Spécialiste de l’information militaire française, Jean-Dominique Merchet livre une fresque historique de nos troupes d’élites dans "une histoire des forces spéciales" aux éditions Jacob-Duvernet
Les forces spéciales « sont à la mode », selon la formule du chef d’état-major des armées Jean-Louis Georgelin. Dès qu’un problème surgit à Kaboul, Grosny ou en mer Rouge, il convient de dégainer ses forces spéciales : SAS, Bérets verts, Spetsnaz, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait sa troupe d’élite, incontournable signe extérieur de richesse. Pourquoi cet engouement ? C’est l’une des questions à laquelle notre confrère Jean-Dominique Merchet, fin connaisseur de la chose militaire répond dans cette Histoire des forces spéciales*.
Des commandos dont la modernité renvoie en réalité à la guerre primitive, celle où un petit groupe parvient se glisser « comme des serpents à l’intérieur du territoire de l’adversaire ». Du cheval de Troie aux bandes nocturnes menées par Du Guesclin, l’Histoire retient que les forces spéciales modernes sont nées avec les SAS au lendemain du désastre de Dunkerque, alors même que l’armée britannique est exsangue. Précisément, le souci de Sa Majesté est de frapper – fort – les esprits avec le peu de moyens qui restent ! Souci voisin, lorsque Paris dépêche les commandos du COS traquer le taliban : c’est spectaculaire et moins coûteux que d’y déployer un régiment de nos précieux chars Leclerc.
Question efficacité, le débat fait rage depuis la guerre du feu entre ceux partisans de regrouper les meilleurs au sein de troupes de choc et ceux qui estiment qu’à terme cette ponction des « élites » affaiblit le niveau général d’une armée, laquelle apprend très vite à se reposer sur ses « spécialistes ». Ainsi, de la déconvenue récente d’une armée israélienne – truffée de commandos – mais dans l’épreuve face au Hezbollah. Des Balkans à Mogadiscio, du 11e Choc à l’intervention du COS pour sauver le régime tchadien en 2008, une certitude, le récit de Merchet captive un lecteur qui n’a nul besoin d’être un « fanamili » pour se laisser mener sur les sentes d’une guerre le plus souvent secrète.
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