Dans Africa Paradise, des Français font la queue devant le consulat des États-Unis d’Afrique en espérant obtenir leur ticket pour le paradis noir…
2033. Partout en Europe, les populations tentent de survivre. Aux guerres civiles, à la famine, aux épidémies, au chômage. La catastrophe européenne est généralisée : même le Vatican est une dictature. Protestante. L’acharnement des Européens à survivre est tel qu’ils n’hésitent pas à mettre leur vie en danger pour rejoindre l’eldorado africain. Car l’Afrique a réussi son défi : les États-Unis d’Afrique. Mais entrer dans ce pays aux frontières hyperprotégées relève du miracle. Les voies légales ? Mission quasi impossible pour un blanc. Restent les passeurs. Moyennant une grosse somme empruntée à sa famille, un jeune Français embarque sa petite amie et tente sa chance.
L’arrivée au paradis noir est violente. C’est un peu la France actuelle : l’État expulse, les associations consolent. Entre les deux, la population africaine se méfie de ces blancs paresseux, pauvres et « qui rigolent tout le temps ». Qu’ils soient ingénieurs ou professeurs de formation importe peu. Les blancs, aux USA (United States of Africa), font chauffeurs, éboueurs ou le ménage. Les noirs ne supportent que peu ces « invités » et leur font endurer tout un tas de brimades. Les plus courantes consistant à ne pas leur louer d’appartement, à leur faire subir des contrôles d’identité systématiques ou mieux, à les traiter comme de « grands enfants ».
Ces USA sont gouvernés par une multitude de types, plus sympas les uns que les autres mais, démocratie oblige, il y a un parti xénophobe dirigé par Yokossi, un hyperactif. Ce parti s’oppose aux propositions de lois en faveur des immigrés et sans-papiers européens initées par Modibo, un très progressiste dont la petite amie est blanche (et ceinture noire de karaté, détail qui a son importance). Les clins d’oeils et références à nos hommes politiques sont plus qu’appuyés et assez réjouissants.
Par cette satire, Sylvestre Amoussou invite à la réflexion. Sur l’immigration. Mais aussi sur l’aveuglement. Le spectateur est tenté, parfois, de se dire que le cinéaste en fait trop, que ce qu’il décrit relève plus d’un apartheid. Rien à voir avec la France en 2007. Pas si sûr. L’oeil occidental est habitué à voir les noirs en bleu de travail et jamais en costume-cravate. Ce qui explique les "oh" et "ah" d’étonnement dès qu’un noir fait de la télé ou écrit des livres. Voir la même chose mais avec des blancs à la place des noirs (et inversement) rend ce racisme passif très flagrant. Si le film manque parfois de subtilité (entre karaté et soleils couchants, on se perd) , le message reste audible et fait mouche.