La femme de notre cher marchand d’armes national Pierre Falcone a quelques soucis avec la justice américaine.
La justice américaine peut se parer de pudeurs insoupçonnées. Pendant longtemps elle n’a pas souhaité titiller Pierre Falcone, notre marchand d’armes tricolore, celui que le juge Courroye aimerait bien voir jugé une bonne fois pour toutes. Falcone, qui se balade en Chine et en Afrique bardé d’une pseudo-immunité diplomatique, possède une immense villa en Arizona, en pleine Amérique profonde. Sa femme Sonia et ses trois enfants y résident à temps plein. Et en dépit d’un dossier ouvert à la DEA (Drug Enforcement Agency) à la demande de la France, jamais la famille Falcone n’a été embêtée outre-Atlantique, même si Pierre Falcone évite de s’y montrer.
Mais, un peu comme chez nous, les Etats-Unis ne plaisantent pas avec les questions d’immigration. Les services des Douanes et de l’Immigration de Phoenix ont donc décidé d’être plus zélés que leurs petits collègues chargés des affaires financières. Leur cible n’est pas Pierre, mais Sonia Falcone.
Voilà qu’ils ont perquisitionné la villa du couple, un beau matin de février 2006 : une bonne trentaine d’agents pour réveiller l’ancienne Miss Bolivie. Il fallait bien une telle troupe : la maison de style toscan, en forme de fer à cheval, recouvre pas moins de 2400 mètres carrés habitables, avec 11 salles de bains, des télés encastrées dans les plafonds, des statues et jacuzzi un peu partout. Sans oublier les deux dressing room de 100 mètres carrés chacun. Achetée en 2000 par les Falcone, la jolie demeure avait été réglée rubis sur l’ongle : 12,2 millions d’euros. Si les agents ont perquisitionné dans tous les coins, ils ont du y passer du temps…
L’immigration américaine a ses raisons : elle soupçonne Sonia Falcone d’avoir menti pour être naturalisée et de s’être mariée pour obtenir une carte de résidente américaine. Elle a donc ouvert le dossier numéro CR-06-0015-PHX-ROS. Ses avocats ont immédiatement dénoncé des charges « à la Mickey Mouse ».
Leur premier geste : dégainer la fameuse « immunité » diplomatique dont se gargarise son mari marchand d’armes, désigné par ses bons amis angolais comme « ambassadeur à l’Unesco », pour remettre en cause la perquisition chez les Falcone. Comme si ces derniers habitaient dans une ambassade. En vain.
Mary Beth Pfister, procureur fédérale, a confié au journal local, l’Arizona Republic, « qu’aucune forme d’immunité diplomatique ou consulaire ne pouvait être appliquée à Sonia Falcone de quelque manière que ce soit sur le territoire américain ». Arrêtée en ce jour de février 2006, Sonia a donc passé quelques heures entre les mains des agents, et a du remettre son passeport bolivien, les passeports de ses enfants et sa « carte verte », sans oublier 50 000 dollars de caution.
Née en Bolivie en 1966, cette apprentie infirmière a gagné le prix de Miss Bolivie et a décidé de quitter le léopard qu’elle élevait à la maison pour se lancer dans la vie. Direction, les Etats-Unis. Mariée une première fois à Los Angeles en 1983 (c’est ce mariage qui semble intriguer les services de l’Immigration), cette fille d’éleveurs de bétail convole en 1994 avec le marchand d’armes que l’on connaît, lors d’une grande fête au château de Ferrières, près de Paris. À cette occasion, Falcone avait endossé sa plus belle redingote et un haut-de-forme flambant neuf.
Depuis cette date, la belle Sonia se montre dans toutes les soirées, organise des « charities » à l’américaine, arbore les plus beaux bijoux – l’un de ses diamants a tapé dans l’œil du chroniqueur mondain local, Danny Medina. Aujourd’hui, Madame a créé – notamment avec l’aide de l’argent du business de son mari, ont découvert les enquêteurs français – une société de produits de beauté et de diététique, Essante, basée à Salt Lake City.
En dépit de toutes les œuvres prestigieuses auxquelles elle cotise (Fight Night Foundation, American Heart Association, Phoenix Body Positive, Latin America Fine Art Center, Kids in the Corner, sans compter quelques chèques aux hommes politiques républicains), elle risque 10 ans de prison et/ou 250 000 dollars d’amende. Quels ingrats ces juges.
Mais voilà que l’ancienne reine de beauté n’en a pas fini avec les ennuis. En exploitant les documents et l’ordinateur saisis dans la villa, les « Feds » se sont rendus compte que quatre employés de maison, en poste entre 2002 et 2006, n’avaient pas de papiers. Quand Sonia Falcone s’est aperçue que ses domestiques risquaient de lui causer quelques soucis, elle leur a demandé de ne plus mettre leur uniforme et de modifier leurs horaires de travail. Et a commencé à les payer au noir. Quelle maligne cette Sonia…