Après avoir subi 48 h de garde à vue corsée à Levallois-Perret, le fief des Balkany, deux lycéens de 17 ans étaient convoqués hier au tribunal de Nanterre.
Nouveau Parti Anticapitaliste, Socialistes, Communistes, Verts, Modem, Ligue des Droits de l’Homme, tous unis contre Balkany. Patrick Balkany, ami de trente ans du Président, fils politique du prince Pasqua et député-maire UMP de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), doit être tout retourné.
Jeudi 22 janvier matin, tout ce petit monde plus des lycéens (à vue d’oeil une petite centaine de personnes), s’est réuni devant le Tribunal de Grande Instance de Nanterre. Pancarte en main et haut-parleurs à la bouche. « Solidarité avec Baptiste et Vincent », entend-on scander depuis bientôt deux heures. Il est 10h30, et les deux adolescents de 17 ans passent devant le Juge des Enfants, l’un pour « résistance avec violence », l’autre pour « résistance et violence sur personne dépositaire de l’autorité publique ». Ils risquent des peines pouvant aller jusqu’à la prison. Il faut dire que, sous prétexte d’appartenir au Mouvement solidaire pour le logement (MSL), ils ont osé, avec tout un groupe d’adolescents, assister au conseil municipal du 17 novembre 2008. Et ont même posé des questions quelque peu dérangeantes pour monsieur le maire…
Il est vrai que Balkany n’a pas toujours une conduite exemplaire en matière de (re)logement. Un couple et ses trois enfants, logés depuis huit ans dans un studio de 11 m2, mobilise l’énergie des militants. Le studio vétuste ayant pris feu récemment, la famille attend, dans un hôtel hors de la ville, d’être relogée. « En 2002 déjà, Levallois était un petit Sangatte avant Sangatte ! », se souvient, indignée, Annie Mandois, conseiller municipal PCF. « Avec d’autres élus et des associatifs, nous étions restés deux semaines avec les familles expulsées, à camper sur le parvis de l’église en attente d’une solution de relogement ». Le temps est long avant de pouvoir reloger deux des familles concernées. Peut-être à cause de ce que Patrick pense des pauvres en France (qu’il n’y en a pas). Mais l’ami du président ne considère pas toujours le logement social comme un problème. Pas quand il s’agit d’y placer « les amis de la mairie » : élu en mars 2008 sur la liste Balkany comme conseiller municipal UMP, le brave tennis-man Henri Leconte en a ainsi bénéficié.
Alors, depuis que le Mouvement solidaire pour le logement s’est associé à des partis politiques comme le NPA, le PCF et le PS, la crainte d’un débordement grandit chez Balkany. D’où la précaution, logique, de placer une cinquantaine (c’est un minimum !) de policiers à l’entrée et dans l’enceinte de la salle du conseil, ce 17 novembre. D’où aussi la précaution de faire taire les adolescents quand ils le questionnent, de faire évacuer la salle, puis d’en envoyer 17 en garde à vue. Deux d’entre eux, Baptiste et Vincent, y resteront 48 heures, dans « des conditions déplorables, pires qu’une prison », témoignait hier à Bakchich la mère de Vincent.
Pauvre Patrick, tous ces gens qui lui reprochent son déni de démocratie… Les élus de l’opposition se plaignent, depuis plusieurs années déjà, que les micros soient coupés quand l’un d’eux prend la parole, en conseil municipal. Et qu’une bande de groupies occupe les bancs du haut de la salle, acclamant le maire et sifflant ses opposants. Certains, comme Annie Mandois, élue PCF, ont poussé le bouchon. La dame est allée jusqu’à demander des comptes à la justice. Lors d’un conseil municipal il y a quelques années, Balkany avait dit qu’elle faisait apprendre le russe à ses élèves, autrement dit, qu’elle utilisait l’enseignement à des fins politiques. Il avait ajouté qu’elle était « un perroquet », qu’il fallait « enfermer », et qu’elle avait détourné de l’argent public. Des déclarations qu’elle a, du même avis que le juge, mal prises. Balkany a été condamné par le tribunal de Nanterre, confirmé par la Cour d’Appel de Versailles le 31 mars 2004, à une peine d’amende de 1 500 euros, à verser 1 500 euros de dommages et intérêts, et 1 000 euros de préjudice moral. [1] Vraiment, pauvre Patrick.
Devant la grille du Tribunal, ce jeudi 22 janvier, il est tout juste 11 h. Les slogans continuent de résonner malgré la pluie et Baptiste et Vincent, accompagnés de leurs parents et de leur avocate (également vice-présidente de la Ligue des droits de l’homme), Dominique Noguères, sortent du tribunal. Verdict, maître ? « J’ai l’impression que la baudruche se dégonfle. Un seul des deux policiers qui s’étaient déclarés blessés, s’est finalement constitué partie civile. Le procureur demande une mesure éducative, ce qui n’est pas trop lourd, relativement à ce à quoi on s’attendait », vues les conditions de la garde à vue. C’est ce qu’on disait, Balkany n’est pas si mauvais.
Lire ou relire dans Bakchich :
[1] Etrange confusion de la part de Balkany… Souvenons-nous qu’en 1996, il avait été condamné à quinze mois de prison avec sursis et à rembourser aux caisses de sa propre ville près de 800 000 euros, pour avoir employé des employés communaux à son domicile, comme gens de maison en tablier blanc…
Il faut dire "UN couple et SES trois enfants". C’est important de distinguer singulier, pluriel… non ?
Et puis arrêtez, avec ce pauvre Balkany, c’est un homme opiniâtre qui, malgré un acharnement judiciaire flagrant, a su revenir courageusement au service des citoyens… ahem. Mouais….
Plus sérieusement, faire un article, un dessin, tout ça, sur des faits qui restent très flous, et sont décrits - j’hésite à employer ce mot - sans que l’on puisse s’en faire une idée… C’est du "mauvais esprit", c’est déjà bien, mais n’oublions pas "enquêtes" et "informations"
Partout j’ai lu 36 heures et vous vous parlez de 48 heures…
C’est comme cela qu’ont rends les comptes rendus peu crédible, que le doute s’installe
Bonjour,
Baptiste et Vincent sont bien restés 48 h en garde à vue. C’est ce que nous a affirmé leur avocate. C’est également ce que dit « Le Parisien » : http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/les-deux-lyceens-de-levallois-juges-ce-matin-22-01-2009-382503.php
Cordialement,
Anaëlle Verzaux
Pour être précis :
24 h de garde à vue + prolongation à 36 heures + dépôt à Nanterre + comparution devant le juge = 49 heures de captivité. Du lundi 17 novembre 20h et quelques, au mercredi soir 19 novembre, 21h pour Baptiste et 21 h 30 pour Vincent.