roman, se termine par "Littré le dit, qui ne se trompe jamais".
Le texte entier est : « Voyager, c’est bien utile, ça fait travailler l’imagination. Tout le reste n’est que déception et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force. Il va de la vie à la mort. Hommes, bêtes, villes et choses, tout est imaginé. C’est un roman, rien qu’une histoire fictive. Littré le dit, qui ne se trompe jamais. Et puis d’abord tout le monde peut en faire autant. Il suffit de fermer les yeux. C’est de l’autre côté de la vie. » Je viens de le trouver sur le net.
C’était donc un clin d’oeil littéraire, rien de plus et pas une information.
Cdt
Bertrand Rothé,
"C’était donc un clin d’oeil littéraire, rien de plus et pas une information".
Monsieur Rothé, pourriez vous désormais indiquer dans vos rédactions (on peut difficilement parler d’articles), lorsqu’il s’agit tout simplement d’une private joke (y’a pas de mal à se faire du bien comme disait l’autre…).
Je ne vous connais pas, et je n’ai personnellement rien contre vous, mais je crois que pour la crédibilité de Bakchich, vous feriez mieux de vous mettre en retrait. On ne se prétend pas journaliste parce que l’on à un clavier, des idées et une "ouverture sur le monde". De la même façon que je ne pense pas être écrivain quand j’envois des cartes postales à mes amis.
Cordialement, Emmanuel