HB griffonne
C’était 46 h, du 13 au 15 mai 1993, à Neuilly-sur-Seine, un homme masqué, Human Bomb, prend en otage une classe de 21 bambins de trois ans. La salle est bourrée d’explosifs. Jean-Pierre About, grand reporter à TF1 envoyé à la maternelle Commandant-Charcot au moment des faits, a relaté l’histoire dans un livre intitulé HB, 46 heures qui ont bouleversé la France (Calmann-Lévy, 2005), réédité le 20 août. En échange des enfants, HB exige 100 millions de francs et la mobilisation de tous les médias et des pouvoirs politiques français.
Pas besoin de demander aux télés, la prise d’otage, c’est le sujet idéal : aussi, le 20h de France 2 y consacre 25,65 minutes (sur 35,35 minutes de JT) le 14 mai, 32,50 minutes (sur 39,17) le 15, et le 16 mai, l’affaire fait toujours la une. Une occasion rêvée pour Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly et ministre du Budget. Il inaugure pour l’occasion la technique dite du « mouvement permanent » : tirer avantage de l’actualité devant les médias à chaque fois qu’une occasion se présente. (Cf. M.Sarkozy déjà couronné par les oligarques des médias ? dans Le Monde Diplomatique de septembre 2006) « Il était connu, mais ne faisait pas encore partie du cercle très restreint des stars de la politique. Pendant quarante-six heures, tous les Français découvrent cet homme courageux qui sort de la salle de classe truffée d’explosifs avec des enfants dans les bras. Il connaît immédiatement une vague de popularité. Il franchit pour la première fois la porte du très envié baromètre Sofrès-Figaro-magazine. » (p.256)
Sarkozy a joué sa partition avec brio…et sobriété ! Quand il s’agit d’affronter la justice, Sarkozy « a l’intelligence de rester à l’écart de la polémique autour de la mort de HB (tué par le Raid sur ordre du ministre de l’Intérieur, à l’époque Charles Pasqua, NDR). Au cours de la conférence de presse du ministre de l’Intérieur,il ne dit pas un mot. » (p.257) Un accès de sagesse qui appartient au passé.