En ces temps bénis de Sarkozie a sonné le glas de l’arrivisme complexé. Bolloré, le Fouquet’s et Malte, autant d’épisodes pleinement assumés par le bon président Nicolas en témoignent.
Mais François David [1] n’a pas attendu l’Investiture Suprême de Nicolas Sarkozy pour assumer et conter son fabuleux destin. Avec une modestie charmante. Souvent, ses phrases d’autocongratulation s’achèvent en effet par des points de suspension, signe d’un trouble profond et d’une sincère sensibilité. Contraint de cesser d’enseigner aux postulants à l’entrée de Science-Po pour le motif qu’il accepte un poste à l’Ambassade de France londonienne, il confie que « ce flambeau fut repris par Alain Minc ». Et qu’il en fut « rétrospectivement honoré… » (p.65). Nous l’aurions été tout autant ! Sa gêne vis-à-vis du major, mais surtout du lecteur, est d’autant plus grande que _révèle-t-il_ parmi ses étudiants figuraient Valérie-Anne Giscard d’Estaing et Sylvie Pierre-Brossolette, deux petites filles du peuple…
Son autobiographie, Itinéraire d’un énarque gâté, est parue au Cherche Midi en mars dernier. « Énarque gâté » ? En voilà un bel oxymore ! Bien que décoré de l’Ordre du Mérite et de la Légion d’honneur, bien que présentant un Curriculum Vitae digne d’un diplômé de l’ENA, François est en fait un grand supplicié. En tant que haut fonctionnaire, il dû par exemple supporter à plusieurs reprises un exercice « à la fois acrobatique et peu gratifiant ». A l’occasion de voyages présidentiels… Où « la seule obsession était de ne pas perdre de vue la voiture du convoi à laquelle vous êtes affecté. » (p.151). En reposant le codex sur l’étagère, l’on comprend que la caste dirigeante tant critiquée, tant enviée, tant brocardée, est confrontée aux mêmes maux que le menu peuple.
Points de suspension.
[1] Président de la Coface, assurance s’adressant aux pays exportateurs pour les prémunir du risque de ne pas être payé par l’acheteur étranger –l’entreprise est privatisée en juillet 2004. François David la dirige depuis cette date.