Alors que notre ultra médiatique président vient de critiquer la subjectivité des médias, évidemment trop anti-Sarko ; deux piliers d’Acrimed – un observatoire des médias sur internet –, sortent un livre qui pose, au contraire, la question « Tous les médias sont-ils de Droite ? » (Par Mathias Reymond et Grégory Rzepski, éd. Syllepse) L’analyse s’appuie sur le traitement médiatique des élections présidentielles de 2007.
Nicolas Sarkozy vient de mettre en cause le traitement de faveur dont aurait bénéficié Ségolène Royal de la part de nombreux médias. Ce n’est pas la première fois que le président de la République emploie ce type de pression. En décembre dernier, Il avait déjà indiqué dans les colonnes du Nouvel Observateur : « La presse est globalement de gauche, non pas socialiste, non pas partisane, mais culturellement de gauche. (…) La presse, globalement, a été opposée à ma candidature. C’est son droit. Dire qu’elle m’a aidé, c’est à exploser de rire ! » Toujours la figure de l’outsider, employée par tous les hommes de pouvoir.
Dans ce contexte, une association n’hésite pas à poser, au contraire, la question suivante : Tous les médias sont-ils de Droite ? C’est le titre d’un ouvrage réalisé par Mathias Reymond et Grégory Rzepski, à partir du travail effectué par les militants de l’association Acrimed sur le traitement médiatique de l’élection présidentielle de 2007.
Né du mouvement social de 1995, cet observatoire des médias tente de mettre en lumière le fonctionnement d’un système médiatique qui consolide plus qu’à son tour la position sociale des dominants. Le but d’Acrimed ? Que le rôle des médias redevienne une question politique, après que cette question a été éclipsée des débats, depuis trente ans.
Tout comme lors de la campagne du référendum sur Traité constitutionnel européen en 2005, les présidentielles de 2007 ont été l’occasion d’observer, de manière très directe, le fonctionnement habituel des médias français. Grégory Rzepski nous montre comment les débats politiques sont circonscrits à une course de petits chevaux.
L’animateur d’Acrimed raconte comment, même quand l’accès de tous les candidats aux médias est imposé par le CSA, les ‘‘petits candidats’’ restent désavantagés à cause des dispositifs mis en place (agressivité des présentateurs, etc).
Enfin, le livre aborde le rôle des représentants de la gauche de gauche dans les médias. Acrimed conteste leur attitude docile et l’absence de remise en cause publique du traitement qu’ils subissent. Une cohérence s’impose. La question n’a pas échappé à Jean-Michel Apathie, qui déclarait, le 2 février 2007 : « Si José Bové était anticapitaliste vraiment, jusqu’au bout, entièrement, aurait-il été sur TF1, hier soir, pour sa première prise de parole d’après candidature ? TF1, vous savez, la grosse télé qui libère des espaces dans les cerveaux pour la publicité ? » Une question qui a refait surface le week-end dernier avec le passage d’Olivier Besancenot à « Vivement Dimanche », sur France 2.
Non seulement les accointances du président avec les grands actionnaires français de la presse (Bouygues dont Sarko est le témoin du mariage ou Lagardère son grand ami) nous montrent clairement qu’il possède une influence sur les médias que la gauche n’a pas (ou moins). Mais le traitement de sa vie privée, et de celle de ses ministres, dans la presse people finit de nous éclairer sur la main-mise du Candidat Unique de l’UMP sur la presse française (des retouches de photos au licenciement de l’ancien patron de Paris Match). C’est pourquoi, sans doute agacé du manque de critiques désobligeantes dans la presse hexagonale, M. Sarkozy a pris sur lui-même de nous faire rire en sortant une telle énormité, devenant sa propre caricature.
Merci à lui. ;)