Rewmi, "mon pays" en wolof, le nouveau parti d’Idrissa Seck a été lancé au mauvais moment.
Le président Wade a été bien heureux de la double visite dont l’ont honoré Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. Passé l’amusement de voir défiler deux candidats à l’élection présidentielle française dans son bureau en quête d’adoubement, un autre profit a été tiré de la prolifique semaine. Le lancement de Rewmi, le parti de son ex-fils préféré, Idrissa Seck a été en partie étouffé. Pas une ligne dans la presse internationale, la seule qui importe vraiment aux yeux de « Gorgui ».
La presse nationale s’en est fait bien plus largement l’écho. Mais le constat est rude pour Idy. La date, en plein ramadan et aux vues de l’actualité « présidentielle », a été mal choisie. Manque de chance, le petit Sarkozy du Sénégal n’a pas même pu croiser son alter-ego français. Ils discuteront une autre fois au Saint James, l’hôtel du XVIe où ils ont leurs habitudes. Et un grand flou entoure la création de ce nouvel attelage. Ni organigramme, ni fonction officielle n’a filtré. Les mêmes réponses fusent de la part de tous les seckistes. « Tout cela ne sera révélé que plus tard ». Certes, il faudra patienter et laisser planer le suspens.
Mais dans les rangs, les partisans s’agitent. Le détachement d’Awa Gueye Kébé face à la naissance de Rewmi laisse augurer d’un malaise. Ancienne ministre de la femme, Kébé jouit d’une aura considérable dans les rangs du PDS, le parti du président Wade où Seck compte bien piocher ses soutiens. Modou Diagne Fada, cacique du PDS et étiqueté pro-Idy, a mis publiquement un terme aux rumeurs en déclarant qu’il soutiendrait Wade. Pour l’instant, seul un responsable libéral de Ziguinchor, s’est rallié à la cause. La plus grande gueule de la politique sénégalaise, au physique de nounours, Amath Dansokho croit savoir qu’une grande manœuvre interviendra en décembre. Membre de la coalition pour l’alternance (CPA), ces grands mouvements ne le concernent toutefois pas.
Quant aux partis officiels dont Seck est le héraut, sa volonté déclarée de les absorber dans « Rewmi » a douché leur enthousiasme. D’autant qu’avec le Fidel du jeune Yankhoba Diattara, qui partage avec l’ancien premier ministre, le privilège d’avoir tâté de la cabane dakaroise, les rapports sont pour le moins tendus. Les deux hommes ne se prennent plus au téléphone. Et pour ambiancer le premier meeting de Rewmi à Ziguinchor, les jeunes libéraux de l’Ujtl ont posé un ultimatum à leur ancien camarade Idy : quitter la ville sous 24 heures.
La campagne électorale sénégalaise va être passionnante.