La Chine, aimez-la ou quittez-la

Attention, grand ménage ! A l’approche des Jeux Olympiques, l’administration chinoise a entrepris un nettoyage en règle de l’ensemble des règlementations concernant le séjour et la résidence des étrangers en République Populaire. Objectif : faire appliquer les règles en vigueur jusqu’ici allègrement contournées. Et ça ne rigole plus. Les bureaux des étrangers, dépendant du Département de l’immigration du ministère de la Sécurité Publique, présents dans chaque district de Pékin, ont recruté de jeunes auxiliaires de police habillés en civil et chargés de contrôler les papiers des étrangers. Et de quelle manière !

Jo : fenêtrathlon

© Nardo

Armés de listes exhaustives recensant les étrangers par résidence et appartement, ces emplois jeunes à la mode chinoise se livrent à un porte-à-porte des plus rigoureux. Ils demandent prestement les documents obligatoires, à savoir le passeport et le visa ainsi que le certificat d’enregistrement dans le commissariat le plus proche. En effet, tout étranger posant le pied sur le sol chinois doit se faire enregistrer dans les 24 heures suivant son arrivée auprès des autorités compétentes. Les contrevenants à cette règle n’encourent pour le moment que de simples amendes forfaitaires mais le vent risque de tourner très vite maintenant. A cela s’ajoutent des contrôles sauvages de passeports, effectués cette fois par la police civile (jingsha) aux pieds même des immeubles. Nos pauvres expatriés, issus majoritairement des pays développés, découvrent brutalement les joies de se faire traiter comme de vulgaires clandestins.

Une politique ouvertement discriminatoire envers les populations africaines

Malgré ce zèle policier qui touche tous les étrangers, la question sensible de l’opacité (restons pudiques) entourant les procédures d’obtention et de renouvellement des visas se pose. Par exemple, la province pilote du Guangdong, sensée être à la pointe de cette nouvelle politique d’immigration, a mis en place des contrôles systématiques dans les rues. Hélas, ces derniers ne ciblent que les ressortissants des pays africains. Quand à la capitale, Guangzhou, qui abrite la plus importante et ancienne communauté africaine de Chine Populaire, c’est carrément une politique ouvertement discriminatoire envers ces populations qui est pratiquée.

Après une période de laxisme et de laisser aller dans la gestion de la présence des étrangers sur son territoire, échéance des Jeux oblige, Pékin se donne les moyens d’une politique d’immigration. Si celle-ci est qualifiée de répressive par certains commentateurs chinois, elle demeure plutôt libertaire en ce qui concerne les ressortissants des pays développés. Surtout si on la compare aux pratiques en vigueur en Europe et aux Etats-Unis.