Manu Larcenet signe un retour triomphal avec son nouvel album, "Blast", aux éditions Dargaud.
Manu Larcenet aime les bougies. C’est à sa lueur qu’il peint la solitude des hommes. D’elle qu’il tire la cire brûlante de personnages à l’encre noire. Sa dernière BD, « Blast », aux éditions Dargaud, se lit comme on allume un cierge froid. Seul vœu possible : être libre. Absolument, jusqu’à l’abandon. Nul autre choix.
Une lutte récompensée en 2004 pour le 1er tome du « Combat ordinaire », prix du meilleur album du Festival d’Angoulême. Cette fois, on suit le destin de Polza Mancini, 38 ans, sans domicile et écrivain. Un sacré bonhomme aussi fou que gras, au regard infini, en chasse de sa rumeur intérieure, celle de son esprit. Il se bourre alors d’alcool comme on remplit une vieille bagnole, fuit dans les bois et cavale derrière on ne sait trop quoi. Ou plutôt si, la mèche de l’explosif mental, le « blast », que ça fasse « boom », et signe l’entrée en guerre avec son seul imaginaire. Le graal des chimères et de l’exaltation des sens et à portée de bouteille contre le tiède ennui de la vie.
Ses récits ont quelque chose de la tragédie des contes de Perrault. Une poésie de la vie comme de la prose. On voudrait le voir illustrer le Petit Poucet, Peau d’âne tant ses dessins ont l’application et la rigueur de traits des anciennes gravures. Larcenet est un conteur de la mélancolie. Celle dont Hugo avait joliment définit comme « le bonheur d’être triste ».