Jean-Pierre Escallettes, le président de la fédération française de football, doit être réélu aujourd’hui 13 décembre par le conseil fédéral. Mais qu’en est-il de son étrange emploi à l’Education Nationale ? Enquête.
Réunies en conclave le 13 décembre 2008, toutes les familles du football s’apprêtent à renouveler par acclamations, le bail de Jean-Pierre Escalettes à la tête de la Fédération Française de Football.
La seule question qui obsède encore les participants à l’Assemblée Fédérale de l’auguste institution, réside dans le score qu’il réalisera et s’il parviendra à dépasser les 92,56% des voix obtenues sans bourrage des urnes lors de la précédente consultation.
Certes l’ampleur un brin sovietico-consentuelle de sa performance électorale a son importance. Mais le parcours de l’homme public vers le pouvoir suprême l’est tout autant. Et de ce point de vue, sa biographie officielle est assez déroutante. On connaît son dévouement sans faille pendant 25 ans à la cause de la langue de Shakespeare en qualité de professeur d’anglais certifié.
La bonne ville de Ribérac en garde un souvenir ému. Pour autant, s’ils n’en laissent rien paraître, ses hagiographes ont probablement été confrontés à des choix déchirants lorsqu’il s’est agi de sélectionner ses faits d’armes les plus tranchants. À commencer par sa dernière croisade en terre du Médoc…
À Parempuyre plus précisément, qu’il aurait rejoint selon la légende, en Septembre 89 pour la rentrée scolaire. Premier sujet d’étonnement. Dans la charmante commune de 8000 âmes passée à la postérité pour son paisible port de Lagrange sur la Garonne et son espace culturel François Mitterrand, personne ne garde semble-t-il le moindre souvenir de son arrivée au début de l’année scolaire 89-90 au Collège Porte du Médoc.
À demi surprenant. Car les historiens du football ont retrouvé la trace d’un désormais célèbre arrêté de détachement du 03/04/1990, par lequel l’homme de lettres se voit mis à disposition du Ministère de la Jeunesse et des Sports du 1er Décembre 1989 au 31 Août 1992 et plus particulièrement de la DRDJS de Paris.
Difficile en effet d’être simultanément à Paris et à Bordeaux. À l’époque, le TGV Sud-Ouest était encore une vue de l’esprit. Prenant manifestement goût à la vie parisienne. Le futur homme fort du ballon rond français rempile : Un nouvel arrêté ministériel du 14/12/1992 prolonge le détachement à la DRDJS de Paris de Jean-Pierre Escalettes, du 01/09/1992, au 31 Août 1995 date à laquelle il fera valoir des droits à une retraite bien méritée.
Comme le savent tous les fins connaisseurs des arcanes de notre fonction publique, les arrêtés de détachement pris par l’administration d’origine de l’intéressé précisent l’emploi budgétaire sur lequel il est détaché. De son côté, s’il ne veut pas être en reste, l’organisme qui l’accueille peut préciser ses fonctions. Au grand désespoir des Historiens du Sport, les arrêtés de détachement des personnels du second degré ne paraissent pas au Bulletin Officiel de l’Education Nationale.
Subsiste évidemment la source d’informations irremplaçable que constitue le Bureau des détachements du Ministère de l’Education Nationale. Seconde surprise de la carrière du Professeur Escalettes, les arrêtés mentionnés plus haut paraissent n’avoir jamais été publiés. En d’autres termes, exception faite de l’intéressé lui-même, pas grand monde n’a eu connaissance de sa montée à Paris. Bizarre, bizarre, on aurait voulu escamoter l’arrivée du linguiste distingué dans la ville-lumière qu’on ne s’y serait pas pris autrement…
Troisième surprise de taille, la DRDJS de Paris « ne dispose d’aucun document dans ses archives concernant Monsieur Jean Pierre Escalettes… ». Où peuvent bien être classés telles de précieuses reliques ses 6 bilans annuels de travail dont copie était remise au Directeur Technique National de l’époque ? Qu’importe.
Puisque l’ambitieux biterrois (il est né dans cette citée de l’ovalie en 1935) précisera lui-même avoir été mis à la disposition de la Direction Parisienne du Ministère de la Jeunesse et des Sports en qualité de…Professeur de Sport ! Chapeau l’artiste, non seulement la tête mais les jambes par-dessus le marché. Sauf qu’on apprend de source fédérale et donc indiscutable, qu’il est aussi, et surtout, nommé Secrétaire Général de la Fédération, poste qu’il occupera du 03/08/1990 au 24/03/1995. À peu de chose près, pendant toute la durée de son détachement à Paris comme Professeur de Sport, exerçant des missions de conseiller technique sportif. Un dangereux mélange des genres…
Les conseillers techniques sportifs et particulièrement les ex-conseillers techniques régionaux d’Etat, sont en effet visés par quelques dispositions un brin contraignantes : notamment l’article 9 du décret n°2005-1718 du 28 décembre 2005 reprenant des dispositions antérieures, et l’article 8 de l’instruction ministérielle n°06-169 du 11 octobre 2006 qui en découle. Ces 2 articles contiennent la formule incontournable selon laquelle « …leurs missions sont incompatibles avec toute fonction élective au sein des instances dirigeantes, locales, départementales, régionales ou nationales, de la fédération auprès de laquelle ils exercent ces missions... ». Pour la faire courte, celui qui n’était encore que l’ambitieux professeur Escalettes ne pouvait être à la fois Professeur de Sport à la DRDJS de Paris et Secrétaire Général de la Fédération. De la part d’un des plus éminents dirigeants sportifs français, qui n’a pas craint de se plaindre « que la justice de son pays l’empêche d’appliquer ses règlements » une anomalie apparemment aussi criante qui a tout de même duré 5 petites années a forcément une explication. Fiable à 92,56%…
A lire ou relire sur Bakchich.info
Ben alors Bakchich,je vais te faire une "aile de Pigeon" (non pas voyageur !) comme bon footballeur que je suis ! en complétant l’EXCELLENT ARTICLE sur : "l’intriguant parcours du Président Escalettes".
En effet, si les arrêtés cités dans cet article ô combien intéressant voire révélateur datent de 2005 et 2006, ceux-ci font références aux lois suivantes :
N° 84-16 du 10/01/1984 (Droits et obligations des fonctionnaires)
N° 84-53 du 26/01/1984 (Dispositions statutaires relatives à la Fonction Publique de l’Etat).
Autrement dit, ils concernent autant les fonctionnaires des années 1986 à 1995 que ceux d’aujourd’hui et particulièrement les Professeurs de sport détachés comme Cadres Techniques quel que soient les fédérations sportives concernées.
Par ailleurs, l’auteur de l’article constate qu’il n’y aurait aucune trace du passage de JP Escalettes dans les archives de la DRDJS de Paris, l’employeur de ce cher Président durant tout de même six longues années ? Et il a bien raison de s’étonner…le Bon Bougre !
Car, comme tout bon professeur de sport qui plus est, Cadre Technique, qui se respecte et surtout qui exerce ses fonctions !? celui-ci a l’obligation :
D’établir un Bilan d’activité annuel (en l’occurence, on devrait en retrouver six écrit par la main de JP Escalettes lorsqu’il exerçait, comme il le prétend, ses fonctions de Professeur de sport à la DRDJS de Paris de 1989 à 1995 !),
De remettre chaque année son bilan annuel à son responsable hiérarchique qui était, à l’époque, le Directeur de la DRDJS de Paris,
De remettre une copie de ce bilan annuel au DTN de la fédération dont il dépends : à l’époque, qui était Georges Boulogne.
D’autre part, chaque professeur de sport, qui plus est Cadre Technique est soumis aux obligations de tout fonctionnaire, à savoir, chaque année :
Remplir et signer la notice annuelle de notation administrative sur laquelle figure :
Sa fonction et sa discipline,
Son grade,
Sa note administrative de l’année précédente (dans le cas de JP Escalettes, il en aurait eu six en tant que Prof de sport et personne n’en trouverait trace !?),
Des appréciations et propositions de note pour la présente année où le document est utilisé. En l’occurence, c’est le Directeur de la DRDJS de Paris à l’époque qui les a apposées sur le document officiel et ceci durant six années consécutives. Et là aussi, il n’y en aurait aucune trace ?! Serait-ce un complot ?
D’autant plus suscpicieux que ces écrits doivent noter :
La ponctualité et l’assiduité du Professeur concerné (quelqu’un aurait tout de même bien vu passer JP Escalettes dans les couloirs de la DRDJS de Paris si, comme il le prétend, il y était salarié de 1989 à 1995 ?). A ce propos, où sont passées également ces 72 fiches de payes qui elles non plus, ne sont pas stockées dans les archives de cette institution d’état ? Encore une fois étrange…
Son activité et son efficacité : alors là, ça devient compliqué pour JP Escalettes car tout bon footballeur ou amateur de football de la ligue de Paris (ou dans son historique concernant les Cadres Techniques qui ont occupé un poste de ce type) ne se souvient à l’époque comme aujourd’hui que soit passé durant 6 longues saisons un Cadre Technique de football se prénommant JP Escalettes ?! (à moins que tous soient devenus amnésiques ? Attention ! car parfois, la mémoire revient…même tardivement mais juste quand il le faut !!!)
Son autorité et son rayonnement. Alors là, on frôle le malaise car, pour sûr, s’il exerçait sa "fonction" d’élu de l’époque qui était celle de Secrétaire Général de la FFF en même temps, (ce qui serait sans doute jugée illégal au regard des lois citées en préambule), il ne pouvait avoir le don d’ubiquité (quoique, sans doute que la loi n’était pas ou n’est pas, pour lui, la même que pour les autres fonctionnaires ?), donc, ne pouvait être connu et reconnu par ses pairs !!!??? sinon, tout le monde s’en souviendrait encore…
Sauf que, lorsque la note administrative du ministère des sports faisant obligation à la 3F de rendre des postes parce qu’il y en aurait eu trop qui n’étaient pas tenus comme il se devait, les pseudos collègues professeurs de sport, Cadres Techniques à l’époque s’en souviennent encore car celui de JP Escalettes est apparu en premier !…Vous pensez bien qu’ils pouvaient être étonnés les autres Cadres Techniques car tous, pensaient, comme l’ensemble des familles du football, que JP Escalettes était Secrétaire Général de la FFF et de ce fait, ne pouvait, en aucune manière être en même temps, Professeur de Sport, Cadre Technique de football puisque c’était et c’est toujours interdit pas la loi !!!
Que du bonheur pour JP Escalettes puisqu’il n’a pas eu à retourner travailler dans son ministère d’origine, c’est-à-dire, le ministère de l’éducation nationale en tant que Professeur Certifié d’anglais. Non ! comme par miracle, le 31/08/95, il a fait valoir ses droits à une retraite bien méritée, surtout après avoir exercé durant ses six longues dernières années professionnelles comme professeur de sport à la DRDJS de Paris…sauf qu’il n’y en a trace nulle part ? Et pire, que personne ne s’en souvient…
Etrange tout ça, tu ne penses pas, Bakchich ? Davantage lorsque l’on pense que jamais personne ne l’a vu s’occuper d’opérations techniques sur les terrains de la région parisienne durant six ans ? (Normal, tout le monde pensait qu’il était prof d’anglais à Parempuyre où personne ne l’a jamais vu "speaker in english" !!!???)
Sans compter que son ou ses responsables hiérarchiques de l’époque (notamment le(s) Directeur(s) de la DRDJS de Paris tout comme le DTN de la FFF) ont eu l’obligation de mettre six notes et six appréciations sur les bilans et le travail de JP Escalettes à raison d’une par an sur la période de 1989 à 1995. Où sont-elles ? Et si elles ne sont pas dans les archives de la DRDJS, peut-être sont-elles aux archives de la Direction Technique Nationale de la Fédération Française de Football ? ou alors, au ministère des sports ? ou de l’éducation nationale ? voire à la Direction des Archives de France ? En tout état de cause, ses notes administratives ont été retournées au ministère des sports, ne serait-ce que l’avancement de carrière de JP Escalettes dont le service des pensions du ministère de l’éducation nationale a bien du se servir pour établir ses droits à la retraite ?
Tout de même, n’aller pas nous faire croire que la bureaucratie à la française a pu oublier les six longues et dures dernières années de labeur de l’un de ses fonctionnaires les plus connus de la planète football ??? Que nenni…
Et zut ! On se triture sans doute l’esprit ? Et dire que l’intéressé lui-même prétend que son cursus professionnel en tant que professeur de sport est public et connu de tous !? Encore étrange ! C’est sans doute encore l’amnésie qui frappe les connaisseurs du football ?
N’empêche, on est tout de même inquiet lorsque l’on imagine un scénario où l’on demanderait à l’ex-professeur de sport d’apporter les preuves de ses déclarations ? Après tout, si personne n’a trace de son parcours à la DRDJS de Paris avec toutes les obligations qui auraient du être les siennes comme celles de ces acolytes Cadres Techniques des autres ligues de football en France, comment ferait-il pour se justifier au regard des lois de la République Française ?
Des rumeurs venues d’Aquitaine laissent entendre qu’en cas de besoin, il ferait de nouveau appel à l’un ses potes parlementaire à l’époque pour le dédouaner… Et si c’était lui qui centralisait toutes les pièces du dossier de JP Escalettes ? Un truc pareil est-il seulement imaginable ?
De Noëlegrec.
Bakchich, j’ai bien compris mais je crois qu’il y a des choses qui clochent dans l’argumentaire de votre article, même si je pense qu’il subsiste toujours un doute dans ces détachements entre administrations. Pour revenir à votre argumentaire, vous prenez en référence des arrêtés datant de 2005 ou 2006 pour une situation dans les années 90…ça colle pas ça, c’est pas correct… Il faut prendre en référence les arrêtés de la fonction publique à cette période même… et même après, il faut être prudent, c’est pas parce qu’on est détaché auprès d’une autre administration que celle-ci ne peut pas mettre à disposition d’une association ou autre du personnel qu’elle rémunère sur ces fonds publics ;
Je prends l’exemple d’une municipalité qui a une association d’accueil pour enfants sur son territoire, il n’est pas interdit pour la commune de recruter et payer un agent qui sera mis à la disposition de cette association par le biais d’une convention… Mais sur l’affaire Escalettes, une chose est sûre, on ne peut pas être prof de sport (si il l’est de formation ?) et conseiller technique dans une fédération,
mais sauf…attention si celui-ci a été mis à disposition par le biais d’une convention pour 50% de son temps à la FFF et le reste DRDJS de Paris…
Désolé mais la fonction publique recèle de nombreux artifices à l’avantage de l’administration pour lui éviter des mises en cause au Tribunal Administratif