Les folles sagas d’été de « Bakchich » continuent. Avec cette semaine, un plongeon souvenir dans l’univers du ballon rond, avec lequel il est si drôle de jongler. Et à tout seigneur, tout honneur, rendons hommage à la Fifa, la fédération internationale. Qui, début juillet, a réussi à habilement dribbler la justice suisse dans une affaire de faillite frauduleuse, com’ et retro-com’.
Innocents ! À 2 ou 3 babioles près, c’est en tout cas ce que vient de décider le tribunal cantonal de Zug le 2 juillet dans l’affaire de la faillite frauduleuse d’ISL, la société suisse mise en faillite en mai 2001, à laquelle la FIFA avait attribué les droits TV et marketing des Coupes du Monde de Football 2002 et 2006. Souvenez-nous, Bakchich s’était intéressé de près au sujet.
Agrippés sans mollir à la loi suisse qui, à l’époque des faits, ne prohibait pas le versement de bakchichs et autres rétro-commissions dès lors qu’on pouvait prouver qu’ils étaient destinés à « lubrifier les relations commerciales », les 3 juges ont logiquement estimé que c’est à tort que la FIFA très tardivement, puis le liquidateur judiciaire, ont cherché des poux dans la tête des 6 principaux dirigeants d’ISL. Lesquels ont tout de même laissé un passif de 200 millions de dollars et payé 98 millions de dollars de rétro-com’ en une petite dizaine d’années…
Pour faire bonne mesure, la cour, un brin gênée tout de même s’agissant de l’un des plus gros scandales financiers suisses de tous les temps, a sanctionné quelques peccadilles : contre Jean-Marie Weber, le « lubrificateur en chef », un détournement de fonds anecdotique de 88 300 dollars. Une condamnation dont l’avocat de Weber, Maître Marc Engler, a immédiatement indiqué que son client ferait appel. « Mon client n’est pas tenu de prouver son innocence en expliquant la cause du paiement dont il a bénéficié. Il doit être présumé innocent » a-t-il rappelé à un parterre de journalistes goguenards.
Le tribunal a aussi confirmé la perception par Nicolas Leoz, 79 ans, l’encore-vert membre du Comité Exécutif de la FIFA et président de la Confédération Sud Américaine de football (COMEBOL), d’une somme de 130 000 dollars versée par ISL. Incapable de déterminer la cause réelle de la gratification perçue par le paraguayen, la cour l’a également blanchi au bénéfice du doute, des charges qui pesaient sur ses frêles épaules.
Hans-Jürg Schmid, Directeur Financier d’ISL et Hans Peter Weber, simple homonyme de Jean-Marie, ont également été déclarés coupables d’avoir détourné des documents juridiques d’ISL afin de laisser croire qu’elle était la maison-mère de sociétés fictives dont ils faisaient usage pour leurs petites affaires… Bref, des blagues de potaches.
Le meilleur moment de la farce judiciaire a été réservé par la cour à la FIFA. Le tribunal a en effet conclu que la FIFA avait parfaitement connaissance des difficultés d’ISL bien longtemps avant sa faillite, bien qu’elle n’ait étrangement pas exercé son droit contractuel de regard sur le « compte spécial » ouvert dans les livres d’ISL, compte destiné à recevoir les sommes dues par elle à la FIFA au titre de la commercialisation des droits TV et marketing des coupes du monde 2002 et 2006. Dans leur immense sagesse, les juges sont arrivés à la conclusion que la plainte déposée par la FIFA contre ISL en mai 2001 quelques jours avant sa faillite (et d’ailleurs, discrètement retirée en juin 2004) n’était que de la frime et l’ont condamné à la modeste amende de 116 000 dollars d’amende pour procédure abusive ! Les juges auraient voulu signifier à « Sepp le Couillu » qu’ils le tenaient pour connivent de Weber, qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement…
Le procureur Marc Von Dach a lui, parfaitement reçu le message et a laissé entendre qu’il allait faire appel du jugement.
Dans la grande tradition du droit suisse, les 6 prévenus blanchis se sont aussi vus octroyés des dommages et intérêts à la charge du contribuable helvète, compris entre 16 700 dollars et 186 000 dollars ! Roland Büchel, un ancien salarié d’ISL licencié sans ménagement et présent au procès, a déclaré en sortant du tribunal : « je savais que ces paiements étaient autorisés par la loi mais c’est quand même injuste que l’addition de tout cela soit finalement supportée par le contribuable ». Le pauvre n’avait évidemment pas connaissance du montant pharaonique attribué quelques jours plus tard aux frais du public, par un tribunal arbitral bien de chez nous à un certain Bernard Tapie. Nouvelle qui remontera certainement le moral de nos amis transalpins…
Il parait que depuis le 2 juillet, la Fédération Suisse de Football est littéralement prise d’assaut par des agents de joueurs du monde entier désireux de s’installer dans le pays et d’obtenir la licence « made in Switzerland ». On se demande vraiment pourquoi… ?
Lire ou relire sur Bakchich :
Très intéressant. Il y a tout de même une petite erreur :
Roland Rino Büchel, aujourdh’hui un politicien très connu en Suiss, n’a jamais été licencié par ISL. Il serait intéressant de savoir qui vous a donné cette information et dans quel but.
Est-ce la (ou une ?) mafia derrière la FIFA ?
Comme pour les casinos, les paris sportifs ?
En fait détenir les paris + l’organisation des compétitions permet de faciliter le trucage des rencontres.
En plus ça permet de blanchir plein d’argent sale.
BEURK !