Un Camara remplace l’autre. Comme l’avait dessiné Bakchich ( Ceux sur qui Lansana peut compter, in Bakchich # 20), la doublette Camara a été lancée sur la piste pour résoudre les conflits dans le pays…et accessoirement, préserver le pouvoir du clan présidentiel.
Naturellement, la méthode douce, pour sortir de la crise, a tout d’abord été employé. Tout juste promu ministre des Affaires présidentielles, le petit Eugène Camara a été bombardé Premier ministre le 9 février. Au grand dam des syndicalistes qui paralysent le pays et se font tirer dessus par la flicaille ou les bidasses depuis un mois. Les mécréants osent exiger, comme prélude à une cessation de leur mouvement, que le chef du gouvernement soit une personnalité indépendante. Les malotrus ont donc remis leur grève à l’ordre du jour. Et ont fait se fâcher tout rouge le président guinéen Lansana Conté. Qui a décrété l’Etat de siège et confié de facto les rênes du pays à Kerfalla Camara, le chef d’Etat-major. Lequel ne s’est pas fait plus prier que ça pour faire respecter le couvre-feu coûte que coûte. Depuis début janvier, au moins 113 corps ont été retrouvés sans vie.
Les négociations entre syndicats, armées, opposition et gouvernement ont certes repris jeudi 15 février, mais un signe ne trompe pas. Une compagnie de rangers guinéens, formés depuis des mois par des officiers américains et fidèles à Kerfalla Camara, ont quitté leur lieu de villégiature pour regagner Conakry. « Le passage en force est obligé, armée en route et les répressions sans doute sanglantes », glisse une barbouze du cru. Quel beau programme.