Au début des années 90, c’était dit, l’Afrique allait changer. Mitterrand l’avait même promis : plus d’aide pour les pays qui ne respectent pas la démocratie, plus de fonds, plus de blanc-seing, plus rien. Au Gabon, de toute façon, on s’en fout : on a pas d’idée mais, à l’époque, on avait du pétrole ! Et une banque peu regardante, la Barclays.
Faste période que celle des années 90 à Libreville. L’argent coule à flots, la révolte de Port-Gentil a été circonscrite, l’opposition ramenée dans le droit chemin. Ne reste qu’à se partager le gâteau pétrolier et à montrer que le Gabon est un acteur de premier plan sur la scène africaine.
Aussi, entre 1992 et 1995, sommet France-Afrique, sommet de l’Organisation de l’unité africaine (à présent UA), sommet Afrique-Amériques se sont déroulés dans le petit émirat pétrolier du Président Omar Bongo.
L’afflux de tant de diplomates pour ces augustes rencontres a bien sûr nécessité de menues dépenses, chiffrés à plusieurs milliards de Franc CFA.
Une chance, le Gabon est l’ami des banques. Et avant que la Bicig (filiale de BNP-Paribas) ne devienne la caution bancaire officielle du régime, la Barclays Bank tenait le haut du pavé. Proches du « Mollah Omar » Bongo et barons du régime y avaient quelques comptes. Paul Toungui, ancien et actuel ministre des Finances, et néanmoins gendre du « Mollah Omar », n’était pas le moindre de leur client. Un homme soigné, qui n’eut jamais à se plaindre de la Barclays, qui lui offrit même un appartement du côté d’Owendo.
Heureux hasard, tous les comptes qui ont permis le financement des évènements internationaux de ces fastes années étaient également ouverts à la Barclays de Libreville… de là à penser que des virements se sont égarés entre tous ces comptes, il y a un pas.
D’indiscrets collaborateurs de la Barclays se rappellent néanmoins que le grisbi amassé sur les comptes de ces personnalités partait souvent prendre le soleil sur la Côte d’Azur, à la Barclays Monaco. C’était le bon temps. Depuis la Barclays a fait faillite.
Seuls souvenirs de ces temps bénis, les archives de la Barclays Bank Libreville, opportunément transférées dans une filiale sud-africaine à Johannesburg. Un petit trésor sur lequel la maison-mère veille jalousement, à l’abri des regards indiscrets.