Le directeur de Marianne « paie » ses dettes
Joli coup d’esbrouffe financier dans Marianne de la semaine dernière. L’hebdomadaire de Jean-François Kahn croyait en effet pouvoir révéler, bandeau « exclusif » à l’appui, que le milliardaire Bernard Arnault (avec son compère le baron belge Albert Frère) s’apprêtait à partir à l’assaut du groupe Suez.
Déjà convoité en mariage par GDF et également dans la ligne de mire de l’homme d’affaires François Pinault, Marianne annonçait donc l’arrivée d’un troisième prétendant, une nouvelle à même de faire frémir l’action Suez à la Bourse.
Las ! le même jour, Arnault faisait valoir que cette pseudo révélation ressortait de « l’acadabrantesque » et Bercy la qualifiait de « totalement fantaisiste ».
Fin de l’histoire ? Pas vraiment ! Cette petite désinformation financière entre amis apparaît au contraire plutôt croquignolette.
Bakchich est en effet en mesure d’affirmer que l’information à été soufflée à Marianne par l’entourage de Pinault lui-même dans le but assez évident de faire gonfler le cours de bourse de Suez rendant ainsi plus difficile la fusion prévue avec GDF et tant qu’à faire, à valoriser les actions Suez ramassées par Pinault en bourse.
Pour en faire un scoop dans la presse, il suffisait juste de convaincre Maurice Szafran, le directeur de la direction de Marianne de la publier. Ce qui n’était qu’un jeu d’enfant.
Ancienne plume de Bernard Tapie, aujourd’hui porte-serviette de Pinault, Szafran s’est même fait un devoir de rédiger lui-même l’article mensonger. Mais sans l’assumer pour autant. Le journaliste a préféré se cacher dérrière le pseudo de Michel Azaïs, un faux-nez dont il se sert à chaque fois qu’il décide de cirer les pompes de son ami patron. Pas très courageux… mais le bras droit de Jean-François Kahn avait du mal à assumer publiquement son scoop. Et pour cause ! Ses liens avec Pinault sont trop connus à Marianne pour qu’il puisse se lancer dans de telles manœuvres à visage découvert sans suciter un soulèvement déontologique dans la rédaction.
Szafran est en effet le débiteur au sens propre de Pinault, à qui il doit depuis huit ans pas moins de cinq millions de francs ! Selon les propres aveux du journaliste à quelques membres de sa rédaction, en juillet 1998, le milliardaire lui avait en effet signé un chèque de ce montant tiré sur un de ses comptes personnels à l’agence Natexis du boulevard Haussmann à Paris.
Une somme destinée à permettre au journaliste sans le sou de rester actionnaire de son journal, après une augmentation de capital. Jean-François Kahn, grand donneur de leçon en indépendance de la presse, avait lui aussi reçu son petit chèque dans le même but.
Depuis, le sieur Szafran n’a jamais eu l’occasion de rembourser son copain milliardaire, comme il le reconnaît lui-même en privé. Alors, il s’acquiert de sa dette, en nature, en informations destinées à faire avancer les affaires de son créancier. C’est ce que l’on appelle dans le monde des affaires « un deal win-win » !