Le projet de TGV marocain est mal engagé. Trop cher ! La SNCF vient de rapatrier de Rabat tous les ingénieurs qui travaillaient sur le projet.
En octobre 2007, pour sa première visite officielle de chef d’Etat, Sarko arrachait de Mohammed VI un accord de gré à gré, à la barbe notamment des Espagnols que le marché intéressait : la France, avec ses entreprises fleurons – comme Alstom, boîte chouchou de Sarko – aura l’honneur de construire et d’équiper la première ligne de TGV d’Afrique, entre Kenitra et Tanger ( à 320 km/h ) pour commencer.
Pour emporter le morceau, la France a accepté de mettre du beurre dans les épinards marocains : elle paiera à hauteur de 75 millions d’euros les études d’ingénierie et promet un effort pour financer le gros des travaux.
Mais voilà, les ingénieurs du groupe SNCF chargés d’établir un premier devis ont visiblement eu la main un peu lourde. La facture dépasse ce qu’imaginait l’acheteur. Si l’on se fonde sur une moyenne d’environ 10 millions d’euros le kilomètre, elle pourrait avoisiner les 2 milliards d’euros pour les 200 kilomètres de Kenitra Tanger. L’affront, le régime marocain l’a subi en comprenant qu’il aurait à régler la majeure partie de la douloureuse. Comme si après avoir préféré acheter des F16 américains d’occasion plutôt que des Rafale à Dassault, le bon roi Mohammed VI pensait que la France allait lui offrir son train électrique…
Sur place, un diplomate français assure que tout va bien, que la SNCF et son homologue marocaine l’ONCF n’ont pas rompu le contact, tout comme les représentants des deux gouvernements qui parlementent autour « du niveau de prestation ».
La certitude, c’est que les grandioses rêves ferroviaires de M6 en ont pris un sacré coup ces derniers temps. La ligne Tanger-Casablanca (Kenitra) ne constitue en fait qu’une petite pièce d’un projet plus fou : celui d’arrimer le Maroc à la riche Europe par l’intermédiaire d’un tunnel ferroviaire taillé pour les TGV et passant sous le détroit de Gibraltar. Un vieux serpent de mer auquel le Maroc et l’Espagne ont tenté de redonner consistance en 2006. Las, fin septembre, le quotidien espagnol El Pais a révélé le verdict peu réjouissant de récentes études. Creuser sous la Méditerranée est une autre paire de Manche que d’avancer dans la craie entre la France et la Manche. Avant de dire si cet ouvrage à plusieurs milliards d’euros est techniquement faisable, l’étude préconise d’abord de percer un tunnel de reconnaissance. Coût estimé : entre 900 millions et 1 milliard d’euros…
Le Maroc a en tout cas trouvé en l’Espagne un allié pour tenter d’impliquer l’Union européenne. Le 13 octobre, le gouvernement de Zapatero a prévu de se rendre à un conseil des ministres consacré aux affaires étrangères à Luxembourg avec deux membres du gouvernement marocain, dont Karim Ghallab, chargé des infrastructures. But de la manœuvre dont l’initiative n’a visiblement pas été partagée avec la cellule qui s’occupe à l’Elysée de l’Union pour la Méditerranée : obtenir un soutien – dans un premier temps institutionnel, financier ensuite si affinités – de l’Europe au projet de tunnel sous Gibraltar. Aux dernières nouvelles, malgré la crise financière, l’intervention était toujours prévue. « Le gouvernement espagnol va peut-être se ridiculiser, estime un observateur madrilène. En tous cas pour faire face à la terrible crise du BTP, il a prévu une vigoureuse relance des projets d’infrastructure ».
Quoiqu’il en soit, les Marocains seront sans doute heureux d’apprendre que les milliards que le régime de Mohamed VI veut dépenser dans le rail s’adressent surtout aux nantis, aux business man et aux touristes, clientèle visée par le TGV. Pour convaincre les 27, le régime a tenu à glisser dans le dossier la carte d’un réseau à grande vitesse rêvé. Avec un tunnel, les villes espagnoles et marocaines ne seraient qu’à quelques heures de TGV. Même un proche du dossier souligne « l’aberration économique du projet de grande vitesse ferroviaire marocaine. Etant donné que le niveau de vie privera le gros de la population de l’accès à un TGV, on voit mal comment la seule clientèle des riches et des touristes arrivera à rentabiliser le premier tronçon Tanger Kenitra ». Au risque de jeter de l’huile sur le feu, un observateur espagnol estime que l’Algérie s’y prend mieux en modernisant le réseau ferroviaire existant pour porter sa vitesse à 200 km/h.
Pas très prestigieux c’est vrai, mais plus efficace.
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Bonjour, Nonobstant la différence entre l’envie du Maroc et ses moyens, il faut noter que la France perd des parts de marché faute de discernement et de pragmatisme (face aux anglo-saxons et chinois). La SNCF vend ses projets a un etat etrangers comme si elle le faisait avec l’etat français (cout reel systématiquement sous evalué, cout prohibitif des etudes en amonts etc etc..). Or ces pratiques, les africains en général ne les supportent plus. Et pourquoi selon vous le ministère de la defense vient de revenir sur l’acquisition de 60 rafales ? parce qu’il y en a marre de la france soit la vache à lait du rentier Dassault ! cout previsionnel : 40 millions, cout a l’arrivée 80 millions ! et le maroc n’est pas abu dhabi…La france ferait mieux d’adapter ses offres a ses clients, faute de quoi elle perdra ses parts de marché. nota : le projet de TGV au maroc est pour 2015/2020…
cordialement
Reflexion d’une stupidité ! Encore une personne qui sait tout mais ne sait sans doutes rein faire, sinon critiquer.
Pas une affaire d’ingénieur mais de politique de maintenance de l’infrastructure.
Parlez de ce que vous connaissez
Les F-16 achetes sont des Bloc 52 neufs. Pour ce qui est du TGV, il fait partie du programme d’infrastructure necessaire. La SNCF donne une estimation sur base de l’utilisation d’entreprises internationales. Le Maroc repondra par des demandes de compensation, c’est-a-dire demander a ce que certains composants soient produits au Maroc. Dans ce cas, le cout de 2mrds sera en partie reinjecter dans l’economie marocaine.
Les investissements d’infrastructure, que ce soit les autoroutes, les ports, le chemin de fer, les aeroports ou les centrales electriques, sont un element structurel du programme de developpement de notre pays (comme de tout pays). Ce ne sont pas des depenses de prestige mais du capital dont le role est de faciliter la generation de valeur en accelerant le deplacement des personnes et des biens, en desenclavant les regions et en fournissant l’energie necessaire.