Pour lutter contre les terroristes d’Al-Qaeda, il suffit d’un agent secret, d’un portable et d’un fanatique de la CIA planqué derrière son bureau. La preuve avec Leo DiCaprio et Russell Crowe.
Depuis quelques années, le spectre d’Abou Grahib semble hanter le cinéma ou les séries qui décrivent dans le détail comment torturer ou plutôt découper son prochain en petits morceaux, car le faire parler semble maintenant accessoire (on sait maintenant qu’aucun renseignement valable n’est sorti de la tristement célèbre prison irakienne). Des titres ? « Casino Royale », « Quantum of Solace », « Détention secrète », « 24 heures chrono », la série du très réac Joel Surnow, « Dexter » et bien sûr des films d’horreur comme « Martyrs », la série des « Saw » (bientôt « Saw 6 », j’en rigole déjà) ou les deux « Hostel » dont le réalisateur déclarait : « J’ai fait l’erreur de regarder les images de la décapitation au Pakistan du journaliste Daniel Pearl. Elles me hantent encore aujourd’hui. » Cette horreur est au cœur de « Mensonges d’état », c’est même le moteur du formidable thriller de Ridley Scott.
Homme de main de la CIA, Leonardo DiCaprio n’a qu’une hantise, se faire capturer par des fanatiques énervés du Coran. D’ailleurs, il déclare plusieurs fois : « Ne les laisse pas m’avoir vivant. Je ne veux pas finir découper sur internet. » Intelligent, rusé, il est dirigé par Russell Crowe depuis sa maison de banlieue de Washington, avec un simple téléphone portable ou dans les grandes occasions, devant l’écran géant du satellite Super Predator. La guerre depuis mon salon : les tyrans du monde entier en ont rêvé, George Bush l’a fait. Fouillant l’Irak à la recherche d’un nouveau chef terroriste qui a compris que l’Occident était « une cible facile », l’espion enquête, exécute, manipule, ment, sacrifie des alliés, tente de retourner des fanatiques ou de pénétrer dans le réseau des martyrs. Déplacé comme un pion de Washington à Dubaï, il est bientôt envoyé en Jordanie où il a une idée pour faire sortir son mollah du bois : créer de toutes pièces un nouveau terroriste et une organisation rivale fictive.
Attaque frontale de la CIA et du monde du renseignement, « Mensonges d’état » surprend. Avant de laisser sur les genoux. Si « Ennemi d’état » de l’autre frangin Scott montrait les coulisses de la maison CIA et insistait lourdement sur les moyens hi-tech des nerds de Langley, peu de films osent remettre en question aussi violemment les pratiques de la CIA. Bourgeois ventripotent, papa poule qui emmène ses enfants à l’école, prototype du faucon néo-conservateur, Russell Crowe tente de « sauver la civilisation », comme il le déclare en se marrant, de son salon. Pour lutter contre l’Axe du mal, il est prêt à tout et ignore superbement les risques qu’il fait prendre à ses agents ou à ses alliés. Vingt-cinq kilos en trop, l’accent traînant, une tête de fonctionnaire usé, Crowe ressemble à du papier peint décati. Il faut le voir, son oreillette vissée au crâne, donner des ordres monstrueux alors qu’il embrasse sa fillette, téléphoner à DiCaprio (avec son effrayant « Hi there, little buddy », soit « Salut, mon petit pote »), souffler ses idées de facho à l’oreille des politiques ou écraser de son mépris le chef du renseignement jordanien : il est simplement fabuleux. Son jouet, sa chose, sa marionnette, c’est Leonardo DiCaprio. Loin des espions de pacotille, on voit ici un homme programmé pour infiltrer et manipuler dont la mission est de remonter les nébuleuses terroristes et surtout de recueillir du renseignement. L’information est le nerf de cette guerre entre Orient et Occident et un simple coup de fil ou une info peut faire tomber le chef terroriste… ou l’agent américain qui bien sûr se retrouvera coincé par une bande d’islamistes inventifs pour une séance de torture insoutenable.
Film politique, film parano, « Mensonges d’état » évoque les classiques des années 70 (au hasard, « Conversation secrète » ou « Les 3 jours du Condor »), mais c’est aussi et surtout un incroyable thriller. Derrière la caméra, Ridley Scott, 71 ans et toujours vaillant. Avec pour bible le bouquin d’un grand reporter du Washington Post, David Ignatius (Une vie de mensonges), le réalisateur d’« Alien » et de « Gladiateur » enchaîne les attaques contre l’Oncle Sam, les morceaux de bravoure hyperréaliste, les gros bons morceaux de cinoche, mais se montre plus pataud avec l’histoire d’amour (inutile) entre DiCaprio et une jeune infirmière iranienne. Comme avec « La Chute du faucon noir », Scott fait du spectacle avec une actu brûlante et pour le moins explosive (ce qui lui vaudra à coup sûr de subir les foudres de notre bonne vieille critique), mais il le fait avec brio et surtout avec intelligence. Son approche respectueuse et nuancée du Moyen-Orient, avec des personnages arabes qui ne sont pas seulement des stéréotypes, laisse pantois. Et si Scott fait parler la poudre et brûle la pellicule, il parvient également à électriser les séquences de parlotte entre DiCaprio et Crowe, à la manière des rares scènes communes entre Denzel Washington et Russell Crowe à la fin d’« American Gangster ». Deux grands acteurs, des dialogues puissants, une tension à couper au sécateur, Scott qui cadre serré. Très fort…
..J’avoue que je me perds en conjectures quand aux "morceaux de bravoure hyper-réalistes" d’un film qui, nonobstant son côté film d’action hi-tech assez prenant (quoique personnellement, je préfère la série des Bourne), me laissera surtout le souvenir d’un pensum au scénar’ tiré par les cheveux, dont les invraisemblances répétées n’ont d’égal que celles de la plupart des films de "flics" qu’on voit à l’écran :-)..Entre autres joyeusetés :
Intervention en Angleterre d’une unité de forces spéciales, forcément spéciales :-), sur un immeuble rempli de terroristes avec en vedette américaine un livreur de lait intervenant en plein milieu du dispo :-) prêt à passer à l’action..C’est celà oui… :-)))
Tom..hum pardon, Di Caprio qui, pour les besoins d’un réseau terroriste concurrent à celui de la cible (et puis quoi encore ???) s’introduit nuitamment dans l’appartement d’un malheureux architecte qui n’en peut mais pour "bricoler" son ordi’…Je me demande encore ou est passé le dispo’ de protection du malheureux Di Caprio, au bas mot une dizaine de personnes, sans même parler de la dificulté de projeter dix clampins à l’étranger, voire même, c’est tout bête, de procéder à un repérage minutieux des lieux et une étude détaillée des habitudes de la cible..préalablement à toute action de ce type..Et on va être sympa, et totalement zapper le processus administratif qui va valider une opé aussi "rockn’roll :-)))..
…J’aime beaucoup le type tout seul dans sa baraque de campagne (remarque t’as raison léon, on est quand même plus confort chez soi pour bosser) avec sa batterie d’ordinateurs en train de magouiller de faux virements sur le compte de la cible, que les "saoudiens vont forcément repérer"… :-))))..C’est celà ouais..
…Ah bon ??Les islamistes, de peur d’être repérés par les "services secrets", n’utiliseraient plus Internet et le Téléphone ??Ben merde alors…
…Passons sur le redoutable tandem de duettistes di caprio-Russell truc’ sur les frêles épaules desquels semble reposer en totalité le poids de la lutte anti-terroriste internationale..Bravo les gars :-)..et finissons en vedette américaine avec la presque décapitation de Di caprio, nonobstant son statut d’agent de la CIA qui, dans l’esprit de n’importe quel responsable islamiste compétent, lui vaudrait plus certainement un statut de fabuleuse monnaie d’échange que celui que chair à couteau… :-)
Etc etc etc…Non sérieux..Là, Bakchich vous déconnez..Sur la forme, ce film est une foutaise intersidérale, toutefois bien fait et probablement prenant pour un "extérieur" à ce business..Mais pas à la hauteur de Ennemi d’Etat et des Bourne qui eux, au moins, n’ont pas une seconde la prétention de la véracité :-)))..
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