Le producteur d’Amy Winehouse et son bien nommé "Record Collection" nous plongent dans une ambiance de discothèque idéale aux accents rétro futuristes.
Alors qu’on nous bassine partout avec le « déjanté » Katerine (l’inventeur du bizutage pour les oreilles), l’« engagée » Zazie (dans Métro) et le déchanté Raphael (plutôt sur le bord que sur la route aujourd’hui), le pays pourrait passer à côté d’une galette confectionnée avec amour de la musique par le producteur de l’album cultissime "Back to black" de Amy Winehouse : Mark Ronson.
En musicien libre de ses goûts et assez malin pour ne pas céder à la facilité du casting 100% hype susceptible de conforter sa crédibilité, le producteur-chanteur-multi-instrumentiste-pas-sectaire se fait plaisir en conviant les Duran Duran Simon Le Bon et Nick Rhodes, le rappeur Q-Tip, Nick Hodgson de Kaiser Chiefs ou encore l’ex-Pipettes Rose Elinor Dougall pour le bonheur de nos oreilles et pour un résultat aux frontières électrisantes entre rap, pop, funk, classique, disco, etc. .
Dans le feu de la musique urbaine contemporaine, entre l’artillerie lourde d’Eminem et la fleur au fusil de Moby, "Record Collection" s’affirme comme un beau condensé des possibilités (et des limites) de la nouvelle world music : la sono mondiale (universaliste ?) « ambient ». Pour le dire autrement, Ronson fait du neuf avec du vieux, le fait très bien, mais sans atteindre le sublime des origines car trop occupé à vouloir sonner « moderne » (passages rappés dans chaque titre, propension à déshumaniser la production par des effets clinquants).
C’est là que ça coince un peu. On se souvient de l’axiome prophétique énoncé par Alain Pacadis chez Pivot, sur le plateau d’Apostrophes : « Nous sommes des gens modernes, nous sommes des robots, nous n’avons plus de sentiments, nous sommes comme des machines ». C’était à la fin des années 70, et Ronson en est la pleine illustration aujourd’hui. Si Ronson avait été peintre, son art aurait consisté à relever les nymphéas de Monet d’une touche de fluo(ryl ?) avec un bras articulé - pour faire moderne, donc.
Alors bien sûr, on est loin des excellents The National - High Violet est toujours dans le trio de tête des trois meilleurs albums de l’année - ou autres brillants Kasabian, mais une initiative bigarrée comme celle-ci reste une bouffée d’air authentiquement inspirée et délivrée des codes éthiques qui régissent l’acte périlleux d’enregistrer des chansons ambitieuses par les temps qui courent : "La musique la plus conservatrice du monde, c’est le rock indie", dixit Mark Ronson.