Après le drame du massacre du Stade de Conakry en septembre 2009, et la tentative d’assassinat sur le Président intérimaire Dadis Camara suivie de son exil au Burkina Faso, les élections de juin 2010 risquent de tourner à une véritable salade électorale.
Le Général Sekouba Konaté ne voulant pas rester au pouvoir plus longtemps, une première en Afrique, tout le monde a voulu précipiter des élections dont la mise en place opérationnelle par la société française Sagem n’est qu’un voile de démocratie sur une issue nécessairement bancale.
Après les péripéties de santé du responsable des élections, qui a été longuement hospitalisé en France à l’approche de la date critique, personne n’avoue réellement que ce n’est qu’un simulacre de démocratie qui donne bonne conscience aux Occidentaux.
Il suffit pour s’en convaincre de constater la carence totale de gestion logistique et technique de ces élections, l’absence de fichier, de préparation des bureaux de votes,et même des cartes électorales.
Le jeu politique est par ailleurs brouillé par une richesse quasi-inexploitée en ressources naturelles qui devrait promettre à la Guinée un avenir florissant, si toutefois une stabilité politique était trouvée .
Pendant ce gouvernement de transition, les groupes étrangers ont su profiter d’une situation bancale concernant l’attribution des ressources naturelles, comme le cas de l’israélien Benny Steinmetz Group Resources en atteste de manière criante et auto-proclamée.
Si l’on considère que le pouvoir doit cette-fois revenir à un civil, il est difficile de penser que l’armée en sera loin. Compte-tenu des spécificités du pays, il sera impératif d’éviter la domination d’une majorité ethnique en privilégieant le candidat d’une minorité.
En effet, avec près de 200 candidats, et donc de 200 partis différents, le manque de sérieux du contexte de ces élections est indéniable.
Néanmoins, on sait déjà que c’est parmi les 5 "favoris", soutenus les uns et les autres par des puissances étrangères allant de la France à la Lybie, que devrait se trouver le futur lauréat.
Citons le Peul Celou Dalein Diallo qui exerça comme Ministre pendant 14 ans sous la présidence de Lansana Conté, et fut mis en cause lors de malversations estimées à plus de 250 millions de dollars sur la cession d’une usine d’alumine à Rusal. Il apparaît comme un candidat peu crédible au vu de son engagement ethnique au sein de son parti (l’UFDG) et de sa réputation de personnage versatile, véritable marionnette de son ancien patron l’ex-président Conté.
Le Malinké Lassana Kouyaté, poulain de Kadhafi qui a su lui donner les moyens de se rendre populaire, et qui bénéficie en outre d’un beau carnet d’adresses dans les pays du Golfe, et jouissant de son statut de Fonctionnaire international, auprès de l’ONU et de la CEDEAO entre autres, depuis qu’il a quitté la Primature.
Son concurrent et néanmoins collègue le Malinké Luceni Fall, diplomate de carrière auprès des Nations Unies, ex-Premier Ministre et Ambassadeur de Guinée, mais présentant le double handicap d’appartenir à un parti faiblement représenté et de ne pas avoir la dimension et la pugnacité de ses concurrents.
Enfin, parmi les différents candidats en lice réellement crédibles, la France a un positionnement rendu ambigu par l’amitié de M.Kouchner et du marxiste Alpha Condé datant de leur engagement au sein de l’Internationale Socialiste.
Alors que le candidat logique et naturel de la France devrait être Sydia Touré, qui présente, outre une expérience du pouvoir concluante et appréciée, l’avantage d’appartenir à une ethnie ultra-minoritaire qui l’obligera à composer avec les autres ethnies.
L’émergence de nouveaux espoirs à l’affut de ce pouvoir convoité est représentée par Papa Kolly, son concurrent Bouba Barry, et surtout l’ex-Ministre de la Jeunesse et des Sports, le très populaire Baidy Aribot, dont la réputation assise sur un bilan respectable à la tête de la Banque Centrale et de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, devrait le propulser dans les coulisses du pouvoir Guinéen.
Mais auparavant, la Salade Guinéenne n’aura pas le goût de la Salade Niçoise du congrès des Chefs d’Etat Africains du mois de Juin dernier.