Vous connaissez le couplet et même le refrain : « Quand il met à mort le toro, le torero accomplit un acte d’amour. A ce moment lui-même est le toro, et le toro est lui… bla bla, bla bla bla ».
Donc, le 15 août dernier, à Saint-Drézéry, dans l’Hérault, quand le toro tue Jean Rey-Robert, un conseiller municipal de 67 qui participait à un lâcher de ruminants en ville, la bête manifeste son amour pour ce même Rey-Robert. En le tuant. Après l’amour vache, voici l’amour taureau. Ces considérations taurines pour vous rassurer en vous disant que le bon Jean est mort dans la joie. En effet, pourquoi seul le toro aurait-il le bonheur et le privilège d’être tué pour le plaisir des aficionados ? La mort comme acte d’amour, le taureau y a bien droit, lui aussi de la donner, se trouvant cette fois du bon côté de l’épée.
Si je vous raconte tout ça c’est que, dans leur grande sagesse, les Catalans d’Espagne viennent d’interdire les corridas. Et qu’en France il serait bien de faire pareil. Je vous dis cela aussi à propos de ce fait divers fatal pour le conseiller municipal amateur de bovins martyrisés.
Voici l’article publié dans la Dépêche du Midi :
« À Saint-Drézéry, au nord de Montpellier (Hérault), le dernier encierro de la fête votive organisée en soirée le 15 août a fait un mort. Juste après avoir lui-même donné le départ du lâcher du premier taureau dans le circuit fermé sur la place de la mairie, Jean Rey-Robert, un conseiller municipal de 67 ans a été très violemment percuté par l’animal. Il a été projeté en l’air avant de retomber sur une borne en béton au coin de la mairie. Il venait tout juste de pénétrer dans l’enceinte où les jeunes attrapaïres sont face aux taureaux. « On ne sait toujours pas pourquoi, il s’est avancé devant les barrières métalliques. Toutes les mesures de sécurité avaient été respectées. À notre connaissance il n’y avait pas de faille dans notre dispositif. Sans taureau, ici, ce n’est plus vraiment la fête » explique Jackie Galabrun-Boulbes, le maire de la commune qui était très affectée hier par la disparition d’un homme très investi dans la vie du village. « Je l’ai vu quelques minutes seulement avant l’accident. Il était en pleine forme. Il n’avait pas bu. Il s’est trouvé au mauvais moment au mauvais endroit » explique un de ses amis du village. Les gendarmes de Castries mènent l’enquête pour définir les conditions réelles de cet accident sans précédent dans cette commune qui organise au moins un encierro et un abrivado chaque jour de fête votive. »
Denis Podalydès, l’omniscient comédien qui joue tout pareil, Richard III, Harpagon où les vacances à Oléron, devrait faire un rôle de torero, lui qui a narré son amour de la corrida dans La Peur, Matamore. Pour une fois il serait vraiment drôle. Viva la muerte !