A la découverte d’E-M, jeune groupe de hip hop prêt à révolutionner la scène française.
Sceptique aux premiers abords, attendant sans doute un énième groupe de rap au flow incertain et aux paroles plus agressives que revendicatives, la foule se met doucement à hocher de la tête, à danser en rythme puis se surprend à fredonner les airs d’une chanson qu’elle vient à peine de découvrir. Ce même scénario se répète inlassablement à chaque prestation du groupe E-M. À l’heure où la découverte de nouveaux talents s’apparente à une véritable quête moderne, Bakchich se laisse donc prendre au jeu et vous présente le futur du hip hop français avant que la vague du succès n’en profite pour inonder les unes des magazines spécialisés.
L’histoire est un classique du genre. Issus du Val-de-Marne, ils sont sept, tous mordus de son et débordants d’ambitions. Et tous commencent très tôt à se produire avec les bancs de l’école, les scènes de quartiers et autres MJC comme terrains de jeu. Leur amitié et leur prédisposition musicale scelleront leur union comme une évidence. Ils créent alors le collectif Emergence, avec pour seule ligne de conduite le plaisir de jouer et de se démarquer d’un rap français déjà aseptisé par la « génération bling bling ». Nous sommes au début des années 2000 et pendant près de deux ans, la joyeuse troupe se consacre exclusivement à la création de morceaux originaux en studio. Deux ans de dur labeur durant lesquels le groupe forgera son identité musicale.
Malheureusement les maisons de disques ne suivent pas. Ces dernières, menacées par le téléchargement illégal, se montrent de plus en plus frileuses à l’idée de signer des artistes en devenir. Il faudra faire sans. Cette dure réalité économique effraye et les départs se multiplient. Pas de gloire sans galères. Le collectif Emergence se dissout en 2004 pour laisser place à un noyau dur composé de trois MCs aux univers musicaux variés : Kocy, Aksa et Benoid. E-M est né. « Ce n’est peut-être pas un hasard si on se retrouve à trois aujourd’hui. Nous avons signé bien plus qu’un contrat moral entre nous. L’équilibre est parfait », clament-ils à l’unisson. Une fois épuré, E-M passe donc à la vitesse supérieure et autoproduit « l’Aurore », son premier mini album en 2005. Cette époque marque un tournant dans l’histoire du groupe, d’authentiques instruments débarquent dans leurs mélodies. « Le synthé manque un peu de chaleur, on aime trop la musique pour s’en contenter. Apres notre premier album on a gagné en crédibilité et on a enfin pu s’entourer de musiciens talentueux. » Solidement armé, E-M enchaîne alors les concerts. La mode est aux artistes qui créent des buzz sur le net. Eux créent le leur sur scène, véritable vitrine d’un talent certain. L’énergie déployée et la résonnance jazzy du groupe pourraient s’apparenter à un savant mélange des Saian Supa Crew et des Beat Assaillant. Les puristes apprécieront. Profitez donc des concerts intimistes d’E-M avant qu’ils ne remplissent un jour les Zéniths de Francey
À noter que « Point de non retour » leur deuxième album, vient de sortir. En concert le 19 septembre à La Scène Bastille. www.emvillage.com