Pauvre Nathalie Kosciusko-Morizet ! Elle y croyait à l’environnement, elle était convaincue que les OGM devraient être maîtrisés, que Monsanto n’était pas président de la République ! Las ! Les lobbies de l’agrochimie ont envahi le Sénat, puis le palais Bourbon, payé quelques verres à Borloo, l’ectoplasmique ministre de l’Environnement (pour faire court), convaincu le groupe UMP du copain Copé et voilà notre Nathalie obligée d’avaler des couleuvres transgéniques. Le Grenelle de l’environnement qui mettait un hola à Monsanto est apparu pour ce qu’il est : une gigantesque opération de communication au bénéfice de Libéralisme Sans Frontières. Désormais, on pourra embastiller les faucheurs de maïs transgénique. Elle ira faire la bise à Bové en prison !
Pauvre Nathalie : elle croyait naïvement que le libéralisme pouvait respecter les équilibres écologiques alors qu’il en est la négation. Un mariage morganatique. Le profit, la loi du plus riche, les échanges mondialisés, les boursicoteurs des matières premières, conduisent la planète dans le mur des galaxies défuntes, c’est inéluctable. Un enfant de cinq ans comprendrait que, dans un monde fini, l’expansion exponentielle de la marchandise, le pillage des ressources fossiles et le mépris de la diversité biologique signent, à terme, l’avis de décès des espèces vivantes. C’est l’histoire du nénuphar sur un lac : il finit par tout recouvrir.
Pauvre Nathalie : elle a essayé de convaincre ses potes du gouvernement. C’est mal connaître le machisme ambiant : c’est qui cette écervelée qui nous donne des leçons ? Elle a traités les UMP de « lâches », ce qu’ils ne sont pas puisqu’ils résistent vaillamment à la tentation de faire fonctionner leurs neurones. Nathalie n’a pas compris que les élites dirigeantes de cette planète n’ont qu’un seul intérêt : « qu’est-ce qu’il y a au menu ce soir ? ». Le Grenelle, c’était bon pour racler quelques voix écolos. Qu’est ce qu’on en a à foutre de l’avenir de la jeunesse ? Nous, dans trente ans, on mangera les pissenlits par la racine.
Pauvre Nathalie : privée de Japon avec Fillon (une sanction inhumaine !), elle a dû s’excuser illico d’avoir traité Borloo de « lâche ». Comme Galilée devant ses juges papistes, niant que la Terre était ronde pour rester en vie (« Et pourtant, elle tourne ! »), la pauvre Nathalie, de retour de Canossa, a certainement pensé, in petto : « Et pourtant, ils sont lâches ! ».