Les deux derniers actes de la tragédie neuilléenne des municipales. Une saga palpitante.
Rappel des épisodes précédents : après le flingage de la candidature du porte-parole de l’Elysée, le fringuant Martinon-non-non, l’UMP multiplie les réunions de crise. Arnaud Teullé croit alors être investi par Patrick Devedjian, qui au final, porte son choix sur un inconnu non encarté, Jean-Christophe Fromentin. Nouvelle crise de nerfs au siège de l’UMP, rue de La Boétie, quand tous les belligérants se retrouvent.
La réunion prévue le 11 février rue de La Boétie pour entériner la candidature de Fromentin s’avère houleuse. Contrairement aux pronostics, le « cave » qui croyait avoir été choisi, Arnaud Teullé, se rebiffe. Devedjian s’énerve : « c’est moi le chef, on n’a jamais dit que ce serait toi », jure Patrick en tapant violement du poing sur la table.
Fromentin non membre de l’UMP mais présent, s’étonne : « je croyais que tout le monde était d’accord ! ? »
Réplique de Teullé : : « vous allez prendre l’habit de Martinon, moi je prends le vôtre » ( celui du dissident NDLR)
Devedjian cogne de plus en plus fort sur la table….
Sans résultat . D’autres menaces fusent « il faut sauver le Président, il faut sauver Arnaud de lui même », geint un sénateur du 92 dans un courrier confidentiel, et que certains s’appliquent à traduire : « si tu persistes, plus de boulot à l’Elysée, pense à ta femme, tes deux enfants, aux crédits en court… »
Mais Teullé, conseiller du Président pour les relations avec le 92, résiste et se porte en prime candidat aux cantonales.
A Neuilly c’est la guerre ou presque. Dimanche jour de marché, une femme débarque de son rutilant 4X4 ses trois marmots qu’elle expédie crever les ballons publicitaires du candidat adverse. Les noms d’oiseaux fusent. « Appelez vite des renforts » s’excite un partisan de Fromentin.
À l’UMP c’est le bazar complet. Au sein de la Fédé locale, la plus grosse de France, avec 4800 adhérents, les militants sont incrédules à la perspective de laisser la ville aux mains d’un « inconnu ».
Au sommet, Claude Guéant et le Président sont contraints de mettrent les mains dans ce cambouis. Teullé et Fromentin sont reçus tour à tour à l ‘Elysée. Pour sortir de la crise, certains, évoquent alors une candidature de Jean Sarkozy. Réplique immédiate et très sèche de Devedjian : « un garçon doué, mais bien trop jeune, on verra ça dans six ans… »
Nouveau décryptage d’une figure de l’UMP : « Devedjian n’a jamais admis la suprématie de Nicolas, et n’est pas loin de penser que c’est lui qui devrait être à l’Elysée. En expédiant brutalement le fils, il laisse parler son cœur ».
Cela n’échappe pas à Nicolas. Avec Fromentin, il négocie l’éviction de la favorite de Devedjian -Ménard - prévue en sixième position ; avec Teullé, le retrait de sa candidature aux cantonales, au profit du fiston.
À 2 500 euros par mois, voilà Jean casé pour 6 ans. Et sur orbite, pour récupérer Neuilly, aux prochaines municipales…. Dans un contexte aussi « déplorable », l’opération n’est pas si mauvaise. Quant au 9 mars prochain, rien n’est joué. Donné largement battu, voir écrasé par Fromentin, Teullé vient de retrouver de l’oxygène.
Mercredi soir, devant ses partisans rassemblés au Théâtre de Neuilly, Teullé joue sa partition à guichet fermé. En guest-star assise au premier rang, Andrée Sarkozy, la mère du Président apporte spectaculairement son soutien au dissident de l’UMP. Standing ovation et commentaires des militants : « c’est sur Sarko ne veut pas de Fromentin à Neuilly ». Quant à Jean Sarkozy, il explique dans le Figaro du lendemain que comme papa, il observera une « stricte neutralité ». Avant de préciser en fin d’interview qu’il n’a « pas de contact » avec Devedjian. Une performance, ce dernier étant, tout de même, président du conseil général des Hauts-de-Seine et patron de l’UMP.
La droite est une grande et belle famille.
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-Le blog « 9-2, voyage au Sarkostan », d’Hélène Constanty, coauteur du livre « 9-2, le Clan du Président » (fayard), en cliquant ici
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