Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
COUPS DE BOULE

Les bons et les mauvais otages

Nerf de la guerre / mardi 23 mars 2010 par Jacques-Marie Bourget
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

La libération de deux reporters de France-3 en Afghanistan serait trop coûteuse ? Si le chef de l’armée commence à énumérer les dépenses inutiles, il sera bientôt nu comme un roi.

Robert Capa qui, cinquante six ans après sa mort -tué par une mine en Corée- reste le meilleur d’entre ces reporters qui se rendent à la guerre, pour montrer au monde combien elle est horrible, répétait souvent : « Si ta photo n’est pas bonne c’est que tu n’étais pas assez près »…

En disant cela, il ne parlait pas de téléobjectif ou de focale, mais de la proximité qu’on a, ou non, avec son sujet. En disant «  près », il voulait dire «  proche ». En Afghanistan, deux journalistes de France-3 ont été enlevés par des Talibans parce qu’à leur tour ils voulaient être « proches ». Plus intimes avec le monde qu’ils étaient chargés de filmer, de décrire ; auquel ils voulaient donner la parole.

Bien sûr qu’ils auraient pu rester à l’abri d’un blindé français et filmer l’Afghanistan avec la manière de voir du général Georgelin, le chef d’état-major de nos bidasses. C’est-à-dire avec les yeux de Lyautey au Maroc, ceux de Bigeard en Indo, ceux de Bigeard encore ou de Massu en Algérie : le regard de la défaite. La guerre qu’il conduit contre les Talibans est déjà perdue, il ne veut pas que des journalistes la montrent. Clémenceau nous a prévenus : « La guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires »…

Georgelin, dont on peut supposer qu’il n’a jamais entendu un coup de canon, sauf celui des jardins du Palais royal qui tonne tous les premier mercredi du mois à midi, a donné un avis sur nos deux confrères enlevés dans la province de Kapisa : «  leur recherche a déjà coûté 10 millions », c’est-à-dire trop cher !

Attention cher étoilé, tu mets ici le doigt dans un fatal engrenage. Si le chef de l’armée commence à énumérer les dépenses inutiles, il sera bientôt nu comme un roi, marchant au pas avec sa solitude. Nous, aussi, journalistes qui voyons de près les grandes manœuvres des champs de bataille, pourrions retourner la question : l’armée, combien ça coûte ? Combien coûte la calamiteuse opération de nos deux agents «  secrets » capturés en Somalie à l’hôtel de « La Presse » ? Et combien à coûté, la libération, en Afghanistan, des deux membres d’une ONG dont le sort semblait très cher à l’armée ? S’il veut être utile, notre général devrait immédiatement enlever ses épaulettes pour aller bosser chez Jean-Pierre Pernaut.

J’ignore si ce zèbre est cavalier, mais disons que Nicolas Sarkozy, sur ce même sujet, lui a mis le pied à l’étrier. Le Président s’est montré considérablement ronchon à l’annonce de la mise sous séquestre Taliban, au pays du démocrate Karzaï, de nos deux amis. Réaction surprenante pour un homme qui, depuis qu’il a été intermédiaire lors d’une attaque de maternelle par « Human Bomb » en 1993 à Neuilly, a montré qu’il nage à l’aise dans les histoires d’otages. Mieux, les otages, qu’il les aime. Comme Cécilia aimait les infirmières bulgares, comme Carla appréciait Roger Auque. Qui, lui, en dépit qu’il ait naguère coûté de l’argent à la France, a été nommé ambassadeur en Erythrée (ne riez pas, c’est vrai).

Il y a donc les bons otages, ceux de l’Arche de Zoë, Pierre Calmatte, le planteur rigolo du Mali, Ingrid Bétancourt, la sainte… Il y a aussi Florence Cassez, une Française condamnée de droit commun au Mexique, que l’on peut englober dans la nasse de la sympathie. A son propos, j’ai entendu le Président dire : « Manquerait plus qu’un pays (le Mexique) ne respecte pas ses engagements internationaux ! » Au moment même ou Israël, dans un dossier de tentative d’assassinat, bafouant les accords signés en 1959, refuse à nos juges sa coopération judiciaire. Le tout dans l’indifférence d’un Nicolas Sarkozy regardant ses chaussures.

Sachons qu’il y a donc les bons et les mauvais otages. Ceux de France-3 ne sont pas bien… Pour être utiles, l’Elysée et Georgelin devraient publier une notice, un règlement, une charte qui nous permettrait de nous faire prendre dans un cas de figure qui convienne à nos protecteurs. Et si nous devenions tous des Laurence Ferrari ?

------


AFFICHER LES
2 MESSAGES

Forum

  • Les bons et les mauvais otages
    le mercredi 24 mars 2010 à 15:06, OXMORE a dit :
    Bien d’accord. Et n’oublions pas Salah Hamouri.
  • Les bons et les mauvais otages
    le mardi 23 mars 2010 à 09:11, HN a dit :

    Je ne pensais pas Mr Sarkozy réellement capable de mettre à exécution ce qu’il avait dit de France 3 : « Il faut virer la direction de France 3 ! Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ça ne va pas tarder ! ».

    Mais apparemment, il commence par des postes un peu plus bas avant d’attaquer le haut de la pyramide…

BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte