Parmi les amis des bêtes qui dénoncent la cruauté de la corrida, combien ont fait couper les couilles de leur chat ?
Une question me taraude : parmi les amis des bêtes qui dénoncent la cruauté de la corrida, combien ont fait couper les couilles de leur chat ? Je crois me souvenir que Brigitte Bardot, leur pimpante Madone, avait ainsi fait châtrer son âne (il n’a pas souffert et se sent beaucoup mieux depuis qu’il est mort).
Eh bien, je pose carrément la question à ces députées sans gauche ni droite qui ont cosigné une proposition de loi, considérant sans doute que, dans un pays où il y a tant de misère, celle des bovins avait priorité sur le bureau de l’Assemblée. Et aussi à Val, qui, pour qu’on cesse de le confondre avec Picasso, a écrit au moins cent fois dans ses chroniques de pur rebelle qu’il rêvait de voir la mort du torero, éventré si possible – ce qui n’était évidemment pas de la barbarie (quel con, ce Picasso !) Staline ? 11 Septembre ? Treblinka ? lapidation ? Barbarie que tout cela – mais pas Hiroshima, ou alors je suis sourd. Tuer le taureau à l’épée, tradition barbare ; l’égorger vif face à la bonne fenêtre, tradition pieusement sympa ; en faire un boeuf, tradition charolaise ; bouffer les huîtres vivantes, joyeux Noël ! C’est comme les couilles de Mistigri : seule l’intention compte.
Car certaines mutilations graves sont parfaitement tolérées en dehors des arènes, grâce à la puissance de vieux lobbies. Par exemple, dans le lobby monothéiste, deux firmes sur trois prélèvent sur tout nourrisson mâle une pièce délicate de son anatomie sous le prétexte bizarre que ça fait plaisir au bon Dieu. Moi, un Dieu qui flippe de voir couper le prépuce de bébé, je m’en méfierais plutôt. Un de ces jours, il est foutu d’envoyer son fils se faire crucifier…
Donc, avant d’empêcher un gringalet en habit de lumière de risquer l’éventration pour finalement tuer à l’épée un bovin qui n’est peut-être pas d’accord, ces dames pourraient examiner la circoncision, spectacle familial consistant à mutiler en habit sacerdotal des bambins qui n’ont pas été consultés, au mépris des droits de l’enfant. ça fait pas mal et c’est bon pour la santé ? Pareil pour le taureau : pas un ne porte plainte et, après l’arène, plus un rhume !
La corrida, c’est mystique, paraît-il : tant mieux, les aficionados n’ont qu’à fonder officiellement une religion. Puisque, dans leurs églises à gradins, ils ne troublent pas l’ordre public, ils pourront, sans se faire traiter de blaireaux, réclamer la tolérance, invoquer leurs droits de minorité et exiger le respect de leurs rites traditionnels comme le premier cul-bénit venu. Le culte de Mithra, où l’on sacrifiait un taureau, n’est peut-être pas explicitement interdit chez nous. À saisir.
Cet article s’est perdu. La fin n’a rien à voir avec son début.
Je ne sais pas où l’on a pu faire mention de priorité des bovins. Que les anti-corridas se soient bougés suffisamment pour qu’on les écoute et qu’on change la loi en leur faveur n’a rien à voir avec la priorité des bovins sur d’autres affaires.
Vous devez être sourd. Peu de personnes félicitent Hiroshima. Ça effraie plus que ça n’impose le respect.
On ne change pas le Monde d’une seule impulsion. Si l’on s’attaque aujourd’hui à la corrida, rien ne dit que demain on ne s’en prendra pas de nouveau aux abattoirs ou aux carnassiers.
Cet article frôle le Godwin et met les pieds dans le plat du hors-sujet.